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La réunion du G20 les 26/27 juin 2010 à Toronto face à la crise de l'endettement des Etats : refonte du système économique international ou replâtrage ?
Publié dans Le Maghreb le 24 - 06 - 2010


Docteur Abderrahmane MEBTOUL (1)
Le G20 regroupant les pays les plus riches de la planète représentant 87% du PIB mondial, 60% de la population de la planète mais 10% seulement des Etats , se réunira à Toronto'(Canada) le 24 juin 2010 pour examiner les solutions face à la crise qui ébranle l'économie mondiale dans son ensemble. La dette fédérale souveraine des USA était de 12.311 milliards de dollars (Md de $) au 31-12-2009, soit 86 % du PIB , la dette de marché constituée de titres négociables et non-négociables étant de 7.811 Md de $, soit 54% du PIB. C'est souvent elle qui est utilisée pour calculer le poids dépenses publique en % de PIB, alors que la part de la dette couverte par les excédents des fonds sociaux (Funds et Trust funds américaines) était de 4.500 Md de $ soit 31 % du PIB.
Mal connue, cette partie de la dette souveraine étant souvent occultée, il s'ensuit que la dette des administrations étatiques et locales " (state and local governments) est de 2362 Md de $, soit 16 % et devrait être intégrée à la dette souveraine des USA car elle est un élément de l'endettement public du pays ". Et pour cet auteur de conclure : le chiffre de l'endettement public est donc de 14.673 soit 103 % du PIB. Toujours en termes de comparaison concernant la dépense publique selon que l'on externalise comme aux USA où l'épargne des ménages est relativement faible (dominance des assurances privées et retraites par capitalisation à travers les fonds de pension ) ou les internalise comme en France ( dominance du système de répartition) où l'épargne des ménages est relativement élevée donnant en termes de comparaison absolu des données presque similaires pour les transferts sociaux. Dans ce cadre, pour éviter cette confusion que face à une dette extérieure grecque de 300 milliards d'euros, mais inclus la dette interne des industries et des institutions publiques envers les banques privées de l´ordre de 200 milliards €, celle des ménages de 400 milliards €, nous aurons 900 milliards d'euros soit plus de 1100 milliards de dollars au cours de juin 2010 alors que le produit intérieur brut n'est que de 290 milliards de dollars. Face à cette situation d'endettement public et de faible croissance, certains à la différence des pays de l'Europe prix individuellement peuvent monétiser leur dette " faire tourner la planche à billets " surtout pour les USA du fait du dollar comme monnaie internationale représentant actuellement plus de 60% des transactions mondiales expliquant les réticences à réformer le système monétaire international. Alors que la BCE voit cette possibilité interdite par ses statuts, encore que la dernière réunion du 11 mai 2010 consacrée à la dette grecque permet à la BCE d'acheter la dette publique dans la zone euro, une initiative sans précédent qui marque un revirement de la stratégie de la Banque centrale européenne, jusqu'alors opposée à une telle mesure. Sur les 750 milliards d'euros du plan de soutien aux pays en difficultés, comme "mobilisables", c'est-à-dire n'existant pas encore, 60 milliards de prêts sont apportés par la Commission européenne, 440 milliards de prêts et garanties par les pays de la zone euro, le FMI pour un montant pouvant atteindre 250 milliards d'euros. Certes il faut relativiser car le produit intérieur global de l'Europe est de plus de 17.000 milliards de dollars moyenne 2009/2010 en 2010 contre 14.000 aux USA et qu'un taux de croissance se calcule à prix constants par rapport à la période antérieure. D'où d'éviter le mythe, du moins à court terme que la résolution de la crise mondiale proviendrait de la Chine, en néant conscient d'un bouleversement géostratégique horizon 2015/2020, des pays émergents (Brésil, Chine, Inde Russie ) qui ont misé sur la maitrise de la connaissance pilier du développement du XXIème siècle, avec une meilleure gouvernance, un PIB un peu supérieur à celui de l'Allemagne, certes avec un marché intérieur important mais un taux de croissance tiré par la dépense publique dépendante fortement pour ses exportations d' une reprise économique de l'Europe et des USA. Car, il y lieu a de ramener cela sur la population totale et sur du PIB global , le PIB pour la Grèce est sans commune mesure avec le poids de sa dette comparé à la France et surtout à l'Allemagne deux pays qui détiennent la plus grande part de la dette grecque d'où leur implication non désintéressée, et surtout de calculer l'indice de développement humain qui est plus significatif que le PIB.
2.2.- Face à cette situation quelles perspectives ?
Les Etats développés misent sur une forte croissance pour pouvoir réduire les déficits budgétaires et diminuer l'endettement public, mais si la croissance ne dépasse pas 1 à 2% par an sur les années à venir, comment rembourser la dette? Certes existant d'autres options pour réduire la dette publique comme la pression fiscale ; mais le risque est la récession à la lumière de l'expérience nipponne de 1996 et la réduction des dépenses publiques mais se heurtant aux mouvements sociaux. Alors certains évoquent le recours à l'inflation comme une solution, les différents Etats au cours de leur histoire ayant eu souvent eu recours à la dette pour faire face à de fortes dépenses, comme les guerres par exemple, mais après des périodes de fortes augmentations, la part de la dette dans le PIB a été rapidement réduite, principalement en raison d'une forte hausse de l'inflation qui réduit la valeur réelle de la dette publique. Selon l'INSEE, pour la France un point d'inflation en plus donne autant de recettes fiscales qu'un point de croissance supplémentaire et dans sa note de conjoncture de mai 2010 la Deutsche Bank note qu'une accélération de l'inflation de 2 à 8% entraînerait une baisse de 21% de la valeur de la dette publique mais avec le risque d'une hyperinflation compte d'une hausse inévitable du taux d'intérêt des nouvelles obligations. Mais l'inflation ne se décrète pas et est le produit de la régulation Or, à la différence de la période historique des Etats Nations, l'économie actuelle est globale et surtout l'introduction des pays émergents à très forte population comme la Chine, l'Inde, le Brésil dont le cout salarial est extrêmement bas , expliquant que les banques centrales ont beau injecter des centaines de milliards de liquidité contribuant certes à des bulles d'actifs détruisant ainsi la liquidité injectée mais ayant un impact limité sur le processus inflationniste. Dès lors, l'inflation afin de réduire l'endettement ne peut provenir que de la mise en place des taxes à l'importation expliquant les mesures récentes d'une taxe carbone, des droits et taxes des USA et de l'Europe vis à vis de la Chine afin de pousser ce pays à accepter de réévaluer sa monnaie . Cependant, la valeur du dollar actuellement est largement tributaire de la Chine, tout dépendant du maintien de la signature des Etats Unis et de sa capacité à refinancer ses déficits en recourant à l'endettement extérieur.
C'est que la résistance actuelle du dollar face à l'euro, mais surtout dans les années à venir (la situation actuelle étant conjoncturelle) est liée à la liquidation par les investisseurs américains de leurs positions sur les marchés financiers internationaux. Mais demain, tout dépendra de l'attitude de la Chine, premier créancier des Etats Unis. Devançant le Japon, la Chine, forte de réserves de change considérables de plus de 2.000 milliards de dollar est le premier créancier mondial des États-Unis. Selon la FED, au 1er mars 2009, elle détenait 712 milliards de dollars de bons du Trésor. Si la Chine suspend l'achat de bons du Trésor, la valeur de ses avoirs libellés en dollars baissera fortement affectant par ricochet sa situation économique, car toute récession américaine ne peut qu'entrainer une baisse des exportations chinoises d'où en termes géo stratégiques le futur duo à la fois solidaire et contradictoire Chine/USA horizon 20152020. Comme conséquence, si le scenario du repli sur soi se réalise, l'on pourrait assister à plus de croissance à court terme en termes d'Etats Nations pris individuellement plus d'inflation, permettant une dette publique maîtrisée mais durant une courte période avec le risque d'une implosion de l'endettement à moyen et long terme, la période pouvant être rallongée pour le cas de la Chine ou l'Inde du fait de l'importance de leur marché intérieur mais avec des pertes de gain de compétitivité.
Car, ces mesures protectionnistes et certaines dévaluations ou réévaluations par zones ( ne pouvant se faire que lorsque la monnaie est autonome -dollar, livre sterling, yen , Yuan- mais pas individuellement au niveau de chaque pays de la zone euro puisque la monnaie est commune expliquant le dilemme grecque) s'ils ont un impact également sur la relance de l'économie interne à chaque zone (re- localiser du travail quitte à ce que les produits soient plus chers), ne feront que diminuer la taux de croissance à l'échelle mondiale pénalisant d'ailleurs les pays pauvres et émergents à moyen terme . Par ailleurs, outre les tensions monétaires par zones géographiques homogènes, cela va à contrecourant des règles de l'organisation mondiale du commerce et de la mondialisation, ce qui ne va pas les dévaluations successives et l'hyperinflation allemande par exemple expliquant le traumatisme psychosociologique des dirigeants allemands misant sur la rigueur budgétaire, plus largement a été dévastateur pour l'économie mondiale dans son ensemble sans compter les risques sociaux et politiques à terme : les guerres ont été malheureusement utilisées comme solution aux crises d'endettement des Etats avec l'émergence de régimes nationalistes d'extrême droite fachistes.

Conclusion - pour la refonte du système économique mondial
Comme le note avec pertinence l'économiste Jean Marc Vittori dans le financier français, les Echos en date du 10 juin 2009, " il flotte comme un étrange parfum d'irréalité. Alors que le monde entier affronte une profonde récession après avoir encaissé un choc financier colossal, tout se passe comme si la page avait déjà été tournée. Même s'il serait plus agréable de proclamer que la crise est finie, force est de constater qu'elle ne fait que commencer. La dette fait des trous partout, dans les comptes des entreprises, des particuliers, des Etats. Nous nous comportons comme un malade qui sortirait de l'hôpital juste après avoir réchappé d'un infarctus, sans avoir changé ni son régime alimentaire ni son mode de vie, sans même avoir fait les examens nécessaires pour vérifier qu'il ne court plus de risque à court terme. Nous n'avons pas tiré les leçons de la crise.
Au risque de subir très vite un choc encore plus grand ". Contrairement aux discours, pour Günther Bräunig, membre du conseil de la Banque de reconstruction allemande (KfW), lors d'une conférence sur la finance à Francfort, le 06 juin 2009, et cela s'est accéléré durant tout le premier semestre 2010, les banques recommencent à nouveau offrir des titrisations, c'est-à-dire la vente d'obligations de crédit ou des risques qui leur sont liés, tout en faisant miroiter de fortes rémunérations, qui ne sont offertes que sur les marchés à très haut risquez , ce qui risquent d'accélérer le déclin de la sphère réelle , tout en poussant à des besoins énormes de financement.
Aussi, face à la fois à ce déséquilibre planétaire Nord/Sud préjudiciable à l'avenir de l'humanité, les dirigeants du Sud étant grandement responsable faute d'une bonne gouvernance dont une grande corruption et à cet endettement croissant se pose un véritable dilemme non résolu tant par la théorie que la politique économique : comment concilier un déficit budgétaire facteur de croissance et une rigueur budgétaire permettant de limiter l'inflation et éviter de freiner la croissance. Les politiques dans le cadre des Etats Nations en ce XXIème siècle s'avérant inefficaces, la solution la plus fiable est une nouvelle régulation institutionnelle supranationale de l'économie mondiale évitant les effets pervers du marché liant la dynamique économique et la dynamique sociale, la sphère réelle et financière afin de permettre un sacrifice partagé face aux ajustements sociaux nécessaires, condition d' un retour à la croissance mondiale mais nécessairement différent dans sa structure par rapport à l'ère de la matérialité du XXème siècle et tenant compte d'un nouveau modèle de consommation énergétique. Aussi s'agit -il de s'attaquer au fondement même du système économique mondial en évitant des replâtrages qui ne peuvent que conduire à différer la crise qui est une crise systémique.
Docteur Abderrahmane MEBTOUL Professeur d'Université en management stratégique -Algérie - [email protected]


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