Deux commerçants, B. M., 25 ans, et A. M., 43 ans, spécialisés dans la vente de plantes médicinales à Bordj Ghedir, à 25 km du chef-lieu de la wilaya de Bordj Bou Arréridj, ont été arrêtés la semaine passée pour trafic de médicaments contrefaits et escroquerie. Suite à des informations sur la vente de médicaments en cachette à des femmes qui veulent prendre du poids, les enquêteurs de la P.J. de la Sûreté de daïra de Bordj Ghedir ont réussi à mettre un terme à ce genre de trafic. Une quantité de médicaments de type « Dexaméthasone » a été saisie. Selon la cellule de communication de la Sûreté de wilaya, les 85 boîtes de ce médicament sont fabriquées en Inde et au Ghana. Dr Chettat, pharmacien à Bordj Bou Arréridj, nous a précisé qu'en Algérie, « la chaîne officielle, le ministère de la Santé, le Laboratoire national de contrôle de médicaments, les laboratoires de fabrication, les grossistes et les pharmacies sont les garants de la qualité et de l'innocuité des médicaments dans notre pays. Cependant, ces dernières années, on assiste, dans les souks et dans certains commerces à travers la région, à la vente illicite de médicaments de provenance douteuse, soit en contrefaçon, en contrebande ou sous forme de faux médicaments. Les vendeurs se placent dans les coins les plus reculés du souk ou du quartier pour proposer leurs produits et attirer plusieurs curieux et clients dont la majorité sont des personnes malades et qui souffrent d'un quelconque mal : rhumatisme, diabète, arthrite, rage de dents, otite, tension... Ces personnes n'hésitent pas à acheter les sachets et boîtes proposés. Ces marchands se prétendent guérisseurs. Ils proposent très discrètement à une certaine clientèle des remèdes tirés par les cheveux, des produits aphrodisiaques sous forme de petits flacons de récupération qui « possèdent des vertus efficaces » à des prix qui ne dépassent jamais la barre de 300 à 400 DA l'unité. Un spectacle affligeant et inacceptable pour notre pays attend le visiteur à Souk Boumezregue, dans la capitale des Bibans, où les insulines et les vaccins, les aérosols, les médicaments prescrits pour combattre les affections cardiologiques et asthmatiques côtoient des anti- biotiques, des collyres et des pommades, tous exposés au soleil et vendus à même le sol ou sur des tables de fortune à des prix défiant toute concurrence, au vu et au su de tout le monde. Ces « médicaments ne subissent aucun contrôle. Ce sont, en général, de faux médicaments, des médicaments non conformes et, au lieu d'êtres détruits, ils sont revendus dans les pays en voie de développement. « Les faux médicaments devraient être boudés », souhaite notre pharmacien. Les professionnels de la santé s'accordent sur le fait que ces médicaments mettent la vie d'innocentes personnes en danger, car ils peuvent contenir une quantité insuffisante, voire pas du tout de principe actif. Ils ne traitent pas la maladie, et pire, peuvent provoquer des maladies graves ou entraîner la mort. 700.000 personnes décèdent annuellement dans 90 pays à travers le monde. Tous sont des victimes de médicaments contrefaits, un trafic qui génère des profits considérables estimés à près de 40 milliards de dollars aux groupes mafieux qui sont derrière ce commerce aux effets dévastateurs et dont souffrent en grande partie les pays en voie de développement dont l'Afrique. Le trafic des faux médicaments ou contrefaits, n'est pas à proprement parler un problème qui touche les seuls pays en développement. C'est un problème qui menace tous les pays de la planète, les pays pauvres comme les pays riches.