Il a failli de peu pour que les installations de production du complexe sidérurgique ArcelorMittal El-Hadjar soient totalement paralysées pour plusieurs jours. Pris d'une colère subite à la suite de ce qu'ils ont estimé être un rejet tacite par la direction générale de leur demande d'octroi d'une prime spécifique à leur poste de travail, une quarantaine de travailleurs du Haut Fourneau (HF2), ont débrayé dans la soirée du mercredi. Leur mouvement s'est poursuivi avant-hier à 6h pour le HF et 10h pour toute la zone fonte. Bien qu'il n'ait pas eu un grand impact sur les installations, le débrayage n'en a pas moins entraîné une forte perturbation sur toute la chaîne de production de l'acier, la zone fonte notamment. Celle-ci tournait au ralenti à la suite d'une rupture de stock de minerai de fer, matière première indispensable au HF, pièce maîtresse de tout le complexe. Un déraillement de train intervenu il y a une dizaine de jours sur le tronçon Bouchegouf-Dréan est à l'origine de la dégradation de la voie ferrée. Elle était quotidiennement empruntée par les wagons pour la livraison de 3 000 tonnes/jour de minerai en provenance des mines d'Ouenza et Boukhadra (Tébessa); cet incident semble avoir profité la quarantaine de frondeurs pour tenter d'imposer leur seule et unique revendication. La direction générale ArcelorMittal Annaba a rapidement réagi. Estimant illégale la grève, elle a saisi jeudi d'une plainte en référé le tribunal El Hadjar qui, le même jour, a ordonné la reprise de travail. Une réaction du côté du conseil syndical au complexe sidérurgique a eu également. Présidé par Smaïl Kouadria, il a invité les frondeurs à mettre fin à leur mouvement. Le même conseil s'est parallèlement, engagé à entamer des négociations avec l'employeur pour la satisfaction de la seule revendication qu'ils ont émise. Même si, ça et là, l'on a tenté de l'amplifier, cette grève n'en était pas une. Certes, l'ensemble des installations ont été quelque peu perturbées mais ce débrayage n'a pas eu de réel impact sur l'environnement direct et indirect sur les installations de production au complexe sidérurgique El Hadjar. Outre le fait qu'elles tournaient au ralenti faute de matière première, il y a aussi un engagement moral des travailleurs. Il consiste en un défi qu'ils ont relevé depuis le 11 avril 2011 d'atteindre les 3 000 tonnes/jour de fonte. C'était au lendemain des réparations majeures effectuées sur le HF2 avec pour objectif d'augmenter la capacité de production du HF2, soit 600 tonnes/jour de plus que celle enregistrée au 30 mars 2011 date de l'arrêt annuel du HF2 et début des travaux de réparation. Un défi largement à la portée des frondeurs au regard des changements opérés tels que celui du gueulard, des 13 boîtes de refroidissement et du gunitage de la cuve. Pour cette opération, la DG a investi 10 millions de dollars. «Nous avons discuté avec les frondeurs sur la revendication de la prime spécifique que nous considérons légitime. Nous avons attiré leur attention sur l'illégalité de leur mouvement et après des négociations, leur avons demandé de reprendre leur poste de travail et lancé la production de la fonte. C'est ce qu'ils ont fait depuis ce matin à 6h» a affirmé Smaïl Kouadria. Cependant, ce débrayage doit être pris très au sérieux par l'employeur pour éviter un remake. La revendication de la prime de manipulation avancée par les travailleurs du HF2 doit être sérieusement étudiée. L'effet d'enchaînement que le mouvement du 9 novembre a généré avec la mise à l'arrêt de toutes les installations de production, même si celles-ci tournaient au ralenti doit donner à réfléchir à l'employeur.