Dieu le Très Haut a rappelé aux musulmans dans un verset la nécessité obligatoire d'enquêter au sujet de n'importe quelle information avant de juger ou de prendre une décision erronée : «Ô vous qui avez cru ! Si un pervers vous apporte une nouvelle, voyez bien clair de crainte que par inadvertance vous ne portiez atteinte à des gens et que vous ne regrettiez par la suite ce que vous avez fait.» (Coran, sourate 26, verset 6, traduction du professeur Mouhamed Hamidallah, Dar Manar, Beyrouth, 2007.) Cette exégèse de Abdullah Ibn El Abbas a été rapportée par ses disciples Mudjahed et Qatada. Tous les exégètes musulmans depuis le plus ancien Tabari jusqu'à aujourd'hui sont d'accord sur les causes de la révélation de ce verset. Ce verset vise personnellement un compagnon, El Walid Ibn Oukba, qui a menti au Prophète (que la paix de Dieu soit sur lui) à propos d'une tribu (Bannu Elmoustaleq) où il l'avait envoyé afin de collecter la dîme (la zakat). Dieu a appelé El Walid Ibn Oukba, un compagnon, par le mot «pervers = fasiq». Nous, musulmans d'aujourd'hui, nous n'allons pas quand même reprocher à Dieu d'avoir appelé un compagnon un fasiq ? La logique des musulmans d'aujourd'hui qui, conditionnés par l'expérience de Pavlov, dès qu'on cite le mot compagnon, font une véritable levée de boucliers, alors que Dieu Lui-Même a appelé un compagnon un pervers par révélation directe. Celui qui regarde le Coran avec les yeux d'un vivant et pas les yeux d'un mort ou d'un hystérique émotif s'apercevra que Dieu a fait beaucoup de reproches aux compagnons au moment de la révélation. Dans les appels de Dieu dans la formule «Ô vous qui avez cru» qui est très récurrente, nous allons citer deux situations pour prouver cela. La première situation est celle-ci : «Ô vous qui avez cru ! Pourquoi dites-vous ce que vous ne faites pas ? C'est une grande abomination auprès d'Allah de dire ce que vous ne faites pas.» Sourate Le Rang, verset 2 et 3. La seconde est : «Ô vous qui avez cru ! Ne prenez pas pour alliés Mon ennemi et le vôtre, leur offrant l'amitié, alors qu'ils ont nié ce qui vous est parvenu de la vérité. Ils expulsent le Messager et vous-mêmes parce que vous croyez en Allah, votre Seigneur.» ‘Sourate 60, verset 1). Tous ces versets sont destinés aux compagnons, pas aux infidèles, parce que Dieu dit : «Ô vous qui avez cru». L'histoire de l'Islam juste après le Prophète (SAAS) n'est pas sacrée, et les compagnons ne sont ni infaillibles, ni des dieux, ni des divinités que nous devons adorer. Le seul infaillible est le Prophète (SAAS) et cela nous a été confirmé par la Révélation : «Par l'étoile à son déclin ! Votre compagnon ne s'est pas égaré et n'a pas été induit en erreur et il ne prononce rien sous l'effet de la passion ; ce n'est rien d'autre qu'une révélation inspirée.» Sourate l'Etoile, verset 1, 2, 3 et 4. Ni Abou Bakr, ni Omar, ni Uthman, ni Ali, ni tous les autres compagnons ne sont immaculés. Ils ne sont que des hommes comme nous. Les musulmans aujourd'hui sont divisés en sunnites et en chiites. Or, ni Dieu, ni le Prophète (SAAS) ne nous ont appelés comme cela ni dans le Coran ni dans la tradition prophétique authentique vérifiée. Dieu et son Prophète (SAAS) nous ont appelés musulmans et croyants. Les sunnites (sunna de Muawiya et Amr Ibn Aas et ceux qui sont venus après) ont divinisé près de 120 000 compagnons (nombre de compagnons à la mort du Prophète (SAAS). Les chiites ont divinisé soit 12 imams (les duodécimains) soit 7 imams (les septimains) sans parler des autres sectes chiites. Et dans tout cela, c'est l'Islam qui est déstabilisé et affaibli. Aujourd'hui, il est très difficile de parler sans passion de cette période historique de l'Islam. Les gardiens du temple orthodoxe ont verrouillé les esprits et ont défendu la discussion autour de ce sujet en le déclarant sacré et immuable. Même le dernier des hurluberlus qui ne sait ni lire ni écrire fait partie des gardiens du temple. Si cette période de l'Islam matinal a été écrite dans les temps par des historiens professionnels comme El Yakoubi, El Waqidi, Ibn Mouzahem, Ibn Saad, Tabari, Ibn Athir, El Massoudi, Ibn Miskawaih et Ibn Khaldoun, aujourd'hui, ce ne sont pas les historiens qui s'en occupent mais les théologiens jurisconsultes qui ont fermé le champ de la recherche historique en affirmant définitivement la sacralisation de l'histoire de cette époque. Pour le chercheur, c'est un champ miné qui n'attire que les ennuis et tous les coups. Or, l'histoire n'est pas un objet juridique. Il n'appartient ni à la théologie ni à la jurisprudence ni au politique de définir la vérité historique. Ce ne sont pas El Azhar ou les instituts religieux wahhabites ou chiites qui prescrivent des méthodes, posent des limites, fixent des objectifs à l'historien ou au chercheur arabo-musulman sous peine de sanctions ou d'excommunication. Tous ces historiens ont apporté des faits historiques de la guerre de Siffin qui a eu lieu entre l'Irak et la Syrie en 37 H et qui a opposé le Commandeur des croyants Ali et Muawiya ainsi que Amr Ibn Aas, sa matière grise. Ont pris part à cette guerre aux côtés de Ali plus de 70 compagnons du Prophète (SAAS) de la bataille de Badr parmi lesquels il y avait Amar Ibn Yasser, Abou Ayoub El Ansari, Hudjr Ibn Addi, Addi Ibn Hatem, Abou El Haïthem Ibn Ettayihani, Qhouzaïma Ibn El Harith (que le Prophète avait appelé Dhou Echahadataïni), Sahl Ibn Hounaïf et son frère Uthman et beaucoup d'autres. Cette guerre a duré 110 jours et a fait 70 000 morts, 25 000 du côté d'Ali et 45 000 du côté de Muawiya et Amr. Dieu a dit dans le Coran : «Et si deux groupes de croyants se combattent, faites la conciliation entre eux. Si l'un deux se rebelle contre l'autre, combattez le groupe qui se rebelle jusqu'à ce qu'il se conforme à l'ordre d'Allah. Puis, s'il s'y conforme, réconciliez-les avec justice et soyez équitables car Allah aime les équitables.» (Sourate 26, verset 9). Les musulmans parmi les Mouhadjirine et les Ançar ont choisi et fait acte d'allégeance à Ali. Seul Muawiya qui était Wali du Cham a refusé ainsi que sa tribu les Bannu Ummayia dont El Walid Ibn Oukba que Dieu a appelé fassiq, à faire acte d'allégeance. En plus de cela, il a préparé la guerre depuis longtemps et a attendu le moment propice pour la déclarer contre le Commandeur des croyants, Ali Ben Abi Taleb. Celui-ci a envoyé plusieurs missives avec des émissaires pour appeler Muawiya qui a été rejoint par Amr Ibn Aas, à l'obéissance. Muawiya et Amr ont livré une guerre féroce contre Ali. Mais celui qui est bien visé, c'est le Prophète (SAAS). Muawiya et Amr sont les enfants des notables de Quraïch qui ont sévi contre le Prophète (SAAS). Le Prophète (SAAS) grâce à Dieu, a battu leurs parents infidèles. Les enfants ont voulu se venger sur le Prophète (SAAS) à travers Ali et sa famille, autrement dit la famille du Prophète (SAAS), et ont réussi à rendre l'Etat qu'avait construit le Prophète (SAAS) en un grand bien privé. Ils ont institué la monarchie absolue héréditaire pour la première fois en Islam qui s'est basée pour durer sur la terreur, le crime, le vol, la tyrannie, la débauche et la corruption sur terre. (A suivre)