Exprimant vendredi dernier sa disposition à aider la Ligue arabe à résoudre la crise syrienne, le secrétaire général de l'ONU ouvre la voie du début de l'internationalisation de la crise après les propos tenus par le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé proposant l'ouverture de corridors au profit d'actions humanitaires en Syrie. Les propos tenus par Ban Ki-moon et ceux précités émis par le chef de la diplomatie française au cours d'une conférence de presse qu'il a animée conjointement avec le président du Conseil national syrien (CNS) à Paris, n'ont pas été un simple fait de hasard. Ces déclarations coïncidant avec la tenue des travaux de la Ligue arabe sur la crise syrienne aboutissant à la réunion, hier, au Caire, du Conseil économique et social de l'organisation de Nabil El-Arabi pour l'imposition de sanctions économiques contre la Syrie. La tenue, aujourd'hui, de la réunion des ministres arabes des Affaires étrangères dans la capitale égyptienne semble de se diriger droit vers un appel en direction du Conseil de sécurité pour jouer un rôle. Il est à noter que la Syrie a continué à traiter avec la Ligue arabe, même après sa suspension de l'organisation de Nabil El Arabi. Ceci s'illustre par le processus des échanges entre la Ligue arabe et Damas sur le protocole relatif à l'envoi des observateurs arabes en Syrie. Même si la mission des observateurs a reçu l'accord du gouvernement syrien, ce dernier, soucieux de la souveraineté de la Syrie refuse que des services de sécurité étrangers au pays accompagnent les observateurs. Par ailleurs, le mouvement de contestation en Syrie tout en maintenant sa mobilisation pacifique continue d'être victime de la violence qui sévit dans le pays. La Syrie compte ses morts, qu'il s'agisse de victimes civils ou de membres des services de sécurité. Une situation qui peine à connaître un apaisement pour de multiples facteurs, d'ordre interne et externe à la Syrie sur fond de sa position géo-politique et son opposition à la stratégie américaine dans la région du Moyen-Orient. Le conseil national syrien, à propos du quel le chef de la diplomatie française a indiqué qu'il est «le seul représentant légitime du peuple syrien» verra dans les prochains jours, cette même déclaration émise par d'autres capitales occidentales et certaines arabes pour ne citer que Qatar et les Emirats arabes unis. Une entreprise qui dans sa traduction conduira l'application effective de l'instauration de corridors et de zone or du contrôle de Damas, dont Ankara est appelé à réaliser cette voie sur des frontières avec la Syrie. Une démarche qui, si elle arrive à se traduire, inscrira la crise syrienne et son traitement par la communauté internationale dans une longue durée non loin des autres dossiers liés à cette région du monde. La Russie et la Chine et d'autres pays asiatiques groupés dans ce qu'on nomme les pays refusent toute sanction nouvelle contre Damas et avertissent quant à leurs conséquences néfastes sur l'ensemble du peuple syrien. Ce qui a été par ailleurs aussi relevé par bon nombre d'observateurs et experts, et dont les sanctions économiques exercées contre l'Irak dès 1991, ont causé des dizaines de milliers de victimes irakiennes, dont des enfants. Du côté de Washington, après les propos tenus par Hillary Clinton invitant les groupes armés «à ne pas déposer les armes» au moment où la Ligue arabe a élaboré sa feuille de route en direction de la crise syrienne dont le point lié «à la cessation de la violence» renseigne on ne peut mieux sur la non-considération par la Maison-Blanche du rôle arabe. Le rôle de l'organisation de Nabil El Arabi s'inscrit en droite ligne avec son approche en direction de la scène arabe, à l'exemple de la crise libyenne aboutissant à la résolution onusienne 1973. Par ailleurs, le Liban qui subit directement l'impact de la crise syrienne au vu des tensions politico-médiatiques marquant la scène libanaise a d'ores et déjà annoncé la non-application des sanctions contre Damas adoptées par l'organisation arabe. Si la scène arabe est secouée par ce qu'on appelle les «révolutions de couleur», celles-ci portent de réels enjeux sur la pérennité de l'avenir des pays arabes au vu de la crise du système politico-économique qui secoue les pays riches. Ce qui illustre les efforts consentis jusque-là par des pays occidentaux et certains pays arabes à aller vers l'internationalisation de la crise syrienne, une voie porteuse de scénarios chaotiques pour l'ensemble de la région…