Aung San Suu Kyi et Hillary Clinton ont posé longuement ensemble vendredi en s'engageant à œuvrer pour l'avènement de réformes démocratiques en Birmanie. La lauréate du prix Nobel de la paix a estimé que la visite de la secrétaire d'Etat américaine représentait «un moment historique» pour leurs deux pays. Les deux femmes, qui comptent parmi les plus connues au monde, se sont serré la main et étreintes sous le porche de la villa de Mme Suu Kyi, où l'opposante historique et fondatrice de la Ligue nationale pour la démocratie (LND) a passé de longues années assignée à résidence par la junte militaire au pouvoir depuis les années 1960 jusqu'à la mise en place d'un gouvernement civil cette année. Elles avaient dîné ensemble jeudi soir. La visite de trois jours d'Hillary Clinton, qui s'achevait vendredi, était la première d'un chef de la diplomatie américaine dans ce pays très fermé depuis plus de 50 ans. Aung San Suu Kyi a remercié Mme Clinton et le président américain Barack Obama des gestes «prudents et mesurés» accomplis récemment par les Etats-Unis pour améliorer leurs relations avec la Birmanie. «Si nous avançons ensemble, je suis sûre qu'il n'y aura pas de demi-tour sur le chemin de la démocratie», a déclaré l'opposante birmane, faisant référence à la LND, au gouvernement, aux Etats-Unis et à d'autres pays, notamment la Chine. «Nous ne sommes pas encore sur ce chemin, mais nous espérons le prendre aussitôt que possible avec l'aide et la compréhension de nos amis», a-t-elle ajouté. Elle a appelé à la libération de tous les prisonniers politiques et à la fin des conflits ethniques. «Nous sommes satisfaits de la manière avec laquelle les Etats-Unis s'engagent à nos côtés», a-t-elle ajouté. «C'est par l'engagement que nous espérons promouvoir le processus de démocratisation.» Comme elle l'avait fait jeudi dans la capitale, Naypyidaw, Hillary Clinton a affirmé que les Etats-Unis étaient prêts à apporter une aide importante, mais seulement si le gouvernement libère tous les prisonniers politiques, met fin aux campagnes de répression brutale des minorités ethniques, respecte la loi et améliore la situation des droits de l'Homme. «Nous sommes prêts à aller plus loin si l'élan des réformes est maintenu. Mais l'histoire nous a appris la prudence. Nous savons qu'il y a eu de graves revers et des déceptions durant les décennies passées», a souligné Hillary Clinton. Elle a annoncé que les Etats-Unis consacreraient environ 1,2 million de dollars (900 000 euros) à des projets préliminaires destinés à l'aide à la population birmane. L'argent devrait être affecté au micro-crédit ainsi qu'à des initiatives concernant les soins de santé et les victimes des mines anti-personnel, particulièrement dans les zones rurales. La LND a remporté les élections en 1990, mais la junte militaire au pouvoir à l'époque avait invalidé les résultats. Le parti d'Aung San Suu Kyi prévoit maintenant de se présenter lors d'élections législatives qui doivent avoir lieu prochainement. Jeudi soir, les deux femmes avaient déjà passé trois heures ensemble, lors d'un dîner en tête en tête à Rangoon, selon des responsables américains. D'après un haut responsable américain, ce dîner a marqué le début de ce qui semble être une «amitié très chaleureuse» entre l'ex-«First Lady» et Aung San Suu Kyi, qui envisage de revenir dans l'arène politique lors des élections législatives à venir. Mme Clinton a rendu hommage jeudi à Aung San Suu Kyi en déclarant que toutes ses années de combat politique étaient un modèle et une source d'inspiration. «Nous avons été inspirées par son courage face aux intimidations et par sa sérénité pendant des décennies d'isolement, mais surtout par son dévouement à son pays, à la liberté et à la dignité de ses concitoyensé, a déclaré Hillary Clinton à la presse après sa rencontre avec la lauréate du prix Nobel de la paix 1991. La secrétaire d'Etat américaine a assuré qu'Aung San Suu Kyi ferait un «excellent membre» du Parlement birman.