La dominance de la mentalité spéculative a un effet négatif sur le développement, dans la mesure où pour tout développement fiable, le capital argent doit se transformer en capital productif. Analyse. La suprématie de la sphère financière spéculative sur la sphère réelle et les distorsions entre les profits spéculatifs en hausse et ceux issus de la sphère réelle expliquent l'essence de cette crise. Afin de protéger la banque des activités spéculatives, certains experts préconisent de séparer les banques de dépôt des banques d'investissement. Les banques seraient autorisées à user de l'épargne qu'elles ont en dépôt pour prêter aux ménages, aux entreprises et à d'autres banques, mais ne devraient plus être autorisées à acheter des titres comme les actions ou les produits financiers titrisés. «Dans la zone euro, au total, en trente ans, ce sont quelque 150% du PIB de l'ensemble qui sont partis vers les marchés financiers au lieu d'aller aux salariés, et donc aussi à l'Etat, par l'intermédiaire de la TVA». Les dettes de l'Europe et des USA, presque la moitié du PIB mondial C'est dans ce cadre qu'il y a lieu globalement de repenser l'essence de la crise mondiale actuelle afin d'éviter du replâtrage. L'essence de la crise a des similitudes avec celle de 1929. Même tendance protectionniste néfaste à terme. Certes, la situation est différente, avec l'interdépendance des économies (mondialisation) et l'apparition de nouveaux acteurs (pays émergents, d'où le passage du G7 au G20). La dette publique US dépasse les 14 251 milliards de dollars, soit 97% du PIB, évalué à environ 14 624 milliards de dollars. La dette de l'ensemble de la Communauté économique européenne des 27, première zone économique mondiale pour une population de 500 millions d'habitants selon Eurostat, atteint 12 885 milliards de dollars et représente 80% de son PIB. Au final, les dettes publiques des USA et de l'Europe représentent 43,83% du PIB mondial. Le cas de la Grèce, qui ne représente que 2% du PIB européen, dont la dette est évaluée à environ 350 milliards d'euros, est donc un épiphénomène du fait de la faiblesse de son PIB. L'aide non désintéressée de la Chine Bref, les poids des dettes publiques américaines et européennes traduisent les inégalités à l'origine de cette crise. Ces deux ensembles, totalisant 880 millions d'habitants, soit 12,57% de la population mondiale, concentrent 30 724 milliards de dollars de PIB, soit 49,63% de la richesse mondiale. La Chine, avec 1,3 milliard d'habitant et un PIB qui ne dépasse pas 6 000 milliards de dollars, soit 18,57% de la population mondiale et un ratio très faible de 9,52% du PIB mondial, tire sa croissance des exportations vers l'Europe en premier lieu, et des USA en second lieu. Cela explique sa stratégie d'aide non désintéressée pour aider ces deux zones à reprendre de la croissance. Pour l'heure, les salariés américains et européens semblent payer le plein pot puisque, comme le montre une récente étude de l'OCDE, la part des salaires, qui représentait 67% du PIB en moyenne en 1982, ne représente plus que 57%. En Algérie, soit dit en passant, cette part était inférieure à 20% entre 2010 et 2011. Importante baisse de la part des salaires dans le PIB Selon Patrick Artus, directeur des études de Natixis, «dans la zone euro, au total, en trente ans, ce sont quelque 150% du PIB de l'ensemble qui sont partis vers les marchés financiers au lieu d'aller aux salariés, et donc aussi à l'Etat, par l'intermédiaire de la TVA, alors que la fortune cumulée des 0,2% les plus riches de la planète est estimée à 39 000 milliards. Cet argent a-t-il profité à la recherche ou à l'investissement ? Non». Aussi existe-t-il un déphasage entre la dynamique économique et la dynamique sociale, comme le montrent les derniers événements mondiaux de protestation contre l'actuel système financier. Certes, il ne faut pas avoir une vision utopique, le système financier est nécessaire, comparable au sang humain, afin d'éviter la paralysie de la machine économique, mais il doit être au service de l'économie réelle. La monnaie, dont les réserves de change, qui ne sont pas un signe de développement, n'est qu'un signe qui doit accompagner la production et non la dominer. Pire que 1929 Les fondateurs de la science économique, disons l'économie politique, Smith, Ricardo, Karl Marx, et plus près de nous Schumpeter et Keynes, ont expliqué la «valeur», comment extraire la plus-value à partir du travail, condition sine qua non de la richesse des nations. Actuellement, il existe une crise de la théorie économique qui influe sur les politiques économiques, les politiques étant tétanisées face à l'ampleur de la crise mondiale, n'ayant plus de référence, expliquant les tâtonnements et l'absence de vision stratégique en ce monde turbulent en perpétuel mouvement. Le risque d'insolvabilité américain, combiné avec l'actuelle crise européenne, serait catastrophique pour l'économie mondiale, entraînant une récession généralisée pire que celles d'octobre 1929 et de 2008, du fait des interdépendances des économies. La reprise économique mondiale en cours étant encore fragile, on ne peut pas exclure l'hypothèse d'une rechute dans les prochaines années, s'il advenait que la dépense publique se ralentissait et que la croissance n'était pas relancée par l'entreprise privée. Je ne saurais trop insister sur les relations dialectiques entre la morale (l'éthique) et le développement, souvent négligées par les économistes, expliquant largement d'ailleurs les révoltes sociales récentes tant dans le monde arabe que dans les pays développés.