Au moins 60 000 commis de l'Etat dont 16 000 élus des collectivités locales sont concernés par la déclaration de leurs biens à l'Organe national de prévention et de lutte contre la corruption créé en 2006 et décidée par le président de la République lors de l'ouverture de l'année judiciaire 2004-2005. Sans pour autant préciser le nombre des déclarations déposées à ce jour, le président de cette institution, Brahim Bouzeboudjen, a insisté, lors de son intervention à la conférence nationale de lutte contre la corruption tenue hier à Alger à l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre ce phénomène, sur la nécessité de déposer ces déclarations, partie essentielle des prérogatives de son institution. Selon des sources proches du dossier, cette procédure, devant, entre autres, prévenir la corruption, ne semble pas trop intéresser les agents de l'Etat et on enregistre un minimum de déclarations. Tout en expliquant les missions de son organisation essentiellement de sensibilisation contre le phénomène de la corruption, M. Bouzeboudjen a expliqué que la mission d'enquêter ne figure pas dans la liste de ses missions et que cela relevait uniquement des services de la police judiciaire qui communiquent en permanence leurs statistiques. La création, avant-hier, par un décret présidentiel de l'Office central de lutte contre la corruption permettra donc de passer de la phase de l'observation, de l'analyse et de la sensibilisation du phénomène à celle d'enquêtes approfondies et mesures répressives. Le même responsable a indiqué, par ailleurs, que la corruption est un fléau aux proportions alarmantes qui affecte certains secteurs d'activités, notamment en matière de marchés publics, les services des douanes, des impôts et les administrations. En termes de chiffres, la sous-direction des affaires économiques et financières a exposé le bilan des trois dernières années : 150 affaires et 510 arrestations enregistrées de janvier à octobre 2011 dont 44 affaires de corruption, 150 affaires de soustraction, dissipation et usage illicite des biens publics, sept affaires de soustraction de biens dans le secteur privé, 13 affaires de négligence ayant entraîné la perte de deniers publics, 48 affaires liées aux marchés publics et 17 autres d'abus de fonction. Il s'agit, selon la même source, d'une baisse notable par rapport à l'année 2010 où ses services ont traité 406 affaires impliquant 1 557 personnes contre 334 affaires impliquant 1 553 personnes en 2011. Le recul est expliqué par des analystes, par, entre autres, les augmentations des salaires décidées au cours de cette période. Autrement dit, le phénomène de la corruption est aussi le fruit des revenus insuffisants pour certains s'il n'est pas carrément un vice pour d'autres. Pour le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Belaïz, intervenant hier à l'ouverture des travaux de la conférence nationale sur le corruption, l'Etat a pris depuis déjà des années des mesures préventives et répressives contre cette forme de délinquance et exprimé à maintes reprises une volonté politique de prévention et de lutte contre ce fléau par la mise en œuvre de textes de loi adéquats, la participation à la mise sur pied de l'Association internationale des institutions chargées de la lutte contre la corruption, la ratification de la Convention de l'Union africaine de lutte contre la corruption et la Convention arabe de lutte contre la corruption, ainsi que par la signature de 37 conventions bilatérales de coopération judiciaire concernant le domaine pénal et l'extradition des criminels. Le ministre a affirmé que l'une des premières conditions de réussir la lutte contre la corruption est l'indépendance, la spécialisation et la compétence de la justice.