En nous en tenant aux pays en voie de développement, après des poids lourds du continent Afrique, le Nigeria et l'Afrique du Sud, ou des petits pays comme le Tchad, le Niger ou le Togo, la majorité des pays arabes pétroliers, sans compter la majorité des pays de l'Amérique du Sud dont le Brésil et le Venezuela, l'Asie avec l'Inde, l'Indonésie et la Chine, cette dernière ayant adhéré à l'OMC en 2001, voilà un autre fondateur du communisme qui adhère à l'OMC, la Russie, une adhésion approuvée le 15 décembre 2011 par le groupe de travail ad hoc de l'OMC. La communauté internationale a qualifié l'adhésion de la Russie à l'OMC comme étant «un résultat histori- que», la Douma devant ratifier cette adhésion début janvier 2012. Pour accéder à l'OMC, la Russie a conclu 30 accords bilatéraux pour l'accès aux marchés des services, et 57 pour l'accès des biens.Concernant l'aspect multilatéral, Moscou a accepté d'abaisser le seuil de ses tarifs à 7,3%, contre 10% actuellement. La Russie a aussi accepté de limiter ses subventions agricoles à 9 milliards de dollars en 2012, et de les réduire progressivement à 4,4 milliards d'ici à 2018. Sur le plan des télécoms, la Russie a accepté que le seuil de 49% maximum de capitaux étrangers soit supprimé 4 ans après son accession à l'OMC. Sur le plan bancaire, les banques étrangères pourront librement ouvrir des filiales en Russie, mais ne pourront pas représenter plus de 50% du système bancaire suisse. Par ailleurs, à partir du jour de l'accession, les importations d'alcool, et de produits pharmaceutiques ne seront plus soumises à des licences d'importation. La Russie s'est aussi engagée à pratiquer des tarifs commerciaux «normaux», pour le gaz naturel. En effet, les 153 membres de l'Organisation mondiale du commerce accueillent la Russie au sein de l'Organisation après 18 ans de négociations. Jusqu‘à maintenant, la Russie était la seule nation non membre de l'OMC à participer au G20 des économies les plus puissantes du monde. D'autres pays issus de l'ancienne URSS sont en train de négocier leur adhésion à l'OMC, comme l'Ouzbékistan (depuis 1994), l'accession de la Russie devrait accélérer le processus. Pour les responsables russes, notamment pour le négociateur en chef russe, M. Maxim Medvedkovo, concernant la crise actuelle et la mondialisation, il vaut mieux essayer de changer les institutions financières et économiques mondiales de l'intérieur, plutôt que d‘être mis de côté. Rappelons que la Russie a exporté plus de 400 milliards de dollars - 320 milliards d'euros - de biens en 2010. 70% de cette somme était représenté par des minéraux (pétrole, gaz, minerais), 13% par des métaux et pierres précieuses et un peu plus de 6%par des exportations de produits chimiques. Toujours selon les autorités russes, devenir membre de l'OMC signifie pour les Russes qu'ils pourront bientôt acheter des machines-outils et les biens durables qu'ils importent à des prix bien moins élevés qu'auparavant. 45% des importations russes sont des machines et des biens durables. L'adhésion de la Russie à l'OMC va lui permettre d'exporter plus de produits qu'avant. Son industrie sidérurgique notamment ne sera plus sujette aux quotas imposés aux exportateurs non membres de l'OMC. De plus, les barrières douanières vont disparaître sur 700 catégories de produits, ce qui va faire baisser les taxes à l'importation de 10 à 7%. Quant à l'Algérie, elle négocie son adhésion à l'organisation depuis 1987, c'est-à-dire depuis bientôt 25 ans, étant un des pays qui atteint le record mondial. Le ministre algérien du Commerce vient d'affirmer en ce mois de décembre 2011 que l'Algérie serait membre de l'OMC pour 2012. Le directeur général adjoint de l'OMC, Alejandro Jara, lors d'une récente visite début juin 2011, a insisté sur le fait que l'Algérie devrait redoubler d'efforts pour son accession à cette organisation afin de ne pas rester en marge des mutations mondiales lors d'une séance de travail à l'APN, en présence de son président, de ministres et de responsables de la Banque d'Algérie. Cela veut dire en langage diplomatique qu'il faut changer de politique économique. L'Algérie a déjà participé à 10 rounds de négociations et répondu à 1 640 questions. Mais sur les 96 autres questions restantes, 13 stratégiques et les plus importantes demandées par les piliers de l'OMC, à savoir l'Union européenne et les Etats-Unis d'Amérique, restent en suspens. Les accords avec l'OMC, qui s'inscrivent dans un espace mondial concernant uniquement le volet économique, reprennent les grandes lignes de l'Accord qui lie l'Algérie depuis le 1er septembre 2005 à l'Europe, ancré dans le processus de Barcelone, qui s'inscrit dans un espace régional mais en incluant des volets politiques et culturels. Ces accords ont des incidences stratégiques sur le devenir tant de l'économie que de la société algérienne : interdiction du recours à la «dualité des prix» pour les ressources naturelles ; élimination générale des restrictions quantitatives au commerce (à l'import et à l'export) ; normes de qualité pour protéger la santé tant des hommes que des animaux (règles sanitaires et phytosanitaires); obligation d'observer les règles de protection de l'environnement dans l'usage de l'énergie pétrolière, les accords environnementaux conçus, certes, en dehors de l'OMC, ont été intégrés dans les préoccupations de l'OMC lorsque cet aspect nuit au bon développement du commerce ; mesures concernant la liberté des mouvements de capitaux (transfert de profits); la propriété intellectuelle dont la protection est une condition essentielle afin de lutter contre le piratage et donc, l'intégration de la sphère informelle dominante intimement liée à la logique rentière en Algérie qui contrôle 40% de la masse monétaire en circulation et plus de 65% des segments de produits de première nécessité au niveau du marché intérieur. D'une manière générale, l'adhésion de l'Algérie à l'OMC lui imposera l'ouverture des frontières et la spécialisation accrue suscitée par la mondialisation. Il s'ensuit que l'Algérie devra procéder au démantèlement des droits de douane et taxes pour les produits industriels et manufacturés sur une période de transition. Tous les monopoles d'Etat devront être ajustés progressivement de manière à ce qu'il n'existe plus de discrimination en ce qui concerne les conditions d'approvisionnement et de commercialisation des marchandises entre les ressortissants des Etats membres. Ces accords devraient donc faire passer les industries algériennes du statut d'industries protégées à des industries totalement ouvertes à la concurrence internationale. (Suivra)