L'Organisation mondiale du commerce (OMC) a avalisé mardi l' adhésion de l'Ukraine , qui en attend d'importantes retombées économiques et compte l'utiliser comme un sésame pour un accord de libre-échange avec l'Union européenne. L'accord négocié entre l'Ukraine et les 151 pays membres de l'OMC depuis 1993 a été signé mardi à Genève par le président ukrainien Viktor Iouchtchenko et le directeur général de l'OMC Pascal Lamy. La négociation, "longue et ardue" de l'aveu même d'un représentant de l'OMC, a abouti à abaisser et à fixer dans le marbre les droits de douane de l'Ukraine sur ses importations de services et de biens industriels. En outre, le montant des soutiens autorisés à l'agriculture a été défini. L'entrée dans l'enceinte du commerce mondial permettra "une augmentation de 1,7% de notre produit intérieur brut", a prédit le président ukrainien. L'adhésion à l'OMC "va augmenter de 3,5 milliards de dollars les investissements étrangers directs et de 4 milliards le volume des exportations par an", espère le chef d'Etat ukrainien. Deux secteurs devraient particulièrement bénéficier de ces retombées positives : la métallurgie et les produits chimiques. "Dans le secteur des métaux, la production va augmenter de 22% et les emplois de 19%", a affirmé le président ukrainien. Pour les produits chimiques, une hausse de "21% de la production, de 3% des exportations et de 17% des emplois" est attendue. L'accord conclu avec les pays membres de l'OMC prévoit que les droits de douane ukrainiens soient ramenés à zéro dans plusieurs domaines du secteur industriel. Les produits chimiques, le textile, les machines agricoles et l'aéronautique sont également concernés. En outre, "les exportations agricoles ukrainiennes pourraient augmenter de 44%", a relevé M. Iouchtchenko soulignant que son pays "dispose des plus grandes terres arables en Europe". L'Ukraine, qui souhaite arriver à un accord de libre-échange avec l'UE espère ouvrir au plus vite les négociations. "Notre adhésion à l'OMC nous permettra d'intégrer nos politiques commerciales au dialogue avec l'Union européenne", a souligné le chef d'Etat. L'ex-république soviétique a déjà conclu un accord avec l'UE impliquant une réduction de ses droits à l'exportation sur certaines matières premières. La Russie, une des plus grandes économies avec l'Iran à ne pas être membre de l'OMC et dont les relations avec Kiev sont souvent tendues, a salué l'entrée de l'Ukraine. "Je suis très satisfait", a déclaré le chef de la section des politiques commerciales de la représentation de la Russie à Genève, Iouri Afanassiev, relevant que "l'an dernier, le commerce entre nos deux pays a augmenté de 30%". De son côté, le président Iouchtchenko a affirmé que Kiev ferait "en sorte que la Russie entre à l'OMC le plus tôt possible". "Je suis sûr que nous bénéficierons d'une entrée de la Russie à l'OMC", a-t-il souligné. De leur côté, les Etats-Unis se sont réjouis de l'adhésion de l'Ukraine par la voix de leur représentante au commerce Susan Schwab : "la présence du président Iouchtchenko pour signer le protocole d'adhésion souligne l'importance de cette action à l'OMC", a-t-elle affirmé dans un communiqué. L'entrée de l'Ukraine dans l'enceinte du commerce international sera effective après la ratification de l'accord par le Parlement national de Kiev d'ici au 4 juillet prochain. L'Ukraine deviendra membre de l'OMC trente jours après la ratification.
