La rue syrienne est unanime à bannir la violence et à faire prévaloir le dialogue national, afin de mettre fin à l'effusion de sang dans le pays. Plusieurs citoyens syriens rencontrés par l'APS en marge d'un meeting de soutien au pouvoir, organisé vendredi en plein cœur de Damas, ont souligné l'impératif de mettre fin aux actes de violences, imputant «aux groupes terroristes» la responsabilité de la poursuite de l'effusion de sang en Syrie. Le pouvoir tend la main à toute personne qui renonce à la violence armée et aspire à un dialogue sérieux pour faire sortir le pays de la crise qui persiste depuis plus de 9 mois, ont indiqué des sources responsables syriennes. Le pourvoir a également exprimé plus d'une fois son intention de mettre en œuvre les réformes promises et revendiquées par l'opposition, à l'instar de l'abrogation de la loi d'urgence et la promulgation d'une loi sur les partis politiques et une autre sur l'information pour ouvrir la voie au pluralisme, a-t-on ajouté de même source. Ces déclarations interviennent dans un contexte d'attente d'un discours du président syrien Bachar El-Assad, dans les prochains jours, sur le dialogue national et la possibilité d'associer l'opposition au pouvoir. Un discours du président El-Assad est plus que «nécessaire» ces jours-ci, ont indiqué des sources syriennes informées contactées par l'APS, et qui n'ont pas démenti l'information, ajoutant que les revendications sur les réformes et la lutte contre la corruption devaient être traitées avec la participation de tous et dans le cadre de la paix civile. Ces revendications expriment les préoccupations de tous les citoyens syriens, nonobstant leur appartenance et leur orientation, face à la détérioration de la situation au plan sécuritaire et social depuis le début des protestations. En dépit du calme relatif ressenti devant les institutions publiques, la ville de Damas — qui a été secouée la semaine dernière par deux explosions qui ont ciblé le siège de la sécurité militaire syrienne faisant près de 40 morts et des dizaines de blessés — était presque déserte ce week-end, la veille de la célébration de la nouvelle année. La Mosquée des Omeyyades n'a pas connu l'affluence habituellement enregistrée le vendredi. La région de Jabal Qassioun, qui surplombe Damas, semblait elle aussi désertée de ses habitants dans la nuit de vendredi à samedi. La quasi totalité des restaurants, hôtels et espaces commerciaux de la ville étaient vides, le tourisme ayant connu un recul dans le pays. Dans les rues de Damas, aucun aspect de célébration du Nouvel An n'est visible. A l'appel des autorités, la communauté chrétienne du pays, estimée à 1,5 million, a annulé les festivités de fin d'année. Chrétiens et musulmans cohabitent depuis longtemps en Syrie en dépit de certaines tentatives visant à déstabiliser cette relation à la faveur des évènements que connaît le pays, témoigne devant les journalistes, Georgina Saoud, la mère du petit Sarri, tué en septembre à Al-Bayada dans la circonscription de Homs. Mme Saoud a, par ailleurs, indiqué que certaines chaînes de télévision ont axé, lors de leur couverture de l'assassinat de son fils par «un groupe de terroristes», sur le pendentif, en signe de croix porté sur son cou, soulignant que l'assassinat de Sarri n'a aucun lien avec sa confession. Ceux qui établissent un lien entre l'assassinat de mon fils et ma religion visent à entamer la relation entre les musulmans et les chrétiens, a-t-elle lancé, ajoutant qu'elle a transmis sa préoccupation concernant la vérité sur le meurtre de son fils aux observateurs de la mission de la Ligue arabe à Homs. Par ailleurs, les Syriens ont émis des réserves quant à la visite des observateurs de la Ligue arabe en Syrie, notamment dans les principales villes faisant face à des problèmes sécuritaires. De leur côté, les autorités syriennes n'ont affiché aucune position à ce sujet. Des sources informées évoquent des craintes quant à l'internationalisation de la crise syrienne dans le contexte des pressions étrangères exercées sur la mission.