L'émir du Qatar a quitté la Mauritanie bredouille et n'a pas été raccompagné par le président Mohamed Abdelaziz à l'aéroport. Même les ministres et les hautes personnalités mauritaniens ainsi que la télévision d'Etat n'étaient pas présents au départ de l'émir. C'est un «dégage» indirect qui a été signifié au cheikh Ahmed Benkhelifa, a estimé la presse mauritanienne. Pourtant, la visite a bien débuté même si des centaines de Mauritaniens et des militants de partis politiques, pro-Mouamar Khadafi et pro-Bachar Assad, ont manifesté à l'aéroport en protestation à sa venue. Le tapis rouge a été déroulé à l'émir du Qatar et c'est le président mauritanien en personne en compagnie d'une forte délégation qui a accueilli son hôte à l'aéroport de Nouakchott. Des discussions entre les dirigeants des deux pays ont été entamées et ont été suivies par la signature de plusieurs conventions et mémorandums d'entente en faveur de la promotion de la coopération bilatérale. Selon l'agence officielle mauritanienne, les deux parties ont procédé à la signature de 13 conventions dans les différents domaines, en plus des échanges d'idées et l'examen de la situation mondiale actuelle avec pour objectif fondamental la concentration sur la promotion et la diversité des relations bilatérales. Selon le même canal d'information officiel, la situation dans le monde arabe de façon général, y compris la Syrie, a été également discutée. C'est justement au cours de cette entrevue mettant aux prises le Président mauritanien et son hôte que tout a basculé, selon des sources dignes de foi. L'émir du Qatar aurait demandé au Président mauritanien de procéder à des réformes démocratiques et de négocier avec les islamistes pour éviter à son pays de connaître un scénario similaire à la Tunisie, Libye ou la Syrie, ont ajouté les mêmes sources. Cet état de fait n'a pas été apprécié par le président mauritanien, qui a fait savoir à l'émir que l'ingérence dans les affaires intérieures de la Mauritanie est une ligne rouge à ne pas franchir. Ne s'arrêtant pas là, il aurait même fait savoir directement à l'émir que par le biais d'Al-Jazzera, lui-même était à l'origine des soulèvements qui ont ébranlé les pays arabes, ont écrit plusieurs journaux mauritaniens. Toujours et selon plusieurs canaux d'informations, des prises de bec ont opposé les deux chefs d'Etat avant que l'émir du Qatar ne quitte le palais présidentiel, escortait par les services de sécurité mauritaniens en direction de l'aéroport, sans pour autant qu'il ne soit accompagné par Mohamed Abdelaziz. La télévision d'Etat n'a pas couvert le retour de l'émir et il est de même pour les hautes personnalités mauritaniennes qui étaient absentes à l'aéroport. C'est un «dégage» indirect qui a été signifié à l'émir, a estimé la presse mauritanienne qui ont évoqué cet incident. En somme, le président mauritanien n'est pas le seul qui a accusé l'émir du Qatar et Al-Jazzera d'être à l'origine dudit «Printemps arabe». Les ex-dirigeants de la Tunisie, Libye, Egypte, Yémen et Syrie ont tous accusé le Qatar d'avoir programmé et mis en exécution les soulèvements et les violences qui ont ébranlé leurs pays.