La nouvelle qui nous était parvenue à propos du démantèlement d'un réseau international de trafic de drogue quelques jours à peine avant la fin de l'année 2011 par les membres de brigade des stupéfiants de la sûreté de Annaba ne concerne finalement que quelques-uns de ses membres, surpris en possession de 75 kg de kif traité. Deux faits survenus ces dernières 48 heures le confirment. En premier, l'interpellation par la même brigade de deux autres trafiquants, venus s'ajouter aux dix déjà interpellés dont une femme, et tous placés sous mandat de dépôt par le procureur de la République près le tribunal de Annaba. C'est la perquisition mardi dernier du domicile d'un individu qui a permis aux gendarmes de la brigade de recherches de mettre la main sur 8,5 kg de kif traité et sur la somme d'un million de dinars. C'est donc les menottes aux poignets que ce trafiquant et six de ses complices impliqués directement ou indirectement dans le trafic de drogue rejoindront les geôles. Et si la première bande composée d'Algériens, de Libyens, de Tunisiens et de marocains, arrêtée par la police, avait pour chef une femme, la seconde en comptait trois. Celles-ci étaient spécialisées dans la confection des «galettes» de kif traité. Pour les enquêteurs, tous corps confondus, les 9 dernières arrestations opérées en même temps que la prise des 8,5 kg de drogue sont entre autres éléments venus s'ajouter à ceux de l'enquête sur ce réseau. A ce niveau, ce n'est plus un banal trafic mais d'une véritable chaîne qui part du Rif marocain et s'étend jusqu'aux rives du Nil en Egypte et au Soudan. L'Algérie est de pays de transit incontournable pour ce trafic à grande échelle. Plus de 400 kg sur les 700 kg de kif traité (150 kg avaient été saisis à Constantine alors que 75kg+8,5 kg l'ont été à Annaba) sont encore en possession des trafiquants algériens. Ils sont recherchés par les différentes brigades des stupéfiants à travers l'ensemble des régions du pays. C'est à la police judiciaire de Annaba que revient le mérite du plus grand nombre d'arrestations avec la mise sous mandat de dépôt de 10 trafiquants sur les 22 qui composent la bande. Les interpellations (2+7) qui ont suivi ces dernières 48 heures devraient permettre de remonter la filière. Les services de la Sûreté ont saisi leurs homologues de la police internationale Interpol sur la localisation et l'arrestation des autres membres du réseau, identifiés grâce aux aveux de leurs complices en Algérie. «A voir le comportement de tous les jours de ces trafiquants, majoritairement des jeunes, rien ne présageait de l'activité illicite à laquelle ils s'adonnaient. La perquisition effectuée dans le domicile de chacun d'eux a permis de mettre la main sur d'importantes sommes d'argent. Très mobiles, ces trafiquants disposaient de tous les moyens pour se déplacer et communiquer entre eux. Les cellules étaient constituées de façon que nul ne connaissait l'autre», a indiqué Mohamed-Yazid Boubahri, commissaire principal chargé de la police judiciaire de la Sûreté de Annaba. Il a précisé que c'est sur la base d'aveux faits par un des trafiquants arrêtés au début du mois de décembre passé que l'enquête sur ce qui paraissait être un réseau de trafic de drogue avait été lancée. Puis, tout est allé très vite à partir d'une localité frontalière proche de Maghnia (Tlemcen). Grâce aux informations en leur possession, les policiers couperont plusieurs tentacules du réseau. Les gendarmes du groupement de Annaba prirent la relève pour procéder à d'autres arrestations de trafiquants. Principalement concentrés dans le quartier populeux de Oued Eddeheb, à Annaba, les trafiquants s'étaient constitués en organisation criminelle bien structurée spécialisée dans la production, la transformation, le conditionnement et le trafic de stupéfiants. Et, en tirant patiemment sur la pelote, policiers et gendarmes de Annaba sont arrivés à mettre au jour d'autres trafics, notamment de devises et de blanchiment d'argent qui trouvent leur source en Tunisie où d'importantes opérations ont été effectuées. L'argent amassé est le produit du trafic de chanvre indien cultivé, transformé et conditionné en plaquettes d'un kg, 500 g et 100 g au Maroc. C'est à partir du Rif du Maroc, premier producteur de kif dans le Maghreb, que ce trafic prend sa source. Toujours est-il, dans ce pays où drogue, blanchiment et corruption font bon ménage, les trafiquants de drogue ont rarement été inquiétés. Tant et si bien qu'ils n'hésitent pas à rouler carrosse et à montrer ostensiblement une richesse dont la provenance n'a intéressé aucun responsable dans l'un ou les autres pays. Et si en Algérie, l'on est conscient de l'existence de ce type d'organisation criminelle spécialisée dans le trafic de drogue et des psychotropes, l'on se refuse à porter des accusations précises, faute de certitudes. En s'engageant avec succès dans la voie de la lutte à outrance contre ces organisations, la police algérienne marque un grand point, contrairement à ses homologues de l'Est et de l'Ouest. Il est certain que les services de sécurité algériens (police et gendarmerie) ne s'arrêteront pas à ce stade de l'enquête, à l'origine de la saisie de 233,5 kg de kif traité et de la mise sous mandat de dépôt de 19 trafiquants, dont 4 femmes.