La décision de suspendre la mission des observateurs arabes en Syrie, prise à New York, par le secrétaire général de la Ligue arabe, marque une nouvelle étape dans la crise syrienne, qu'il s'agisse de son cours sur le plan interne ou de son traitement par la communauté internationale. L'examen par le Conseil de sécurité de l'ONU, demain d'un projet de résolution arabo-occidental ouvre la nouvelle étape du traitement de la crise syrienne par la communauté internationale. Si l'échec de l'adoption du dit projet de résolution par le Conseil de sécurité au cours de sa réunion prévue demain est prévisible du fait du veto russe annoncé par Moscou, sa tenue n'est pas fortuite. La position russe a été pour rappel à l'origine de l'échec de l'adoption par le Conseil de sécurité d'une résolution sur la Syrie et la saisie par la Ligue arabe du dossier de la crise syrienne. Le Premier ministre et ministre des Affaires étrangères qatari, avec la présence du responsable de la Ligue arabe et des membres du Conseil national syrien dont son président Ghelioun au siège de l'ONU est intervenue suite au premier rapport rendu par la mission des observateurs arabes. Un séjour à New York au cours duquel d'intenses consultations entre ces responsables et des membres permanents au Conseil de sécurité, notamment, ceux des Etats-Unis, France et du Royaume Uni. Ces rencontres ont porté sur la feuille de route arabe adoptée au Caire suite au rapport rendu par le président de la mission des observateurs arabes, Mustapha Al Dabi. Un plan arabe qui, tout en proposant au Président syrien de léguer ses pouvoirs à son vice-président pour mener le processus politique de sortie de crise est dépourvu de chapitre à l'adresse des groupes armés dont a fait état le rapport d'Al Dabi. Plan porté au Conseil de sécurité par le président du comité arabe en charge de la crise syrienne, le Premier ministre qatari et du successeur d'Amr Moussa à la tête de la Ligue arabe dont Damas a vite fait de réagir en le rejetant. Le dépassement de l'absence de légitimité de l'opposition syrienne de l'extérieure représentée par le Conseil national syrien et la reconnaissance de celui-ci en tant que représentant du peuple syrien semble être les objectifs escomptés par la tenue, demain, de la réunion du Conseil de sécurité. Ceci d'autant plus que des informations ont fait état d'une éventuelle reconnaissance du conseil de Ghiloum, par l'Arabie Saoudite, après avoir été la première à annoncer le retrait de ses observateurs de la mission de la Ligue arabe. La réunion du Conseil de coopération des pays du Golfe avec la Turquie a été l'opportunité pour le ministre saoudien des Affaires étrangères de rebondir sur ses informations en indiquant que la reconnaissance ne peut être que politique mais principalement «d'ordre juridique». Ceci étant la première expérience de la Ligue arabe par son envoi d'une mission d'observateurs en Syrie, son travail et le contenu de son rapport n'ont pas eu d'écho dans les couloirs de l'ONU au même titre que le plan arabe porté par le Premier ministre qatari, Nabil El-Arabi. Absence dûe au contenu du rapport de Mustapha El Dabi, principalement, relatif à la présence de groupes armés et leurs actions contre les forces de l'ordre, les militaires et les civils syriens et la situation de tension et de violence entre les forces gouvernementales et les groupes armés aux conséquences gravissimes sur le devenir de la Syrie. Ceci d'autant plus que le Conseil national syrien accentue ses appels à une intervention étrangère au moment où l'opposition nationaliste interne s'y oppose vigoureusement et s'inscrit sur la voie du dialogue inter-syrien pour mener les réformes escomptées par le peuple syrien. L'absence de toute perspective d'intervention étrangère en Syrie par les occidentaux étant de mise pour principalement deux raisons. L'enveloppe financière impossible de dégager pour l'intervention en Syrie par les membres de l'Otan au vu des conséquences de la crise économico-financière sur leurs économies respectifs. Ainsi que le risque d'embrasement de l'ensemble de la région et dont la sécurité d'Israël est la préoccupation première des Etats-Unis en premier lieu. Ce qui place la réunion du Conseil de sécurité de demain, sur la voie de l'inscription de la crise syrienne dans la durée de la spirale de la violence au risque de guerre civile dans le pays. Ce qui a été illustré par les propos de Barazani, responsable du Kurdistan en Irak, invitant les kurdes de Syrie «à se préparer à tous les changements éventuels et à unifier leur rang». Ce qui renseigne amplement sur les défis et la période difficile auxquels est appelé à faire face le peuple syrien qui semble plus menacé dans son unité et celle de son pays par le souci des occidentaux à promouvoir la démocratie dans ce pays, comme ce fut le cas en Irak.