Après l'offensive lancée sur le secteur de l'habitat, Mohamed Ghazi, wali de Annaba, s'est intéressé en fin de semaine dernière à celui des équipements et des travaux publics. Et si en ce qui concerne l'état d'avancement des travaux de différents projets de réalisation de logements sociaux locatifs tout va pour le mieux, il n'en est pas de même pour les équipements. C'est ce qui ressort du constat établi lors de la visite d'inspection que le directeur de l'exécutif de la wilaya a effectuée sur le site du pôle universitaire El-Bouni. A la faculté de médecine notamment où pratiques délictuelles obligent, les étudiants sont confrontés à l'absence d'alimentation électrique dans les amphithéâtres et de gaz en ce qui concerne d'autres structures. Pratiques délictuelles en ce sens que l'entreprise tunisienne en charge de la réalisation de ce projet aurait commis ce que d'aucuns membres de la délégation de wilaya ont qualifié de sabotage. «Vous devez vous occuper sérieusement de ce dossier. Cet entrepreneur tunisien doit rendre des comptes à la justice. Pour ce faire, je vous ordonne d'entamer la procédure judiciaire nécessaire», a été la réponse du directeur de l'exécutif de la wilaya à la dénonciation de la situation par le Directeur du logement et des équipements publics (DLEP). Elle dure depuis plusieurs mois et serait un acte vindicatif du chef de l'entreprise tunisienne. Déçu de ne pas voir sa soumission retenue pour la réalisation d'un important projet pour lequel il avait soumissionné dans ce même pôle universitaire, cet entrepreneur aurait créé volontairement une malfaçon. Celle-ci aurait entraîné un court-circuit à l'origine de la défectuosité de l'ensemble du système d'alimentation électrique de la faculté. Même s'il ne l'a pas exprimé clairement, le représentant à Annaba du ministère de l'Habitat a tout de même laissé entendre que tout est à revoir dans les différentes réalisations de ce pôle universitaire. «Notre institution a été sollicitée bien après que les travaux de réalisation de différentes structures du pôle universitaire El-Bouni eurent été achevés. Une enquête doit être diligentée pour situer les responsabilités dans ce qui ressemble à un sabotage. Vous avez certainement entendu le wali nous ordonner d'entamer une action en justice» a affirmé le DLEP interrogé sur les détails de ce dossier. C'est dire que la réalisation du pôle universitaire El-Bouni Annaba initialement en charge du ministère de l'Enseignement supérieur pourrait prendre d'autres tournures. La réaction du wali à ce qu'il a qualifié de gabegie et de dilapidation des deniers publics en est un prémice. D'autant que lors de sa visite d'inspection du site, le premier magistrat de la wilaya était en prise directe avec un mouvement de protestation de deux étudiants. Pour un problème de concours de masters pour lequel ils n'avaient pas été retenus, ces étudiants avaient décidé d'interdire à leurs camarades d'accéder à l'amphithéâtre pour suivre leurs cours. D'autres réclamaient le chauffage qu'ils n'ont pas depuis des mois faute de «tendeurs» de gaz pourtant en possession de l'université. «Cette situation n'est pas le fait de la Sonelgaz. Rien ne nous aurait empêché de procéder au raccordement du pôle en gaz si nos services avaient été sollicités», a expliqué le représentant de l'entreprise de l'électricité et du gaz de la zone de distribution d'Annaba. Ce dossier du pôle universitaire d'Annaba a, d'une certaine manière, fait de l'ombre à d'autres grands projets d'équipements comme ceux de l'aérogare Rabah-Bitat et l'aménagement de l'entrée Sud de la ville d'Annaba. Alors que sa réception avait été fixée au mois de novembre 2010, l'aérogare en question dont les travaux de réalisation sont en charge d'une société égyptienne n'est pas près d'être livrée. Et ce, même si les gros œuvres sont, pour une grande partie, achevés. «L'aérogare sera achevée et réceptionnée le 1er novembre 2012», a affirmé le représentant du bureau d'étude en charge du suivi du projet. C'est la énième échéance que l'on annonce. La dernière dont avait pris connaissance M. Amar Tou à l'occasion de sa dernière visite de travail et d'inspection à Annaba donnait pour le mois de septembre 2011 la date de réception. Ce délai sera-t-il le dernier ? La question reste posée au regard des travaux secondaires qui restent à réaliser, des équipements à installer et du parc de stationnement des avions encore à l'état embryonnaire et de la viabilisation du site. Dans les états d'avancement des travaux présentés au wali d'Annaba, il y a celui de l'ouvrage d'art de l'entrée Sud d'Annaba. Précisément au niveau du pont Y où la réalisation de l'autoroute longue de 1,4 km avec un viaduc de 468 m suit son cours normalement. L'entreprise espagnole en charge de ce projet d'un montant de plus de 7,83 milliards de dinars ne semble pas éprouver des difficultés à faire avancer les travaux de cet ouvrage qui, dans quelques années, permettra de soulager la circulation routière à Annaba.