La prochaine échéance électorale permettra-t-elle d'ouvrir une nouvelle page dans le domaine de la politique algérienne ? Sera-t-elle le point de rupture avec un passé politique algérien à l'histoire tumultueuse ? À entendre, jeudi dernier à Arzew, le discours du président Bouteflika, la réponse pourrait sembler être affirmative. Dans une allocution prononcée, en effet à l'occasion de la célébration du double anniversaire de la création de l'UGTA (24 février 1956) et de la décision courageuse de la nationalisation des hydrocarbures (24 février 1971), le président de la République, Abdelaziz Bouteflika s'est montré particulièrement préoccupé par la réussite du premier rendez-vous électoral depuis la levée de l'état d'urgence qui intervient, notons-le, après l'achèvement d'un vaste chantier de réformes politiques engagé à sa demande le 15 avril dernier. Pour le président Bouteflika, le suffrage programmé pour le 10 mai prochain ne peut en aucun cas se résumer dans un choix de délégués qui représenteront le peuple dans les assemblées élues. Cet événement qui «revêt une importance capitale» a été qualifié d'«opportunité historique» de la même importance que le 1er Novembre 54. Pour étayer ses propos, le chef de l'Etat a indiqué que cette élection «connaîtra une large participation des partis, y compris ceux nouvellement agréés, pour donner naissance à un Parlement démocratique et pluraliste. Un Parlement que nous souhaitons plus représentatif, plus diversifié, plus qualifié et surtout plus à même de poursuivre sa mission législative d'adaptation et de développement du dispositif législatif du pays, notamment l'amendement de la Constitution, en adéquation avec les mutations que connaît la société avec la progression des réformes politiques et les exigences du développement accéléré. Le moment est venu d'opérer un changement qualitatif dans la mentalité et les comportements. Le moment est venu de rompre avec les mauvaises habitudes et les pratiques négatives telles que le laxisme, la négligence et bien d'autres vices qui ne siéent guère à un pays engagé dans un projet de développement d'envergure et une démarche de modernisation ambitieuse et qui aspirent à une place de choix parmi les nations», a-t-il dit. Mais, la réussite des élections et la concrétisation de cet objectif longtemps attendu «demeurent tributaires du niveau de participation des électrices et des électeurs au scrutin», a-t-il signalé. Volant raviver l'esprit nationaliste des Algériens, le président Bouteflika, en s'adressant à toutes les franges de leur signaler que l'acte de «voter est un droit et un devoir constitutionnel. Un acte qui dénote d'un engagement national et d'un sens de citoyenneté et de civisme. Il ne faut pas laisser les autres choisir à votre place et décider de votre avenir en votre absence». S'adressant aux jeunes, le chef de l'Etat leur a précisé qu'ils sont "l'enjeu majeur de l'avenir du pays. À cette génération de l'indépendance et à ceux qui participent pour la première fois à ces élections, je dirais qu'ils sont la richesse de la Nation. Porteurs des espérances du pays, ils sont les bâtisseurs d'un lendemain prometteur (...) ne ratez pas cette opportunité pour prouver que vous êtes une génération plus consciente et plus engagée. Soyez au rendez-vous pour confirmer votre forte adhésion à la vie politique qui vous permettra de concrétiser vos aspirations, de participer à la promotion des principes et valeurs de la République et d'édifier une société moderne à laquelle vous aspirez», a-t-il dit. Le président Bouteflika ne s'est pas arrêté ici, en ajoutant que «le vote est une position et un engagement qui permet d'exprimer une opinion, quelle que soit l'appartenance et le choix de l'électeur. C'est un acte positif, bénéfique et important. C'est un droit et un devoir constitutionnels auxquels il ne faut jamais renoncer». Confiant quant à la maturité des Algériens, le président Bouteflika a indiqué que le «peuple algérien a beaucoup souffert». Réfutant, à demi-mot, toute ingérence étrangère dans les affaires internes de l'Algérie, il a rappelé «que notre pays a été le premier à mener l'expérience démocratique pluraliste dans des conditions internes des plus complexes qui ont coïncidé avec des mutations et des influences externes difficiles, induites par une mondialisation fulgurante et envahissante. Une étape rude et éprouvante pour le peuple algérien qui en est cependant sorti vainqueur et plus soudé sans l'aide de quiconque», a-t-il dit.