Les islamistes en Egypte ont endossé l'entière responsabilité au ministère de l'Intérieur au sujet des menaces de mort et des attentats, dont ont fait l'objet ces derniers jours des cadres de la confrérie. Ces accusations interviennent après qu'un candidat à la présidentielle, un député islamiste, a échappé à des attentats perpétrés par des inconnus. En effet, après le candidat à la présidentielle, c'est un autre député islamiste qui a été visé. Hassan Al-Prince, membre du parti Liberté et Justice (PLJ), vainqueur des législatives, a été gravement blessé vendredi après avoir été poursuivi en voiture par des inconnus et percuté par un poids-lourd. L'agression s'est produite dans le gouvernorat de Kafr Al-Dawar, situé dans le Delta du Nil, dans le nord du pays. Al-Prince avait reçu des menaces de mort quelques jours auparavant. C'est la deuxième fois qu'un chef islamiste est pris pour cible ces dernières 24 heures. Quelques heures seulement avant cette agression, l'ex- dirigeant des Frères musulmans et candidat à la présidentielle Abdel Moneim Aboul Fotouh, a échappé de justesse de se faire assassiner après son retour d'un meeting au nord du Caire. Selon des témoignages, trois hommes armés et encagoulés ont arrêté sa voiture alors qu'il revenait de la ville de Menoufia. «Ils l'ont frappé plusieurs fois à la tête et l'ont laissé pour mort avant de s'enfuir à bord d'un véhicule. Selon les mêmes témoignages, les agresseurs étaient à bord d'un véhicule blindé de marque Mitsubishi sans plaque d'immatriculation. Avant de s'enfuir, les assaillants ont pris le soin d'emporter avec eux la voiture à bord de laquelle se trouvait Aboul Fotoh. Alertés, les forces de sécurité ont lancé 20 brigades aux trousses des agresseurs mais en vain. Abou El-fotoh, qui a reçu un violent coup à la tête probablement à l'aide de la crosse d'une arme, a été hospitalisé mais son état de santé n'est pas en danger, a indiqué une source hospitalière. Selon la même source, il devait quitter l'hôpital pour son domicile où il a besoin de repos. «Nous considérons le ministère de l'Intérieur comme totalement responsable de ces incidents», ont réagi les Frères musulmans dans un communiqué. «Nous demandons (aux autorités) de tenir le rôle qu'elles sont censées tenir et de comprendre que le peuple ne pardonnera pas leur négligence et leur mépris des droits de leur pays et de ses citoyens», ajoute le texte publié sur le site internet du PLJ. Malgré les assurances des services de sécurité, les cadres islamistes se voient toujours menacés et craignent pour leur vie même chez eux, ont indiqué des témoins. Certains évitent même de sortir la nuit ou de se rendre dans les endroits isolés. Plusieurs députés du courant islamiste ont indiqué avoir reçu des menaces de mort et réclament aux services de sécurité de les protéger. Cet état de fait est un fait nouveau dans l'histoire de l'Egypte, surtout lorsqu'on sait que la première force à craindre dans le pays était les islamistes. Comment ne pas craindre ces idéologistes qui ont réussi à s'infiltrer dans les rangs de l'armée et sont parvenus à assassiner le président Anouar El-Sadate durant une parade militaire un certain 6 octobre 1981 ? Aujourd'hui, les données ont changé, les islamistes qui étaient auparavant interdits d'activité politique sont au pouvoir. Hier, lorsqu'ils étaient dans l'opposition, les islamistes faisaient trembler ceux qui les gouvernaient. Aujourd'hui, les «barbus» sont au pouvoir mais ils sont sur la défensive et craignent pour leur vie. La peur a-t-elle réellement changé de camp ?