L'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe pour la Syrie, Kofi Annan, se rendra mercredi au Caire avant sa visite prévue à samedi à Damas destinée à promouvoir une solution pacifique à la crise syrienne. Au Caire, M. Annan rencontrera mercredi le secrétaire général de la Ligue arabe Nabil al-Arabi pour discuter des moyens de mettre fin "de façon urgente" à l'effusion du sang en Syrie, théâtre de contestations émaillées de violences qui ont fait des milliers de morts entre civils et militaires syriens depuis mars dernier. «L'objectif de sa première visite à Damas et de tenter d'arrêter les violences en vue de promouvoir une solution pacifique à la crise syrienne», a déclaré un porte parole de l'ONU. Saluée par Damas, la première mission de M. Annan accorde une chance de négocier au moins un cessez-le-feu en Syrie, au moment où la communauté internationale est à bout de ressources pour mettre fin à la crise, selon des diplomates. Le gouvernement syrien a salué lundi la visite de cet émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe, selon la chaîne d'information d'Etat. Pour cette première mission en Syrie, Annan, ancien secrétaire général de l'ONU sera accompagné de son adjoint, l'ancien ministre palestinien des Affaires étrangères Nasser al-Qidwa. Parallèlement, la responsable des opérations humanitaires de l'ONU Valerie Amos se rendra en Syrie à partir de mercredi, après avoir reçu l'accord des autorités syriennes, a-t-elle annoncé lundi. "Comme me l'a demandé le secrétaire général (de l'ONU Ban Ki-moon), mon objectif est de prier instamment toutes les parties prenantes de laisser entrer sans entrave les travailleurs humanitaires afin qu'ils évacuent les blessés et livrent les fournitures essentielles", a expliqué la responsable onusienne. L'annonce de ces visites à Damas intervient à la veille d'une réunion qui doit regrouper mercredi à Ryadh le chef de la diplomatie russe Serguei Lavrov avec ses homologues des pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG), selon le ministre koweïtien des Affaires étrangères, Cheikh Sabah Khaled Al-Sabah. Une autre rencontre doit également réunir les ministres des Affaires étrangères de la Russie et des pays membres de la Ligue arabe samedi au Caire pour discuter de la crise syrienne, a annoncé Lavrov lundi lors d'un entretien à Moscou avec son homologue jordanien, Nasser Jawdeh. La Russie a maintes fois rejeté des projets de résolution sur la Syrie élaborés par les Occidentaux, qu'elle accuse d'implication dans l'attisement de la crise syrienne, et d'inciter l'opposition à des actions intransigeantes. Moscou a en outre estimé mardi que le nouveau projet de résolution du Conseil de sécurité de l'ONU pour réclamer un accès humanitaire aux villes syriennes, n'était pas équilibré, selon une déclaration de son vice-ministre des Affaires étrangères, Guennadi Gatilov. Gatilov a expliqué que "le nouveau projet américain de résolution de l'Onu sur la Syrie est une version légèrement modifiée du précédent document, auquel avait été opposé un veto. Il doit être équilibré de manière substantielle". Moscou insiste sur un dialogue global entre les parties syriennes pour pouvoir parvenir à un règlement politique et pacifique à la crise. La Chine, autre membre permanent du Conseil de sécurité, s'oppose également au projet de résolution américain et insiste à l'instar de Moscou et de nombreux pays sur le dialogue politique en vue de parvenir à une solution pacifique à la crise syrienne, dénonçant également les appels lancés pour armer l'opposition. "La Chine et les pays arabes partagent les mêmes objectifs concernant la sauvegarde de la stabilité, du développement et de la prospérité de la région du Moyen-Orient, bien qu'ils puissent diverger quant à certaines actions spécifiques", a dans ce contexte réitéré mardi le ministre chinois des Affaires étrangères, Yang Jiechi, cité par l'agence de presse Chine Nouvelle. Les Etats-Unis ont exprimé lundi, l'espoir que Moscou aura un "nouveau regard" sur la crise en Syrie. "Nous espérons un nouveau regard (de la part des Russes) sur la tragédie en Syrie maintenant que l'élection est terminée", a déclaré la porte-parole du département d'Etat américain, Victoria Nuland, la Russie étant opposée à toute ingérence dans la situation interne syrienne. Les pays occidentaux tentent d'obtenir en vain l'accord de Moscou et de Pékin pour adopter une résolution appelant à l"'entrée sans entrave des aides humanitaires" en Syrie, où les violences ont déjà fait plus de 7.000 morts et des milliers de déplacés, selon des sources concordantes. Damas accuse des parties étrangères de soutenir des groupes armés pour déstabiliser la Syrie. Lundi, des groupes armés ont attaqué un oléoduc à Deir Al-Zor dans l'est de la Syrie, sans faire de dégâts, et un siège des services de renseignements aériens syriens à Harasta, dans la province de Damas, a été visé par des roquettes dimanche soir, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).