Le coup d'Etat militaire qui vient d'évincer le président malien démocratiquement élu est un coup dur pour la stabilité de ce pays en proie à une multitude de problèmes d'ordre sécuritaire, mais aussi pour la stabilité et la cohésion régionales. C'est bien entendu une mauvaise nouvelle pour l'Algérie qui a toujours compté sur la coopération du Mali dans la lutte antiterroriste dans la région du Sahel, et dans les démarches soutenues que traduit cette tradition de concertation entre les deux pays, pour trouver une solution pacifique et négociée au conflit qui oppose Bamako au mouvement Azawad, au nord du pays. Un conflit qui devient source de graves soucis à nos frontières sud, comme on l'a vu avec l'attentat à la voiture piégée perpétré contre un groupement de la gendarmerie à Tamanrasset, le 3 mars dernier. C'est pourquoi Alger a été la première capitale à condamner cet acte et a appelé au rétablissement rapide de l'ordre constitutionnel dans ce pays. Cet appel pressant est bien sûr aussi lié à la conjoncture régionale. Car une situation chaotique au Mali risque, non seulement d'accélérer le délitement de la cohésion nationale, déjà en butte à de graves fractures à cause de la crise targuie et de l'activité terroriste d'Al-Qaida sur son territoire, mais surtout d'attirer les immixtions étrangères qui, comme en Côte d'Ivoire, en Libye et partout ailleurs, ne feraient qu'aggraver la crise interne et y semer le désordre. Ces puissances, mues par leur instinct de prédateurs, guettent la moindre faille pour s'y introduire.