Gaston Bachelard disait en 1957 dans La poétique de l'espace que «la poésie a un bonheur qui lui est propre, quelque drame qu'elle soit amenée à illustrer». Ce n'est pas M'hamed Didi qui viendrait le contredire, lui qui a griffonné son premier poème à la suite d'une déception. «C'était en 1995 et je me souviens que chaque vers était né avec une larme», confie-t-il. Cette façon d'exorciser ses démons intérieurs lui étant grandement salutaire, M'Hamed Didi continue à solliciter sa muse à chaque fois que le besoin s'en ressent. Il lui confie ses peines et ses faiblesses et elle lui inspire les mots salvateurs. La poésie s'installe peu à peu dans sa vie, envahissant son quotidien et habitant ses nuits. M'hamed Didi, lui, s'y accroche, s'y passionne. Il écrit à tout va, sans interruption, à chaque fois que le flot de mots arrive. En 1996, il est invité à déclamer mes poèmes au Palais de la culture. Racontant l'Algérie dans sa douleur, le poète est écouté avec attention et est honoré pour le courage et la justesse de son propos. «J'ai alors décidé de m'affilier à l'ONDA et d'y enregistrer mes textes». En 1997, une rencontre va donner un nouveau tournant à sa carrière de prosateur. «Avec Salah Dziri, nous avons produit 20 chansonnettes. Les thèmes sont divers et sont inspirés du quotidien. Un premier album est sorti chez Melody Megavision et Soli Cadic. Ils ont très bien marché, je citerai par exemple Tgharabt aalik Ya Dzair, Ghorvagh felam a Dzair, Akhsar ou farek, El-Djazair…, nous confiera M'Hamed Didi. La même année, deux recueils de poésie sortent sous les presses de Nabil Skandrani, avec le soutien de l'ONDA. Moi et la poésie et La plume de mon inspiration, écrits en langue française et dont les sujets sont très éclectiques, plaisent aux lecteurs car la fibre sensible du poète y est exaltée. En 2009, M'Hamed Didi sort chez le même éditeur un CD de 18 chansons. Il y déclame avec verve des textes d'une grande sensibilité. Nabil Skandrani - fils du regretté Mustapha -, l'accompagne au piano ajoutant une note romantique à la beauté de cette poésie. Ya mouimti, Zine Bladi, Ya chbah aayani, Yahna hali ou Netmena séduisent tant qu'il est invité à déclamer ses vers à travers plusieurs tribunes. Il y a quelques jours, le poète a sorti un nouveau recueil intitulé Honneur et Dignité destiné aux enfants. Composé de trois parties : Nom et la nationalité, L'Union et la paix et Le devoir et le sacrifice, ce livre dont la vocation est éducative vise, en effet, à inciter l'enfant à aimer son pays et à porter fièrement son identité. Ecrit en arabe dialectal, l'auteur explique que ce choix est dicté par ce désir de préserver le patrimoine oral, pour pérenniser l'identité algérienne. En mettant entre les mains des enfants un tel ouvrage, M'Hamed Didi espère aussi leur donner l'envie de s'intéresser à la beauté du verbe, tout en se plongeant dans la richesse du message qui est transmis. Outre la poésie, Didi compte dans son escarcelle 376 chansons chaâbies, 145 poèmes en français, 12 chansons en kabyle qu'il compte enregistrer très prochainement et 2 CD (2h) intitulées Hikam chaabiya et Qçaid chaabiya. Si certains peuvent s'étonner face à une si grande prolixité, M'Hamed Didi explique que pour lui «l'écriture est une thérapie. Elle me permet de me libérer des tensions». A noter enfin que le poète a une autre vocation : celle d'animateur d'une émission musicale diffusée sur les ondes de Radio El-Bahdja, tous les vendredis de 21h à minuit. Il y revient sur le parcours des grandes figures de la poésie populaire algérienne, à l'image de Mejdoub, El-Meghraoui, Benkhelouf…