Il est mort le chantre de la chanson chaâbie. Il est mort le poète, l'artiste. L'homme de la chanson populaire. Lui qui a tant donné, tant aimé. Les amoureux du chaâbi, les initiés et les grands amateurs sont de nouveau «orphelins». Orphelins d'une voix, orphelins d'un maître de la chanson, d'un homme respectable et respectueux de sa profession, de son travail. El Hachemi est un artiste méticuleux, il a horreur des «arrivistes», des «passants-passagers» qui veulent parvenir dans le monde artistique en général, et le chaâbi en particulier sans aucune base, sans aucun don, sans aucun acharnement. El Hachemi était un amoureux, un mordu du chaâbi, qui le lui rendait bien. Il était aimé, admiré, respecté. J'ai eu le plaisir de le rencontrer à plusieurs reprises, la joie aussi de l'écouter et de l'applaudir sur les scènes du TNA, du Mougar, de la salle Ibn Khaldoun. Soit avec le TNA, l'ex-CCI et l'ex-Cfva. Je me souviens d'une soirée mémorable qui s'est déroulée à Jijel, dans le cadre du forum des entreprises, organisée par l'ex-Enerim et Kamel Belkacem, alors directeur de l'hebdomadaire Algérie Actualité, il y a de cela une vingtaine d'années...peut-être moins. Accompagné par le regretté Skandrani et son orchestre au complet, El Hadj Guerrouabi s'est «fondu» dans ses chansons mythiques, dans ce chaâbi voluptueux sous un ciel étoilé. Il drainait la foule et savait composer avec ses spectateurs, avec ses «entendeurs». Le public de Guerrouabi était «son» public. Des mélomanes avertis, des inconditionnels du chaâbi spécialement de lui, Hadj Hachemi Guerrouabi. El Hachemi était de toutes les oeuvres. Il donnait des récitals, sans aucune contrepartie lors des circoncisions pour enfants démunis, organisées par les associations ou les communes. Il fêtait à sa manière la fête des enfants. Le spectacle pour lui était sacré, ses qacidates étaient reprises en choeur. Cet enfant d'Alger a sillonné toute l'Algérie, s'est produit dans toutes les villes du pays, soit lors des fêtes de mariage ou de circoncision, soit invité par les responsables locaux. Il ne refusait jamais de participer à un concert. La chanson était sa vie, sa manière d'interpréter était le cachet qui le représentait. On entend souvent cette phrase, pour caractériser un jeune s'adonnant au chaâbi: «Il chante à la Guerrouabi.» Après la disparition du «cardinal» Hadj M'hamed El Anka, voilà qu' El Hadj Guerrouabi nous quitte. Le «tsar» du chaâbi n'est plus, il était l'un des plus représentatifs. Merci, ya Si El Hadj de nous avoir fait aimer ces merveilleuses poésies de ton «chaâbi». Le vrai.