«C'est obscène.» C'est la qualification qu'a donnée mercredi dernier à Alger l'ambassadeur français des droits de l'Homme, François Zimeray, aux accusations du père de Mohamed Merah qui a l'intention de saisir la justice française pour le décès de son fils qu'il qualifie d'assassinat. Questionné sur l'affaire de Mohamed Merah, François Zimeray a indiqué qu'il aurait aimé avoir Mohamed Merah vivant. Toutefois, il a souligné que les déclarations du père faites ces derniers jours sont «complétement obscènes». «Je peux comprendre à la fois sa douleur et ses remords mais à sa place je me tairais», a-t-il déclaré. L'ambassadeur a rappelé que Mohamed Merah a tué sept personnes et a justifié lui-même ses crimes en revendiquant l'appartenance à un réseau terroriste. Il est, également revenu sur la question de sa nationalité tant évoquée par les médias. Il dira à ce propos que «c'est un Français». Il a par la suite donné l'exemple de la réaction des Français qui n'ont pas fait l'amalgame quant à la mort de Merah, évoquant la solidarité de la communauté musulmane par rapport à la communauté juive. Pour ce qui est de l'inégalité que vive la communauté maghrébine en France , il a estimé que l'injustice dans la société française pourrait être d'ordre pratique seulement, car la loi française est sévèrement appliquée. L'ambassadeur des droits de l'Homme, François Zimeray, était en visite de trois jours en Algérie, le 27 et 28 à Alger et le 29 à Oran. Dans le cadre de cette visite, il s'est approché des institutions et différentes associations défendant les droits de l'Homme ainsi que de la population notamment les jeunes pour «écouter» et «non pour juger qui que ce soit». Il a également évoqué sa rencontre avec l'association des disparus qui, souligne-t-il, est très importante indiquant que l'amnistie a enregistré un échec dans de différents pays. «Les étapes et les décisions à entreprendre suite à cette visite en Algérie ne sont pas encore définies mais le plus important est d'apporter un appui moral aux défenseurs des droits de l'Homme», a-t-il ajouté. Mellouk Benyoucef, l'ancien cadre du ministère de la Justice, qui était lui aussi présent à ce point de presse tenu le 28 mars dernier, a remis à Zimeray tout «un dossier de preuves» sur le bafouillage des droits de l'Homme en Algérie incriminant la magistrature. «Les premiers responsables de l'injustice et de la corruption règnent dans le pays», dira-t-il. Un dossier que Zimeray a promis de le lire avec prétention.