François Zimeray, ambassadeur des droits de l'Homme français, a estimé que le Printemps arabe n'est pas encore fini. “Ce qui est né ne s'arrêtera pas”, a-t-il déclaré, lors d'une conférence de presse tenue hier à Alger, avant de laisser entendre que les autres régimes comparables à ceux de Ben Ali, Moubarak et Kadhafi seront les “les prochains” à être balayés par ce vent de colère. Cette conférence était une occasion pour M. Zimeray de donner le bilan de son séjour en Algérie et sa mission portant sur les droits de l'Homme. Pour cet avocat et seul ambassadeur des droits de l'Homme à exercer au Quai d'Orsay sans être diplomate de carrière a souligné que la position française antérieure aux soulèvements contre les dictateurs dans la région était “une erreur d'appréciation”, justifiant que “Ben Ali était un rempart contre l'islamisme”. M. Zimeray a également souhaité que la France ne fasse plus les mêmes erreurs concernant la situation des droits de l'Homme dans les autres pays du monde, notamment les anciennes colonies. “Je suis venu écouter et non pas pour porter un jugement sur la situation des droits de l'Homme en Algérie ou donner des leçons”, a-t-il déclaré, pour définir les objectifs de sa mission. Lors de son séjour, M. Zimeray a eu à rencontrer plusieurs acteurs et défenseurs des droits de l'Homme. De l'Association des familles des disparus à celle de défense des droits de la femme, en passant à une autre qui défend les droits des migrants, M. Zimeray a assuré qu'il avait rencontré toutes les sensibilités y compris des chrétiens. À propos de ces derniers, il a souligné qu'“il est difficile d'être algérien et chrétien”. Et d'ajouter : “Vu la loi, il n'y a aucun obstacle pour vivre pleinement sa liberté religieuse.” Insistant sur le fait qu'il n'est pas venu juger car “ma démarche est constructive loin de toute polémique”, l'ambassadeur a indiqué qu'il y avait “un mal à accepter une différence”, ce qui représente, selon lui, “un sujet d'inquiétude” et qui n'est “pas spécifique à Algérie”, reste la pratique effective de la liberté religieuse. “Il y a des progrès à accomplir”, a-t-il répondu à propos de la situation globale des droits de l'Homme en Algérie. “Des combat sont en train d'être menés par des Algériens avec beaucoup de courage et de témérité”, a encore souligné l'ambassadeur. Par ailleurs, il a évoqué la demande de repentance formulée par l'Algérie à propos de laquelle il a rétorqué qu'“elle n'est pas pertinente au regard des droits de l'Homme”. À propos de l'affaire de Mohamed Merah, M. Zimeray s'est contenté de reprendre les déclarations du président français et de son ministre des Affaires étrangères. M M