L'argent des invisibles qui financent par milliards de dinars des campagnes électorales pose la problématique de la transparence sur sa provenance, sur l'identité de son donateur, sur les malveillances envers notre peuple l'accompagnant, s'il n'est pas pourvu de virus antidémocratiques, s'il émane de pays étrangers, ce qu'interdit formellement la loi organique régissant le fonctionnement des partis politiques. Si l'argent n'a pas d'odeur, il permet en revanche de corrompre l'électorat et de s'assurer des services par l'usage d'un certain nombre de leviers indispensables à la prise du pouvoir, comme celui d'une bonne couverture médiatique à laquelle se conjugue des opinions d'experts à la solde du ou des candidats. Cette problématique du contrôle du financement des partis politiques et du respect de la loi organique sur leur fonctionnement est toujours d'actualité, toutes les fois qu'une campagne électorale est enclenchée par le ou les candidats participants à une campagne électorale. L'Etat garant de l'équité et du respect de la loi, ne semblerait pas très pointilleux, ni ostensiblement préoccupé par cette question fondamentale, alors qu'il devrait s'impliquer davantage et de manière rigoureuse, dans l'expertise des ressources financières des partis censés vivre principalement des cotisations de leurs militants, de dons ou de subventions étatiques selon les critères définis par la loi. La démocratie est à ce prix, et uniquement à ce prix, autrement, il n'est point permis aux petits partis politiques d'espérer réaliser des scores honorables face aux grosses pointures et cadors déjà confortablement installés dans l'exercice d'un pouvoir paraissant parfois plus souverain, que démocratique. Si la loi dans son élaboration peut paraitre claire, elle ne définirait pas les moyens de prévention et de contrôle en cas de dépassements, ou de ses contournements, puisqu' «elle n'autorise aucune interférence dans l'organisation interne des partis politiques», stipulant «l'obligation pour les statuts de ces derniers de fixer des règles démocratiques pour régir leur fonctionnement... et de fixer, enfin, des règles pour assurer la transparence dans le financement des partis et pour la lutte contre toute forme de corruption dans la vie politique». Un chef de parti politique ayant le droit de financer sa campagne électorale ou celle de son parti, sans publier d'où il détient sa fortune, et c'est précisément cette opacité sur l'origine des fonds qui constituerait pour le pays et pour la démocratie un réel danger. Selon des indiscrétions recueillies ça et là, certains candidats pour échapper à la justice à la suite de malversations financières dans l'exercice de leur fonction, auraient carrément créés des formations politiques, sinon, ils sont tête de liste pour s'assurer une immunité parlementaire. Le fait qu'un parti comme le Front national algérien au regard de ses difficultés financières ne cache même pas, qu'il assurera le financement de sa campagne en fonction des ressources disponibles, qu'il récolterait auprès d'individualités disposées à payer pour entrer dans l'hémicycle du boulevard Zighout Youcef en dit long sur la probité et la compétence de certains candidats appelés à légiférer sur l'avenir de l'Algérie. La politique est devenue une affaire de gros sous, et non plus de militantisme pour la défense des générations futures, de la sécurité nationale, sinon de l'intérêt national. Certains partis politiques et non des moindres comme les deux grosses cylindrées que sont le FLN et le RND ou à un degré moindre le Parti des travailleurs n'ont pas hésité à dénoncer la prévisibilité de l'arrivée de fonds occultes provenant de «l'internationale mouvance islamiste», à la suite d'un certain nombre de voyages faits par les chefs de partis islamistes à l'étranger. Louisa Hanoune, SG du PT , avec Amara Benyounès secrétaire général du Mouvement populaire algérien (MPA) ont été les premières personnalités politiques à dénoncer publiquement le recours aux fonds étrangers pour financer la prochaine campagne électorale, par notamment les islamistes, dont les chefs de file se sont rendus dans certaines capitales arabes connues pour avoir subventionné en pétrodollars et en armes le «printemps arabe», ou en Turquie, pays membre de l'Otan, ce qui n'est pas un détail, qui, pour rappel a participé activement à la guerre en Libye. Les chefs des partis islamistes ont rencontré également de richissimes hommes d'affaires prêts à signer à blanc des chèques en dollars pour battre les conservateurs du RND et du FLN, ainsi que la mouvance des partis progressistes et démocrates. Ce qui est bizarre, c'est que le gouvernement et les deux formations politiques formant l'actuelle alliance au pouvoir, ne semblent guère percevoir la menace à sa juste mesure, ou auraient tendance à la minimiser, alors qu'ils n'ignorent pas quel a été le rôle des financements du Qatar ou de l'Arabie Saoudite dans le déclenchement de l'insurrection armée en Libye, sinon en Syrie, autrement dans le déroulement des tapis pour renverser des régimes puissamment installés tels que celui de Ben Ali, ou de Moubarak. Le peuple algérien redoute un retour à la violence. Ce ne sont pas les moyens étatiques du contrôle des sources de financement qui manquent, mais, ce qui fait peur serait l'inaptitude de l'Etat à juguler les sources de financement provenant de l'argent sale local, ou celui provenant de l'étranger empruntant des chemins détournés comme celui des bureaux de change activant dans l'informel. S'il n'y a pas de preuves, comme le déclarent volontiers les islamistes et leurs adversaires politiques, c'est que voies et moyens ont été tellement sophistiqués, qu'il est presque impossible de passer de la suspicion à l'étouffement de ces sources de financement occultes. Il existe certes des contrôles pour dénicher la provenance des fonds illégaux par des examens plus ou moins réguliers de la commission du contrôle financier de l'Etat, mais, comme il n'y a pas la possibilité de faire de la fumée sans feu, ce n'est pas par hasard que d'éminentes personnalités politiques algériennes s'insurgent publiquement en mettant comme l'a fait Miloud Chorfi, porte-parole du RND, mettant en garde les partis enclins à violer la loi par «l'usage de fonds étrangers pour le financement de la campagne électorale au regard de leurs implications dangereuses sur les intérêts du pays et du peuple», pendant que le FLN avertit que «l'acceptation d'aides financières de l'étranger risque d'hypothéquer non seulement la décision et la souveraineté nationale, mais aussi la sécurité et la stabilité du pays». L'Algérie n'a pas peur des obscurantistes, mais elle a peur que les mêmes erreurs se reproduisent semblablement aux années 90, lesquelles se sont soldées par 200 000 morts, des milliers de déplacés, des centaines de milliers de blessés, en bref, par une décennie où le feu et le sang avaient écumé nos terres. L'Algérie n'a pas peur de l'islam, elle a peur de lobbys l'instrumentalisant à des fins scandaleusement politiques ou maffieuses. Les derniers sondages effectués à la demande d'El Watan attribuent aux islamistes 2% des intentions de vote, fort possible, à la seule condition que l'argent, que ne manqueront pas de distribuer les islamistes, ne serve pas à acheter les résultats d'un scrutin que d'aucuns estimeraient que leur victoire est acquise. C'est toujours cet excès de confiance qui a profité aux partis islamistes. Même si les propos rassurants du chargé de l'information du Mouvement En-nahdha, Mohamed Hadibi tranquilisent en appelant avec insistance à l'intervention de l'Etat pour «contrôler les sources de financement des campagnes électorales des partis, et empêcher les détenteurs de fonds d'accéder au Parlement en tête de liste après avoir acheté les voix des citoyens», appelant dans la même foulée déclarative le ministère de l'Intérieur à «renforcer le contrôle des sources de financement des campagnes électorales des partis notamment pour ce qui est des aides financières étrangères», selon l'APS. Cette campagne électorale laisse planer bien des zones ombrageuses, bien des menaces, bien des ramifications extérieures, bien des ambitions démesurées de certaines personnalités politiques pour ne pas craindre le pire, celui d'hypothéquer la souveraine Algérie et ses énormes ressources à des puissances impérialistes et néocoloniales pour les siècles à venir.