Après Béjaïa et Oran, c'est à Annaba que Mme Hassiba Mokraoui, directrice générale de l'Agence nationale d'intermédiation et de régulation foncière (Aniref) a organisé, jeudi, le séminaire régional sur le thème «Foncier et investissement, vecteurs de développement». Plus qu'une rencontre d'explication, ce séminaire devrait servir de rampe de lancement de la plus importante offre d'assiettes de terrain industriel au profit des investisseurs. Dans ses bagages, la patronne de l'Aniref a ramené plus de 9 700 ha. Ils seront cédés dans les mois à venir aux plus offrants sous forme de concession d'une durée initiale de 33 ans. Pour mieux préciser la finalité de cette opération, Mme Mokraoui a fait appel à des cadres et consultants de son département ainsi qu'au directeur général du domaine national, et celui de la Ceneap. Ce qui a permis à Yassine Ould Moussa, Mohamed Himour, Yakout Akroune, El-Hadi Mekboul, Mohamed Kaci, Abdelmadjid Bouras, Mohamed Larbi Maïza et Touagh Nourredine de donner leur vision sur un grand nombre de questions. Il s'agit notamment de celle ayant trait à la problématique du foncier et de l'investissement, le dispositif législatif dédié à l'investissement et le mode d'emploi pour accéder au foncier, l'état des lieux des réalités économiques des régions Est, le programme national des nouvelles zones industrielles, la présentation des zones industrielles et des opportunités d'investissement dans la région Est, le modèle d'aménagement et de gestion de nouvelles zones industrielles, et le marketing territorial et développement local. Mais c'est certainement le thème sur la promotion du foncier industriel qui a retenu le plus l'attention. Il contenait la totalité des informations recherchées par les opérateurs économiques et investisseurs. Consciente qu'elle était attentivement suivie dans son intervention par les potentiels investisseurs venus en nombre, l'intervenante a précisé à l'adresse de ces derniers : «C'est une évidence de dire, aujourd'hui, que notre pays doit réduire de façon substantielle sa dépendance vis-à-vis des hydrocarbures. Or, cet objectif stratégique ne peut se réaliser sans une puissante dynamique d'investissement, sous-tendue par une offre territoriale attractive et moderne.» Et comme pour éviter toute incompréhension de son auditoire composé d'opérateurs économiques, investisseurs, présidents et membres de différentes chambres de commerce et d'industrie des wilaya du nord-est du pays, universitaires, hommes de loi et de droit et cadres supérieurs de différentes institutions de l'état venus de Constantine, Annaba, Skikda, Souk-Ahras, Tébessa, Guelma, Tarf, elle a abordé les mesures incitatives. Celles-ci ont été édictées en Conseil des ministres le 22 février 2011 suivies du Conseil national de l'investissement. Ces mesures ont été prises dans le cadre de la redynamisation de l'investissement productif. Les participants à la rencontre ne pouvaient espérer mieux en guise d'entrée en matière. Ils étaient venus tôt le matin pour occuper la salle de conférences de l'hôtel Sabri de Annaba. Le ton avait été donné par le discours d'ouverture prononcé successivement par Mohamed Ghazi, wali de Annaba, et Hani Abdelrazak, secrétaire général du ministère de l'Industrie, de la PME et de la Promotion de l'investissement. L'un et l'autre furent brefs dans leurs discours d'ouverture cde la manifestation. Il y avait de quoi à l'écoute des mesures édictées qui, de fait, font sauter le protectionnisme frileux de l'état sur le foncier industriel pour une ouverture sans pudeur. La première porte sur la procédure du gré à gré comme unique mode d'octroi de la concession de terrains du domaine privé de l'état destinés à l'investissement par arrêté du wali, sur délibération du Calpiref et après accord du ministère sectoriellement compétent. La seconde précise la mission assignée à l'Aniref au titre de promoteur de foncier industriel à travers la prise en charge d'un programme national de réalisation de 39 nouvelles zones industrielles. Et les mêmes mesures précisent de nombreux avantages. Entre autres, celui du bénéfice d'abattements sur les redevances locatives avec pour objectif d'impulser la dynamique d'investissement et de croissance dans toutes les régions du pays. L'Aniref s'y est consacrée d'octobre 2009 à mars 2011. L'on ne reviendra pas sur les performances réalisées dans le temps et dans l'espace par l'Aniref en termes de concessions foncières cédées aux enchères (161 actifs sur les 227 qu'elle détenait et formant globalement une superficie de 211 ha dans 30 wilayas). L'on s'attardera cependant sur les questions que d'aucuns se sont posés. Notamment si les concessions cédées ont été aussitôt mises en exploitation ou si elles sont tombées dans les mains de spéculateurs bien introduits dans les rouages des institutions de la république. D'autant que dans son intervention, la directrice de l'Aniref a bien spécifié que «… ces concessions vont générer, à terme, un volume d'investissements déclarés de 50 milliards DA et une projection de création de 12 764 emplois directs». Est-ce à dire qu'après avoir concédé des biens proposés depuis octobre 2009, l'Aniref n'a toujours pas atteint «ses projections» fixées à la création de sa structure tant en termes de montant des investissements que de créations d'emplois directs ? Les investisseurs, rendus sceptiques par des dispositions constamment mises en échec, ont désormais des réflexes de consommateurs. Ils défendent moins leurs idées que leurs intérêts. Ce scepticisme semble avoir été pris en charge par l'Aniref en décidant de créer 39 zones industrielles pour couvrir tout le territoire national ; elles sont en droite ligne des orientations du Schéma national d'aménagement du territoire. L'agence s'est préalablement couverte d'une batterie de décrets exécutifs dont ceux portant sur «la déclaration d'utilité publique de l'opération relative à la réalisation de 36 zones industrielles (Jijel, Bel-Abbes etMila non concernées), le déclassement de parcelles de terres forestières ou à vocation forestières qui concernent les sites de Annaba et Guelma, le déclassement de parcelles de terres agricoles ou à vocation agricoles de 20 sites, le projet de mandat type d'aménagement à conclure entre les domaines et l'Aniref, les différents cahiers des charges encadrant les études d'impact sur l'environnement, les études géotechniques et la maîtrise d'œuvre et celui portant accord-cadre de financement du programme de réalisation des 39 zones industrielles conclu entre l'Aniref et le FNI. Pour bien maîtriser l'ensemble de ces actions à réaliser dans 33 wilayas couvrant 8 espaces de programmation territoriale, l'Aniref envisage recruter au niveau local des cadres et techniciens spécialisés. Design pompeux pour une opération trompe l'œil ou est-ce véritablement une ouverture du marché du foncier à tous les investisseurs sans exception ? La question était dans toutes les discussions de la majorité des participants à ce séminaire régional de Annaba sur le foncier industriel vecteur de développement. «Pour notre part, je puis vous assurer, Mesdames et Messieurs, qu'aucun effort, qu'aucun partenariat, ni collaboration ne seront épargnés pour contribuer au développement des wilayas de cette région, en réalisant, dans les meilleurs conditions possibles, les zones industrielles qui y sont programmées et donner, ainsi, un sens concret au thème générique de notre rencontre de ce jour.» C'est avec cet engagement que Mme Hassiba Mokraoui a ponctué son intervention.