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Voiture Renault Algérie fin 2012, réserves de change sécurisées, réserves de gaz de schiste équivalentes à celles des USA
Publié dans La Nouvelle République le 18 - 04 - 2012

Il s'agit impérativement d'éviter tant la sinistrose que l'euphorie en répercutant des informations sans analyses préalables et surtout sans recouper les sources, jouant sur la faiblesse de la culture des Algériens. L'objet de cette contribution, sans polémique, est d'analyser la teneur de ces affirmations afin d'éclairer l'opinion algérienne.
1.- La première affirmation est celle du ministre de l'investissement d'une capacité dérisoire fin 2012 l'Algérie produira des voitures Renault Algérie entre 50 000/75 000 unités/an alors que les normes internationales pour les voitures de moyenne gamme vont vers 300 000/740 000 unités/an. Or, selon nos informations, outre la règle des 49/51% qui fait fuir bon nombre d'investisseurs, alors qu'il aurait été plus juste pour les intérêts de l'Algérie d'établir d'autres critères dont la balance technologique et financière positive, Renault Nissan étant une multinationale ayant une stratégie internationalisée et ayant des ententes oligopolistiques avec d'autres constructeurs pour se partager le marché mondial, après l'investissement à Tanger, il est peu probable qu'elle voie le jour. A moins que le gouvernement algérien ne décide de supporter l'investissement seul, mais avec des coûts et des prix élevés. Etant à l'ère de la mondialisation et au sein d'une économie ouverte, cette unité made in Algérie 100% ne tiendra pas la route dans le temps. A moins et comme cela se passe pour la majorité des entreprises publiques structurellement déficitaires, le Trésor supporte ce déficit sachant qu'il a consacré plus de 50 milliards entre 1991/2011 mais dont 70% sont revenues à la case départ. Tant qu'il y aura des hydrocarbures. 2.- La seconde déclaration est celle du gouverneur de la Banque d'Algérie qui rejoint celle du ministre des Finances, qui affirme que les réserves de change algériens placées à l'étranger estimées à plus de 90% tant en bons du Trésor américains qu'en obligations européennes sont sécurisées. Or, 20% étaient placées dans des banques internationales privées avant la crise de 2008, part ramenée à 2% fin 2010. Que s'est-il passé entre-temps lorsque certaines de ces banques ont fait faillite ou ont été décotées ? Autre affirmation, la crise de l'endettement des Etats ne pose pas de problèmes à l'Algérie et le rendement des placements dans des banques centrales garantis par les Etats rapportent beaucoup plus que celles des banques privées, ce qui est contraire aux pratiques des affaires internationales A moins que l'Algérie soit la seule exception dans le monde. Enfin le gouverneur affirme que depuis 1994, date où le FMI a imposé la dévaluation, il n'y pas de dévaluation mais un glissement du dinar qui conserve son triple A. Or la dépréciation du dinar a été de plus de 300% depuis 1992, l'écart entre le marché parallèle et la cotation officielle entre 2011/2012 est plus de 40% et avec de nombreux experts et opérateurs, je ne vois pas la différence. Certes , sans hydrocarbures, la valeur du dinar qui ne tient en partie que grâce aux recettes des hydrocarbures, serait cotée sur le marché libre entre 300 à 400 dinars un euro (dévaluation entre 300% et 400% ) puisque l'Algérie est en syndrome hollandais : 98% d'exportations représentées par les hydrocarbures brut et semi-brut ( important même du gasoil et de l'essence super sans plomb pour plusieurs millions de dollars ) et important 70/75% des besoins des entreprises publiques et privées (taux d'intégration ne dépassant pas 10/15%). Mais, paradoxe, la Banque d'Algérie dévalue le dinar par rapport tant à l'euro qu'au dollar lorsque ces devises baissent par le passé pour le dollar et depuis décembre 2011 par rapport à l'euro. L'explication essentiellement politique est de freiner les importations, avec peu d'effets, comme le montrent les dernières statistiques douanières, du fait de l'importance de la dépense publique non maîtrisée (480 milliards de dollars entre 2004/2013). Cela a plus une répercussion sur les prix des biens par l'amplification de l'inflation importée, et comme impact direct le gonflement de la fiscalité pétrolière et le fonds de régulation des recettes pour la cotation vis-à-vis du dollar. Il existe une loi économique : toute dévaluation devrait dynamiser les exportations. Or, en Algérie, les exportations hors hydrocarbures depuis des décennies stagnent à 2/3%, montrant que le blocage est d'ordre systémique. 3.-La troisième déclaration est celle du ministre de l'Energie qui affirme que les réserves de gaz de schiste sont équivalentes à celles des USA. Et ce, après que la majorité des experts internationaux, tenant compte tant des exportations mais également de la forte consommation intérieure du fait du bas prix, souvent oubliée dans les quantifications de la durée des réserves, en termes de rentabilité financière, tenant compte des coûts et des importantes mutations énergétiques mondiales, que l'Algérie serait importateur net de pétrole dans moins de 15 ans et 25 ans pour le gaz conventionnel. Je précise pour les lecteurs non initiés que le gaz non conventionnel est contenu dans des roches sédimentaires argileuses très compactes et très imperméables, qui renferment au moins 5 à 10 % de matière organique. Généralement la profondeur d'exploitation des shale gas est de l'ordre de 1 500 à 3 000 mètres, soit de un à plusieurs kilomètres au-dessous des aquifères d'eau potable. La fracturation de la roche suppose par ailleurs d'injecter de 10 à 15 000 m3 d'eau à haute pression et du sable. Une partie de l'eau qui a été injectée pour réaliser la fracturation hydraulique peut être récupérée (20 à 50 %) lors de la mise en production du puits mais cela suppose un traitement approprié. Le sable injecté combiné à des additifs chimiques a pour but de maintenir les fractures ouvertes une fois la fracturation hydraulique effectuée, afin de former un drain pérenne par lequel le gaz va pouvoir être produit. Cependant de nombreux gisements sont enfouis sous des nappes phréatiques, et avec la remontée du gaz, le liquide de fracturation peut parfois atteindre ces nappes, et se mêler à l'eau, qui devient alors impropre à la consommation. Selon un rapport rédigé par la commission de l'énergie et du commerce de la Chambre des représentants américaine, l'exploitation du gaz de schiste a entraîné l'utilisation de «plus de deux mille cinq cents produits chimiques pour la fracturation hydraulique, contenant sept cent cinquante substances chimiques dont vingt-neuf sont connues pour être cancérigènes, ou suspectées telles, ou présentant des risques pour la santé et l'environnement». Toujours est-il qu'il n'existe aucune statistique internationale, de la part d'organismes mondiaux reconnus en la matière, qui confirme les données du ministre de l'Energie. Selon les dernières estimations établies par l'Agence internationale de l'énergie (AIE), en 2011 (voir graphe ci-joint) nous avons les réserves mondiales de gaz de schiste suivantes, en milliards de mètres cubes gazeux : Chine 36.120, USA 29.500, Argentine 21.900, Mexique 19.300, Afrique du Sud 13.700, Libye 8.200 et l'Algérie 6.500 et non pas les réserves des USA. L'Algérie a-t-elle établi une carte géologique fiable confirmant ces assertions ? Ce sont les gisements prouvés. Pour l'EIA cette nouvelle évaluation majorerait les réserves de gaz techniquement extractibles dans le monde de 40% et les porterait à 640 000 milliards de m3,soit plus du triple des réserves mondiales de gaz conventionnel dont d'ailleurs des découvertes importantes se font chaque jour avec une concurrence accrue expliquant d'ailleurs les déboires du projet Galsi (8 milliards de mètres cubes gazeux) toujours en gestation et qui n'est pas près de voir le jour, étant trop tard si le projet russe de South Stream de 65 milliards de mètres cubes gazeux devient opérationnel en 2014/2015. Pour l'Algérie, le grand problème autant que pour les énergies renouvelables dont le solaire (ce dernier devant l'être dans le cadre du Maghreb, comme le soulignent les experts de Desertec), dont le ministère de l'Energie a prévu le montant de 60 milliards de dollars, est le suivant : est-ce que l'on a préparé la ressource humaine ? Il ne s'agit pas d'une gestion d'argent, le gouvernement actuel étant mû par l'unique dépense monétaire vision de gouvernance bureaucratique des années 1970. Si l'on veut développer ce gaz ou le solaire, il faut d'ores et déjà préparer la formation adéquate. Sinon le poste services (compétences étrangères) qui est passé de 2 milliards de dollars en 2002 à plus de 11 milliards de dollars en 2011, dont le segment des hydrocarbures accapare aujourd'hui une grande part, risque d'être multiplié par cinq, sinon plus. Dans ce cas, on serait passé d'une dépendance à une autre sans réaliser le développement au moment où la population algérienne dans 25 ans approchera les 50 millions d'habitants. En effet, sans savoir et un bon management stratégique, combien coûtera ce transfert technologique ? En incluant le coût du brevet, quelle sera la rentabilité financière ? Sonatrach n'ayant pas le savoir- faire avec une déperdition importante de ses cadres, cette exploitation nécessitant un bon partenariat, les compagnies internationales accepteront-elles - autant d'ailleurs que pour les gisements marginaux de gaz conventionnel ou de pétrole - la règle du 49/51% et les dispositions fiscales actuelles, étant entendu que pour les grands gisements cette règle ne pose pas de problè- mes ? Rien n'est moins évident posant d'ailleurs l'urgence de la réorientation de l'actuelle politique économique. Le développement du gaz de schiste, le marché étant fortement segmenté, freine le développent des constructions des GNL. Quelle sera alors la politique algérienne dans ce domaine ? A-t-on prévu les moyens de lutte contre la détérioration de l'environnement pris en charge actuellement dans les pays développés ? L'Algérie étant un pays semi- aride qui manque d'eau et ce gaz de schiste a-t-on fait les extrapolations d'arbitrage entre la consommation des populations, des secteurs économiques industrie et agriculture et la part pour l'utilisation de ce gaz ? En résumé, au moment où le monde est devenu une grande maison en verre (révolution des nouvelles technologies), on ne mobilise pas une population par des déclarations intempestives mais par des discours de vérité, si l'on
veut éviter le divorce croissant Etat-citoyens. Un discours de vérité s'impose passant par un déverrouillage des médias lourds algériens qui sont en monopole colportant plus des rumeurs que des discours collant avec la réalité locale et mondiale. Les problèmes cruciaux du domaine géostratégique qui engagent l'avenir de l'Algérie, donc de nos enfants, ne sont pas abordés actuellement ou déformés. Ainsi, s'impose un Etat de droit et une nouvelle gouvernance par plus d'espaces de liberté au sens large, si l'on veut éviter la marginalisation inévitable de l'Algérie en ce monde turbulent où toute nation qui n'avance pas recule forcément.


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