L'Algérie veut s'engager dans des projets de gaz de schiste. Mais réussira-t-elle à concilier environnement et profitabilité ? C'est une des questions majeures qui a alimenté le débat organisé à la faveur du workshop sur le gaz de schiste, dont les travaux ont pris fin hier à Oran. Il se trouve que le pays renferme un potentiel de gaz de schiste et ambitionne d'en tirer profit. C'est légitime. L'Algérie est classée parmi les dix premiers pays dans le monde pour ce qui est des réserves en gaz de schiste. La déclaration émane du vice-président du groupe énergétique international Statoil, Aoued Kaddourn, cité par l'APS. Il rejoint ainsi les propos exprimés lundi par le ministre de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi, qui a indiqué que l'Algérie dispose de très grandes réserves de gaz de schiste en divers endroits du territoire national. Le volume précis de ces réserves nécessite une étude approfondie, a-t-il précisé. Le potentiel évoqué est au moins comparable aux plus importants gisements américains. De quoi susciter les intérêts des compagnies pétrolières et gazières qui ont du mal à mettre en œuvre des projets dans ce domaine, parce qu'elles sont confrontées à l'hostilité de la société civile, notamment en Europe et au Canada. L'environnement a constitué une question centrale dans le workshop d'Oran. Le ministre de l'Energie et des Mines s'attelle à introduire de nouvelles dispositions dans la législation actuelle sur les hydrocarbures, pour justement encourager l'exploration et l'exploitation du schiste, sans perdre de vue les aspects environnementaux. Des opérations d'exploration exigent essentiellement l'utilisation de hautes technologies et une connaissance exacte des coûts et des répercussions géologique et environnementale, ainsi que l'explique le ministre. Les coûts de réalisation d'un forage pour l'exploitation de gaz de schiste en Algérie varient entre 10 et 15 millions de dollars. Les gaz de schistes, constitués essentiellement de méthane, sont, selon les spécialistes, de même composition chimique que le gaz naturel. Ce sont des gaz dits non conventionnels, car ils se distinguent par leurs caractéristiques géologiques par rapport aux gaz conventionnels. Les premiers sont prisonniers de roches compactes et dures, et ne peuvent être extraits que par des techniques particulières alliant la fracturation hydraulique et le forage horizontal. Les seconds (gaz conventionnels) se trouvent sous forme de poches de gaz facilement récupérables par forage vertical. Toutefois, le procédé d'extraction dont usent les compagnies pétrolières et gazières est décrié par les écologistes, car il est sérieusement nuisible à l'environnement, notamment à la nappe phréatique. Y. S.