C'est de reprise «timide, fragile et assortie de risques persistants», qu'a qualifié la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, le rythme actuel de l'économie mondiale, en réitérant son appel pour renflouer les caisses de l'institution financière qu'elle dirige. Dans une conférence de presse tenue jeudi au siège du FMI, Lagarde a considéré qu'«il souffle en ce printemps un léger vent de reprise, mais qui s'accompagne aussi de nuages menaçants». Selon elle, la zone euro est «l'épicentre du risque potentiel», estimant que l'Europe a franchi «des étapes significatives au cours des derniers mois» et amélioré sensiblement le «pare-feu» de la zone euro, soutenant que tous les engagements économiques et financiers devraient être tenus. Elle a préconisé que les responsables politiques européens doivent poursuivre leurs efforts en les amplifiant notamment par des politiques énergiques au niveau national, l'appui de la Banque centrale européenne, la remise en état du système bancaire et l'intégration budgétaire. Concernant les pays émergents, elle a souligné que ces derniers devraient surtout relancer leur consommation interne et assurer une bonne gestion des flux de capitaux. Pour les pays à faibles revenus, elle a relevé la nécessité du renforcement du Fonds fiduciaire pour la croissance et la réduction de la pauvreté (FRPC), en avançant que le FMI va lancer un appel aux pays pour renflouer les ressources du FRPC. Lui succédant dans cette conférence de presse, le président sortant de la Banque mondiale (BM), Robert Zoellick, a déclaré que les dirigeants européens devaient soutenir la croissance tout en luttant contre la crise de la dette souveraine, en indiquant que les gouvernements ne devaient «pas seulement se concentrer sur des mesures d'austérité et de stabilité macroéconomique», mais aussi sur la croissance. La BM a indiqué, dans un rapport que la création de l'emploi dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (Mena) dépendait essentiellement de la réglementation régissant les activités économiques et commerciales et de la bonne gouvernance. «Trois moyens d'actions sont essentiels pour créer de l'emploi durable dans la région Mena : gestion macroéconomique prudente, réglementation judicieuse de l'activité économique et bonne gouvernance», Dans ce sens, cette institution financière internationale recense les mesures qui pourraient aider les pays de la région à lutter efficacement contre le chômage. S'agissant des perspectives de croissance dans la région Men, le rapport indique une croissance globale de 4,8% en 2012, contre 3% en 2011. Par ailleurs, une enquête réalisée en 2011 par la BM, dans 148 pays, a révélé que les trois quarts de la population pauvre du monde ne possèdent pas de compte bancaire pour des raisons ayant trait non seulement à la pauvreté mais aussi aux frais à engager et aux distances à parcourir, alors que dans les pays à revenu élevé, 90% des adultes disposent d'un compte dans une institution financière officielle. Pour Robert B. Zoellick, «l'offre de services financiers aux 2,5 milliards de personnes qui en sont dépourvues pourrait stimuler la croissance économique et la création d'opportunités pour les populations pauvres de la planète». Dans le même contexte, le Groupe des 24 a appelé les pays avancés, dont notamment ceux de la zone euro, à mener des réformes structurelles plus vigoureuses et a insisté pour que le renforcement de la capacité de prêt du FMI, doit reposer sur «un ferme engagement de réforme de sa gouvernance». Le G24 a constaté que qu'en dépit d'une récente amélioration, la reprise de l'économie mondiale demeurait fragile malgré des mesures prises récemment par les pays de la zone euro, avec des effets négatifs sur la croissance dans de nombreux pays émergents et pays en développement.