La Directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, s'est montrée peu satisfaite du rythme actuel de la reprise économique mondiale et a, encore une fois, renouvelé son appel pour renflouer les caisses de l'institution financière qu'elle dirige. Dans une conférence de presse tenue jeudi au siège du FMI à l'occasion de la réunion de printemps des institutions de Bretton Woods, la patronne du FMI a considéré que la reprise économique est ''timide, fragile et assortie de risques persistants''. ''Il souffle en ce printemps un léger vent de reprise, mais qui s'accompagne aussi de nuages menaçants", a-t-elle déclaré. Selon elle, la zone euro est ''l'épicentre du risque potentiel", estimant que l'Europe a franchi "des étapes significatives au cours des derniers mois" et amélioré sensiblement le "pare-feu" de la zone euro. Saluant les efforts européens pour circonscrire la crise de la dette, elle a soutenu que tous les engagements économiques et financiers devraient être tenus. En Europe et ailleurs, les mesures prises par les pouvoirs publics ont aidé à réduire les facteurs de vulnérabilité, selon elle, ajoutant que grâce aux efforts déjà consentis, il sera possible de prendre un peu de recul pour approfondir la réflexion et persévérer dans l'action qui reste nécessaire. Compte tenu des risques que posent les tensions souveraines et financières, les responsables politiques européens doivent poursuivre leurs efforts en les amplifiant, a-t-elle préconisé, et ce, notamment par des politiques énergiques au niveau national, l'appui de la Banque centrale européenne, la remise en état du système bancaire et l'intégration budgétaire. Elle a souligné, toutefois, qu'avec l'économie mondiale interconnectée, un solide pare-feu européen ne peut être qu'une partie de la solution, alors qu'un pare-feu mondial plus solide aidera à assurer une protection pour tous les pays, y compris ceux qui ne sont pas directement touchés par la crise. Concernant les pays émergents, elle a souligné que ces derniers devraient surtout relancer leur consommation interne et assurer une bonne gestion des flux de capitaux. Pour les pays à faibles revenus, elle a relevé la nécessité du renforcement du Fonds fiduciaire pour la croissance et la réduction de la pauvreté (FRPC), en avançant que le FMI va lancer un appel aux pays pour renflouer les ressources du FRPC. En outre, elle a encore plaidé en faveur d'une augmentation des ressources du FMI comme ''élément d'un pare-feu mondial renforcé''. Pour que le FMI soit aussi efficace que possible, il faut accroître ses ressources, a-t-elle dit, saluant les manifestations encourageantes de soutien de pays membres qui ont annoncé leur contribution pour augmenter les ressources de l'institution. Le FMI avait lancé en janvier dernier un appel pour accroître ses ressources financières à hauteur de 400 milliards de dollars, avec l'objectif d'éviter un effet de contagion de la crise de la dette en Europe. Les ministres des Finances du G20 se réuniront demain vendredi à Washington pour débattre de la question, alors que l'obtention d'engagements fermes s'annonce difficile surtout de la part des Etats-Unis et du Canada, alors que la Chine, le Brésil et la Russie se sont dit prêts à contribuer à l'effort financier, mais à condition d'obtenir en échange davantage de droits de vote au sein du FMI. Lui succédant dans cette conférence de presse, le président sortant de la Banque mondiale, Robert Zoellick, a déclaré que les dirigeants européens devaient soutenir la croissance tout en luttant contre la crise de la dette souveraine. Robert Zoellick, qui sera remplacé à la tête de l'institution au mois de juin par un autre Américain Jim Yong Kim, a indiqué que les gouvernements ne devaient "pas seulement se concentrer sur des mesures d'austérité et de stabilité macroéconomique", mais aussi sur la croissance. Il a, par ailleurs, exhorté l'Europe à assouplir certaines règles de Bâle III sur les capitaux. Interrogé aussi sur la décision de l'Argentine d'exproprier la compagnie pétrolière et gazière YPF, le président de la BM a qualifié cette décision de ''mauvaise''. Le gouvernement argentin a annoncé en début de semaine l'expropriation de la filiale de la compagnie pétrolière espagnole Repsol YPF.