Le coordonnateur américain pour le contre-terrorisme au département d'Etat, Daniel Benjamin, a indiqué mercredi dernier devant le Congrès que les récents événements au Mali ont permis une «présence importante» d'AQMI dans les villes nord maliennes, mais que cela ne devrait être que «temporaire». Le coordonnateur américain pour le contre-terrorisme au département d'Etat, Daniel Benjamin, a indiqué mercredi dernier devant le Congrès que les récents événements au Mali ont permis une «présence importante» d'AQMI dans les villes nord-maliennes, mais que cela ne devrait être que «temporaire». Rappelant les opérations menées par le Mouvement pour la libération nationale de l'Azawad (MNLA) pour occuper les grandes villes de Gao, Kidal et Tombouctou, et par la faction dissidente Ansar al-Din, le patron du contre-terrorisme du département d'Etat a affirmé que cette situation a permis à l'AQMI «une plus grande liberté de mouvement et d'accès aux ressources». A ce propos, il s'est interrogé sur le fait que si «l'AQMI a depuis longtemps de douteuses aspirations régionales et que ses dirigeants espèrent tirer profit de l'instabilité actuelle au nord-ouest de l'Afrique, ce qui n'est pas encore clair, c'est comment il compte véritablement capitaliser les développements récents» dans la région. Affirmant que les Etats-Unis «ont fait des progrès avec des partenaires choisis» dans la région, M. Benjamin a tenu à préciser que «l'Algérie, la Mauritanie et le Niger ont obtenu des résultats réels contre l'AQMI». Dans ce sens, il a soutenu que ces pays «conservent une forte volonté politique de lutter contre le terrorisme». Il a aussi admis que la crise libyenne «a résonné à travers les frontières en touchant profondément des pays» du Sahel et de l'Est du continent. Cette situation «a sensiblement modifié la situation au Mali et soulevé aussi des préoccupations en Algérie, au Tchad, en Mauritanie et au Niger». Qui plus est, a-t-il poursuivi, «la rébellion touarègue actuelle et le coup d'Etat au Mali ont été stimulés par ces événements et créé un vide dans le nord du Mali, fournissant à l'AQMI une plus grande liberté de mouvement». Ce groupe, selon lui, «a également bénéficié d'une plus grande capacité à lever des fonds, ce qui a stimulé sa capacité à exploiter la situation actuelle». Affirmant qu'AQMI constitue une menace au Mali et dans la région, M. Benjamin a fait savoir que «le gouvernement américain prend cette menace au sérieux et poursuit ses efforts pour la contrer». Abordant les menaces sécuritaires en Afrique en général, il a constaté qu'un certain nombre de facteurs ont convergé ces dernières années pour créer de «nouvelles opportunités inquiétantes» aux organisations terroristes, en particulier dans le Sahel, l'Afrique de l'Est et dans la Corne de l'Afrique. Dans l'ensemble du continent, «les frontières poreuses et les moyens limités pour les contrôler ont fourni l'occasion aux groupes terroristes, tels que AQMI, Boko Haram (Nigeria) et Al-Shabab (Somalie) à étendre à la fois leurs liens, les entraînements et l'exportation de leurs tactiques terroristes, ce qui accroît l'instabilité régionale», a-t-il développé. Cependant, a-t-il ajouté, «le gouvernement américain est déterminé à aider les pays de la région à inverser la tendance et à mener la lutte pour éliminer cette menace en renforçant leur capacité à prévenir le recrutement, à réduire les refuges terroristes, à entraver la liberté de mouvement terroriste et à prévenir d'autres attaques». Sur ce point, il a préconisé que «le succès de cet effort nécessitera un engagement à long terme et à œuvrer au renforcement des partenaires». Pour le patron du contre-terrorisme du département de Hillary Clinton, «les Etats-Unis reconnaissent que les mesures militaires ne suffiront pas à enrayer la menace terroriste dans la région, et qu'ils doivent aider ces pays à renforcer leurs institutions civiles, la promotion de la primauté du droit et à répondre aux conditions sous-jacentes qui alimentent le terrorisme et l'extrémisme violent». Selon lui, «toutes les actions des Etats-Unis sont opérées dans un contexte d'engagement diplomatique vigoureux», citant les consultations formelles bilatérales avec de nombreux pays. En effet, a-t-il affirmé, «nous croyons que la meilleure stratégie pour faire face à AQMI est de travailler avec les gouvernements de la région à accroître leur capacité, à favoriser la coopération régionale et à lutter contre l'extrémisme violent». En passant en revue les différentes menaces terroristes à travers les pays de l'Est africain et du Sahel ainsi que les dispositifs mis en place, M. Benjamin a avancé que si «les défis peuvent sembler intimidants, la réalité est beaucoup plus encourageante».