Dans une interview accordée à Jeune Afrique, Ryad Boudebouz confirme sa disponibilité à répondre aux exigences du sélectionneur national Vahid Halilhodzic, à savoir maintenir la forme et pousser vers un niveau supérieur. Cette exigence repose sur un des objectifs du commandant de bord, en l'occurrence, faire de lui «un cadre de la sélection». Il le dit tout haut dans cet entretien, «je pense qu'il aimerait que je devienne un des cadres de la sélection. Et moi, je me sens tout à fait prêt à assumer ce rôle. Je suis jeune, mais je n'ai peur de rien». Cette réaction illustre parfaitement l'envie de préserver sa place au sein de l'Equipe nationale et de ne pas s'aligner avec ceux qui préfèrent sortir des rangs en file indienne après avoir bénéficier d'un environnement et d'un espace professionnel qui leur a permis de travailler leur image et de sortir de l'ombre. Ce départ ou ces annonces qui se multiplient, seraient-elles le fruit d'une réaction née de la discipline instaurée par ce sélectionneur ? Certains évoquent la méforme, mais d'autres retirent leurs chaussures de sport pour éviter de faire de bruit. D'ailleurs dans cette interview, le journaliste invite Boudebouz à faire connaître ses impressions après que Karim Ziani et Nadir Belhadj aient été mis dans le registre d'une folle histoire footballistique. En gentleman, Riad refusant toute polémique préfère garder ses distances par rapport à cette fuite en avant de ses collègues. Il dira tout simplement, «je pense que la porte est encore ouverte pour eux. D'après ce que dit le coach, il souhaite surtout que ces joueurs évoluent en Europe et qu'ils soient titulaires. Belhadj et Ziani sont au Qatar et j'ai l'impression que cela ne plaît guère à l'entraîneur. Je crois aussi qu'il veut que Sofiane Feghouli (Valence, ESP) et moi prenions plus d'importance en Equipe nationale…». Une manière diplomatique de regretter leur départ et le dénoncer à la fois. Le sélectionneur a de tout temps mis en garde ceux qui déménagent vers des clubs où le niveau n'est pas bon pour leur avenir, mais l'argent passerait avant tout. L'on se rappelle la déclaration faite par le Bosniaque en direction du football qatari, «vous savez comme moi que le championnat du Qatar n'est pas d'un très haut niveau. Moi, j'ai besoin de former un groupe, et il faut faire des choix. J'attends d'un joueur comme Boudebouz qu'il prenne davantage ses responsabilités. Les jeunes pleins de talent, comme Feghouli ou Cadamuro, font partie d'une génération qui peut jouer ensemble pendant sept ou huit ans, peut-être plus» et de compléter par cette déclaration «avec Sofiane Feghouli et Ryad Boudebouz, il y a beaucoup de concurrence, et Karim Ziani doit l'accepter. Quand on convoque un joueur de ce niveau, ce n'est pas pour le mettre sur le banc. Et je ne peux pas garantir à Ziani une place de titulaire». Le choix est donc fait. Ils n'auront plus cet honneur de porter les couleurs nationales. Ils vivront de très loin, et avec regret certainement, les prochaines rencontres de football. Le passé est revenu dans la discussion à travers cette question posée par le journaliste, «l'Algérie s'est-elle vue trop belle, après ses qualifications pour la CAN et la Coupe du monde 2010 ?». La réponse de Riad illustre parfaitement ce qui le caractérise, en l'occurrence cette franchise débordante, «ce renouveau du football algérien, il va falloir le confirmer. Non, je ne pense pas. Dans ces deux compétitions, nous n'avons peut-être pas montré le meilleur de nous. Mais l'Algérie revenait dans des grands tournois avec des joueurs sans expérience à ce niveau. Halilhodzic veut que nous pratiquions un football offensif. Il est ambitieux, comme nous. Une qualification pour la CAN-2013, c'est le minimum. Moi, ce que je veux, c'est gagner. A la limite, je m'en fous de gagner en jouant bien ou mal !» et d'ajouter «je sais que ma qualité technique peut aussi être un défaut. Il faut parfois que je joue plus simplement, que je dribble moins. Que je travaille davantage défensivement». Ce sont les orientations du sélectionneur lancées en direction des joueurs qui veulent contribuer à la construction d'un meilleur espace pour cette Equipe nationale qui se veut différente et qui se veut aussi performante en tenant compte des mauvais résultats acquis lors des saisons écoulées. Que restera-t-il, à présent, à faire sinon aller secouer les locaux et leur faire imposer la discipline, effacer le mauvais caractère, remettre au placard les comédies qui naissent souvent pour un spectacle vomis par ce sport, respecter le sectionneur, les joueurs adverses et arbitres. C'est cela la règle élémentaire d'un bon joueur professionnel.