Les mathématiques sont devenues, aujourd'hui, un sujet de préoccupation majeur. On en parle beaucoup, mais cela suffit-il pour redonner à cette science en acte, fondement essentiel de la culture, la place qu'elle mérite. Les anciens professeurs, qui étaient des vrais, nous disaient que pour devenir un bon médecin, un philosophe général, un excellent homme de plume dans le domaine romanesque, il fallait avoir acquis un bon niveau en mathématiques, on ne savait pas pourquoi ces disciplines médicales, littéraires ou autres avaient un lien étroit avec les mathématiques. On trouvait cela très étonnant. Mais avec l'âge et l'évolution, on a fini par comprendre que sans raisonnement logique, il n'y avait point d'idées ni d'œuvres compréhensibles et porteuses d'espoir. Une matière fondamentale, les mathématiques L'étude de cette matière débute dès l'entrée à l'école avec des maîtres supposés avoir acquis une bonne formation pédagogique et un bon niveau de culture. La première des qualités d'un véritable enseignant, c'est de savoir communiquer pour mieux faire passer ses messages et focaliser tous les regards sur lui. Ceux qui parlent d'élèves abrutis, bêtes, nuls, limités, indisciplinés, désintéressés, désappointés, déconnectés, se trompent car ils n'ont pas su donner aux enfants dès le début de leur scolarité les moyens qui leur permettent d'être éveillés et de les motiver à l'enseignement qui leur est dispensé. En milieu scolaire, on parle de discipline d'éveil destinée à développer chez les enfants de l'école élémentaire le goût de l'observation, la curiosité intellectuelle, l'attention considérée comme le reflet de l'intellectuel. Cela nous amène à dire que toutes les activités scolaires et extra scolaires sont dans une relation de parfaite complémentarité. Elles doivent se développer comme telles par des méthodes efficaces devant conduite à des résultats fructueux. Lorsqu'on parle de mathématiques en voie d'extinction, il faut nécessairement penser à un défaut dans les méthodes d'enseignement ou à une absence d'activités extra scolaires qui apportent un plus considérable au développement des capacités d'apprentissage. C'est le cas du sport, une pratique indispensable pour l'épanouissement physique qui est en étroite relation avec l'épanouissement moral et intellectuel. Le sport prépare à devenir non pas un agresseur, mais un être respectueux d'autrui, des règles de conduite, de la morale sociale. Le sportif devient sain de corps et d'esprit. L'expérience a montré que la pratique sportive développe les qualités intellectuelles et morales. Comme autres activités d'éveil, il faut citer l'histoire, la géographie lorsque leur enseignement ne procure que du plaisir d'apprendre, le sens patriotique, l'amour du pays, la fierté de vivre dans un pays qui donne à chacun de ses enfants toutes les chances d'être un travailleur compétitif et créatif pour vivre dignement et servir les autres dans le respect de la diversité. Toutes les disciplines ont été inventées au fil des générations pour améliorer l'enseignement et surtout les matières essentielles au développement, au progrès scientifique et technique comme par exemple les mathématiques. Dans les pays avancés, on fait des expériences sur l'utilité des activités d'éveil et extra scolaires, comme la musique. Dans un pays d'Europe de l'Est, les spécialistes en sciences de l'apprentissage ont apporté la preuve que les élèves qui choisissent la pratique musicale, parmi d'autres jeunes qui choisissent le travail manuel ou la peinture ont plus de facilité à apprendre les mathématiques et la musique avec une harmonie des formes pour la première et des sons pour la seconde. Qu'est-ce que les mathématiques ? C'est une science exacte qui s'acquiert au fil de la scolarité, selon une suite de programmes étalés comme des chaînons qui forment une longue chaîne allant du primaire à la terminale. Aussi, un bon élève de 1re année a toutes les chances de devenir bon en 2e année puis en 3e année et jusqu'en classe de terminale, à moins qu'il y ait un accident de parcours : problème de santé, défaillance pédagogique ou absence de suivi. Un bon enseignant qui respecte les principes pédagogiques comme la continuité, la progressivité, l'émulation, l'adaptation, le respect de la différence donne à l'enfant toutes les chances de trouver en fin de cycle secondaire sa vocation de médecin, mathématicien, cultivateur, plombier. Chacun est prédestiné à un métier. Les Japonais ainsi que les Coréens du Sud, les pays d'Europe assurent un enseignement qui évite toute déperdition en cours de scolarité. Chez eux, lorsque 100 000 élèves rentrent à l'école, c'est 100 000 qui sortent du système scolaire avec un diplôme. Il n'y a point sinon peu de candidats à la rue. Un vieux proviseur d'un pays de l'Europe du Nord nous a avoué n'avoir rencontré qu'un seul problème avec un élève au cours de toute sa carrière. Ce n'est pas tout à fait un problème puisqu'il s'agit d'un garçon qui a redoublé sa terminale. Chez eux, on n'a pas besoin de dire à un jeune qu'il doit travailler pour réussir, il le fait spontanément. La lecture doit commencer à partir de l'enfance et elle est obligatoire comme activité qui assure le développement de la concentration, l'imagination, l'observation, l'intelligence, la mémoire. Ce qu'on appelle la culture au vrai sens du mot et qui se définit comme ce qui reste lorsqu'on a tout oublié. Tous les bons écrivains, chefs d'entreprise, instituteurs doués, maire de commune ayant le sens d'une bonne gestion, médecin réputé ont tous un fonds commun de culture mathématique qui a fait d'eux des travailleurs hors catégorie. La culture mathématique correspond exactement à la définition de la culture donnée ci-dessus. Elle nous apporte la preuve que les mathématiques ne sont pas un prétexte pour acquérir des qualités intellectuelles : capacités de mémorisation, intelligence, sens de l'observation, réflexion, imagination qui restent lorsqu'on a oublié ce qu'on a appris dans cette science exacte. Les mathématiques, une science et un langage Il n'y a pas de cloison étanche entre les mathématiques et la langue, ou entre les mathématiques et la littérature. On a connu des génies en mathématiques qui sont en même temps poètes. Pourtant, il n'y a pas de relation entre les équations du second degré, la trigonométrie et la versification. Descartes a été mathématicien et inventeur de la représentation par les axes des abscisses et des ordonnées dans les fonctions. Il a été aussi l'inventeur du Discours de la méthode, philosophie de la rationalité. Tahar Djaout, bien connu pour ses talents d'écrivain atypique, a été un grand et prolifique romancier en si peu d'années qu'il a vécues ; on lui a ôté la vie il y a de cela presque vingt ans, deux décennies au cours desquelles il aurait fait des merveilles. Pourtant, il a eu des diplômes universitaires en mathématiques. L'Algérie connaît aussi un autre du même domaine scientifique et docteur d'Etat en mathématiques qui a produit des romans de grande facture littéraire, il s'agit de Anouar Ben Malek. Il faut citer le dramaturge Mohand Ouyahia qui a opté pour le théâtre jusqu'à sa disparition, alors qu'il a été mathématicien. Cela signifie que l'apprentissage des mathématiques et le raisonnement rationnel ne sont pas étrangers à une bonne acquisition de la langue. Les deux apprentissages peuvent même aller de pair au point de nous faire dire qu'un bon cours de maths peut être aussi un bon cours de langue. Un grand professeur très connu dans le milieu de l'enseignement parce que c'est lui qui a introduit les maths modernes, nous en a, une fois, apporté la preuve concrète par une leçon de géométrie qu'il a bien menée devant des inspecteurs et avec des élèves de niveau moyen. Son langage a été si clair qu'il avait réussi à faire participer tous les élèves, y compris ceux qui n'avait jamais dit un mot depuis le début de l'année avec ses enseignants. Ceci montre bien l'erreur de certains professeurs de maths, physique, comptabilité qui ont toujours pensé que la langue est toujours l'affaire des seuls professeurs de langue qu'ils accusent des mauvais résultats dans leur discipline sous le prétexte qu'ils n'ont aucune capacité d'expression écrite ou orale.