Confinée dans l'anonymat le plus absolu dans de différentes activités économiques et sociales, la wilaya d'El-Tarf occupe ces derniers temps le devant de l'actualité. La récente mise au jour de 1 277 pièces et 383 sites archéologiques ainsi que la récupération par la Gendarmerie nationale d'El-Kala de deux statuettes en métal d'une valeur inestimable, volées du musée de Madaure en sont la cause. Une journée d'étude sur l'archéologie est organisée par l'administration locale dans le cadre du mois du patrimoine. Tant d'événements qui permettent de dire que, dans ce domaine, cette wilaya fait sa mue. Elle le fait à travers ses gestionnaires actuels qui occupent le terrain en engageant des actions d'intérêt général. Bien que beaucoup reste encore à faire, El-Tarf sort la tête de l'ornière que lui ont imposée durant des années l'incompétence et la corruption de certains cadres désignés à des postes de responsabilité étatiques et d'autres élus de l'APN, du Sénat, de l'APW et des APC. C'est ainsi que cette journée d'étude sur l'archéologie est considérée comme un tremplin pour une reprise en main de l'archéologie qui est considérée comme un véritable adjuvant pour la relance du secteur du tourisme bien mal en point malgré l'important atout naturel dont dispose la région. Cette journée est également une occasion de donner un coup de pied dans la fourmilière avec pour objectif de casser la main mise d'une minorité sur le potentiel socioéconomique de la wilaya. Il en a résulté des révélations. Pour l'heure, elles sont limitées au potentiel archéologique de l‘Est du pays recensé et cartographié par les experts du Centre national de recherche en archéologie (CNRA). L'ébauche de cette carte a été présentée ce dernier dimanche à El-Kala par les mêmes experts. Cette journée d'étude semble avoir mis à mal la chape de plomb qui, depuis l'indépendance, empêchait tout développement de cette wilaya à vocation agropastorale et touristique car frontalière avec la Tunisie. Elle a aussi permis à la population de découvrir que sa région déjà réputée pour ses lacs, sa biodiversité, son cerf de Barbarie est également riche en sites et pièces archéologiques. Selon les concepteurs experts du CNRA, la carte présentée est une représentation d'ordre archéologique, architectural, historique, bibliographique et archivistique. Elle est appelée à servir d'outil de sensibilisation et de document d'information lors de travaux d'aménagement et d'urbanisme. Pour son élaboration, ces mêmes experts se sont basés sur des données issues de la bibliographie des fouilles et des prospections pédestres, aériennes, géophysiques. Il est même précisé que le projet de carte archéologique de la wilaya d'El-Tarf, s'inscrit dans un cadre de coopération entre le CNRA en question et le laboratoire de recherche archéologique de l'université de Trente en Italie. Cette coopération est à l'origine du travail de prospection réalisé de 2002 à 2010 avec pour résultat l'élaboration d'une riche documentation archéologique et topographique dans différentes zones de la wilaya d'El-Tarf. C'est le cas à Oued Djenan, Cap Segleb, Zitouna, Cheffia, Boutelja, Besbes, Aïn Kerma, Tarf et El Kala. Les archéologues algériens et italiens ont approfondi leurs recherches pour enrichir cette carte de sept nouveaux sites datant de la préhistoire jusqu'à l'époque des vandales en passant par les civilisations, phénicienne, romaine et byzantine à Ksar Fatma (El-Aioun), Ghar Maaz, près de Cheffia, le Fort Moulin, Dar El-Hakem, Bastion de France (El-Kala), Zaouiet Den Den (Besbes) et Ksar Djej à Ain-Khiar (El-Tarf). Riche en informations sur l'archéologie, la journée d'étude d'El-Tarf l'a été à plus d'un titre. Des manifestations du genre, étudiant et commun des citoyens en redemandent pour apprendre à mieux connaître cette région au fil des siècles et des civilisations qui s'y étaient succédé. Ils en ont eu un aperçu avec l'inventaire de ces acquis culturels et leur classement. Ce qui donne plus de pertinence à la décision de la wilaya d'entamer les travaux de restauration du musée Dar-el-Hakem. Il était temps que cela se fasse dans une wilaya où chaque jour apporte son lot de découvertes d'abris sous roche, dolmens, stèles libyques, moulins à grain, pressoirs d'olives, sarcophages en pierre massive et de nombreux autres vestiges de différentes civilisations. Mais faudrait-il que ces richesses culturelles avant tout ne traversent pas nos frontières pour atterrir dans un des musées d'Europe ou chez un collectionneur. Pour l'heure, on s'en tiendra à la statue de la Gorgone, l'Aigle de St Augustin et les 7 têtes de Septime Sévère des pièces archéologiques d'une valeur inestimable que l'on n'a toujours pas retrouvées.