Le Centre universitaire de Tissemsilt a abrité les premières «journées d'échanges scientifiques de l'Ouarsenis», organisées par la direction de la santé et de la population (DSP) de la wilaya de Tissemsilt, en collaboration avec l'Association de solidarité médicale Algérie (Solimed), sous le haut patronage du wali de la wilaya de Tissemsilt. D'éminents docteurs en médecine présentent des interventions sur des thèmes touchant les citoyens. La première séance est dirigée par le docteur Belamri, et les modérateurs de la séance sont les docteurs Fernane et Tibourtine. La première intervention a été donnée par le docteur Harachif (épidémiologiste), sur l'approche épidémiologique du sida en Algérie et dans la wilaya de Tissemsilt. L'Algérie a engagé la lutte contre le sida et les infections sexuellement transmissibles depuis plus de 20 ans. Le processus de planification stratégique dans lequel s'est inscrite l'Algérie s'est traduit par l'élaboration et la mise en œuvre du Plan national stratégique 2002-2006. Ce processus se poursuit par l'élaboration du présent Plan national stratégique 2008-2012 qui orientera la lutte durant les cinq prochaines années. Dans notre pays, cette lutte se caractérise par une action multisectorielle approuvée par différents ministères, une implication active de la société civile, y compris les personnes vivant avec le VIH, et une coopération multilatérale avec le programme commun des Nations unies sur le VIH/SIDA (ONUSIDA). Aussi, une lutte repose sur les engagements internationaux de l'Algérie, notamment : - les « Trois principes » comprenant un Cadre national commun de lutte, un Organisme national commun de coordination et un Système national commun de suivi et évaluation - l'Accès universel à la prévention, au traitement, aux soins et au soutien liés au VIH /sida. Ensemble, nous renforcerons sans nul doute la riposte nationale au VIH / sida grâce à notre engagement à mettre en œuvre ce Plan national stratégique 2008-2012. Ceci nous permettra de prévenir de nouvelles infections, d'élargir l'accès aux soins de santé et d'atténuer l'impact de l'épidémie. Ainsi nous pourrons atteindre les objectifs de développement pour le Millénaire, notamment celui consistant à stopper et à commencer à inverser l'épidémie du VIH/sida d'ici à 2015. La lutte contre l'infection VIH/sida, au lendemain de l'apparition du premier cas en 1985, a été érigée au rang de priorité en Algérie. Elle a fait l'objet de plans de lutte successifs avec l'appui de l'ONUSIDA. Elle s'est notamment caractérisée par un engagement des autorités politiques au plus haut niveau de l'Etat, une implication multisectorielle de plus en plus forte avec un rôle particulier de la société civile et des PVIH. Malgré les efforts consentis par l'ensemble des intervenants, cette lutte contre l'infection par le VIH s'est heurtée à un certain nombre d'obstacles tels : l'inadaptation du cadre de coordination, l'absence de mécanisme de suivi et évaluation, le déficit en capacités techniques, humaines et financières et un environnement qui demeure peu favorable à l'acceptation sociale des PVIH. «L'Algérie enregistre annuellement peu de cas de sida. Nous sommes un pays à faible prévalence, avec un taux de 0,1%. Cependant le risque d'une infection rapide n'est pas à écarter». Ce sont les confirmations du docteur Harrachif (épidémiologiste), responsable du service épidémiologie de la DSP de la wilaya de Tissemsilt. Les chiffres ne sont pas alarmants. Depuis 1985 au 30 septembre 2011, il a été recensé 1 234 cas de sida et 5 381 séropositifs. Le conférencier reconnaît tout de même que ces chiffres ne reflètent pas la réalité en dépit de l'existence de neuf centres de dépistage gratuit et anonyme. Cependant elle a relevé que cette pathologie, longtemps considérée comme un mal qui vient de l'étranger, est devenue autochtone et qu'elle «circule» dans notre territoire. A cela s'ajoute la diversité hétérogène du «virus algérien». Pour la spécialiste, les souches algériennes ont changé. Du moment qu'au départ, la maladie est venue d'Europe et de l'Afrique subsaharienne. L'autre fait à noter est que la maladie se féminise. En effet, dira-t-elle, depuis 2000, un grand nombre de femmes sont atteintes par le VIH dans les mêmes proportions que les hommes. Cette situation s'explique par le fait que le mode de contamination le plus répandu dans notre pays est la contagion par voie sexuelle. Les spécialistes avancent un taux variant entre 80 et 90 %. En ce qui concerne la tranche d'âge la plus touchée, la maladie touche l'adulte jeune. C'est-à-dire entre 25 et 39 ans. Mais c'est essentiellement la catégorie 30-39 ans qui demeure la plus vulnérable. De nombreux jeunes contractent la maladie après des rapports sexuels non protégés. Car l'utilisation du préservatif reste un sujet tabou. Mais, faut-il le souligner, la contamination n'est pas spécifique aux relations extraconjugales. De nombreuses femmes ont été contaminées par leur conjoint, qui à leur tour ont transmis leur virus à leur enfant. Dans ce contexte, docteur Harrachif a donné le chiffre de 16 enfants nés en 2010 à travers le pays, porteurs du virus. Alors qu'en 2009 on a recensé 9 nouveau-nés atteints de la maladie. Et très peu survivent à cette pathologie. Mais le spécialiste a expliqué qu'aujourd'hui une femme enceinte atteinte du sida bien prise en charge peut bénéficier d'un traitement durant le dernier trimestre de la grossesse. Et cela donne de très bons résultats. En parlant de prise en charge, il faut dire qu'en Algérie la trithérapie est gratuite et revient annuellement à l'Etat à près d'un milliard de dinars par malade. A la question d'une consœur sur l'espérance de vie d'un sidéen en Algérie, le conférencier dira qu'elle ne peut pas être comparée à un sidéen européen. Car, chez nous, les ruptures de stocks de médicaments et de réactifs sont très fréquentes, comme c'est le cas pour d'autres maladies. Ce qui perturbe quelque peu le traitement. A propos des médicaments génériques, le spécialiste dira qu'ils ont le même effet, et en plus, ils sont accessibles à tous. Le plus grand problème dans notre pays, c'est ce refus de déclarer sa maladie. De nombreux malades arrivent à l'hôpital pour y mourir, fuyant le regard des proches et une société qui refuse d'affronter les tabous. Mais, malheureusement, ce n'est pas propre aux malades. Certains laboratoires ne déclarent pas les cas qu'ils ont dépistés d'atteinte du virus (VIH/SIDA) par négligence alors que la loi les y oblige. Mais alors qu'en est-il pour les contaminations dans un cabinet dentaire, ou un salon de coiffure, ou autre ? Pas moins de 35 cas de SIDA (syndrome de l'immunodéficience acquise) ont été enregistrés depuis 2004/2012, soit 0,2% dans la wilaya de Tissemsilt, a-t-on appris auprès du docteur Harrachif, lors de la première journée scientifique de l'Ouarsenis. Cette situation nécessite l'intensification du travail de sensibilisation et de prévention contre le SIDA «à l'intérieur et à l'extérieur du milieu familial», a-t-il ajouté. En plus de la poursuite des actions de sensibilisation et de prévention contre le SIDA, particulièrement en milieu juvénile, axée sur la définition de la pathologie et les moyens de s'en prémunir, les éminents conférenciers, Docteur Harrachif, Dr Loïc Epelboin, chef de clinique Hôpital Salpêtrière de Paris, Chams Bourezak, pharmacien-biologiste Hôpital Garches, Dr Bedel épidémiologiste à l'EPH de Tissemsilt, Dr Fabienne Messaoudi, gynécologue Hôpital Versailles Paris, Dr Fernane , pédiatrie Hôpital André-Grégoire, Paris, Dr Malik Achour, réanimateur néonatologiste Hôpital Américain, Dr Omar Tibourtine, réanimateur Hôpital Lariboisière, Paris, Dr Siham Epelboin, médecin urgentiste CHI Créteil, Dr Madjid Si Hocine, gériatre-urgentiste CH Saint-Camille, Dr Soraya Bedar, médecin référant CMS Saint-Denis ont été les intervenants lors de cette première journée scientifique de l'Ouarsenis. Dans leurs interventions, le docteur Harrachif a intervenu sur l'Approche épidémiologique du sida dans la wilaya de Tissemsilt, le docteur Loïc Epelboin sur la prise en charge du VIH, sur la pathologie pulmonaire, ainsi que les séroprévalences du VIH en Algérie selon ONUSIDA. La troisième intervention a été donnée par le Dr Chams Bourezak, sur «l'Hygiène et les infections nosocomiales». La quatrième intervention a été donnée par le Dr Bedal (épidémiologiste), sur «la Gestion des déchets solides dans un hôpital». La cinquième intervention a été donnée par le docteur Loïc Epelboin sur «Quoi de neuf dans le dépistage du VIH et les consultations à ce sujet?». Lors de cette première journée scientifique, trois ateliers ont été créés : atelier «Infectiologie», animé par les Drs Epelboin, Harrachif et Bourezak sur «la Tuberculose, Accidents d'exposition au sang et cas cliniques». Le deuxième atelier «Mère-Enfants», animé par les Drs Fabienne Messaoudi, Fernane, Malik Achour et Omar Tibourtine, sur «Hémorragie de la délivrance, cas clinique gynécologie, Réanimation et prise en charge du nouveau-né en salle de naissance (gestes pratiques-intubation)». Le troisième atelier «Urgences-Pathologies chroniques», animé par les Drs Siham Epelboin, Madjid Si Hocine et Soraya Bedar, sur «La prise en charge, état de choc, cas cliniques divers». Les différentes prestations fournies par le secteur de la santé de la wilaya de Tissemsilt seront également abordées, notamment en ce qui concerne la prise en charge des malades atteints de maladies chroniques, telles que le diabète et l'Alzheimer et la mise en exergue des efforts de l'établissement hospitalier public en matière de chirurgie et d'orthopédie. La direction de la santé a souligné que l'objectif de cette rencontre est de promouvoir les échanges scientifiques entre les médecins spécialistes algériens et français et de contribuer à la formation du personnel médical de la région. Les deux journées se sont révélées productives, intéressantes et conviviales. Elles ont été l'occasion de beaucoup d'échanges, avec des séances particulièrement interactives et stimulantes. Il y a eu beaucoup de questions (des deux côtés) et de discussions. Le point central de ces discussions était le dépistage, et sa généralisation. Un cas particulier, longuement discuté, fut la femme enceinte séropositive, mais différents sujets ont été abordés sur la thérapeutique, l'enfant, les accidents exposant aux liquides biologiques. Ces journées ont permis de bien cerner les problèmes sur place et de définir ensemble les pistes de travail pour faire avancer les choses. Solimed s'est chargé des rappels théoriques et de la mise à jour des connaissances. Des ateliers pratiques ont été organisés pour les médecins praticiens. Un autre atelier consacré aux sages-femmes a été organisé par Solimed, relatif aux conduites à tenir. «Solimed Algérie», une association humanitaire de droit français et comptant des praticiens algériens résidant en France. Créée en 1994, «Solimed Algérie», qui regroupe des praticiens algériens résidant en France est une association ayant pour objectif de susciter un élan de solidarité en faveur des personnes malades et nécessiteuses en Algérie. Cette association organise ou participe à des missions médicales auprès de populations algériennes démunies, notamment dans les zones sous-médicalisées des régions du pays.