Apprendre que la Cour pénale internationale a procédé à des arrestations, l'information est tout à fait normale. Malheureusement, cette fois-ci, c'est l'inverse, car ce sont des membres de la Cour pénale internationale, composée de quatre membres, qui ont été interpellés en Libye. Le président du CPI a exigé la libération immédiate des membres de la délégation mais en vain. En effet, malgré qu'ils disposaient d'une autorisation du procureur général libyen pour rendre visite à Seif Al-Islam Kadhafi, les quatre membres ont été interpellés et conduits vers une destination inconnue. Selon un responsable libyen, les membres de la Cour internationale sont accusés d'être en possession de documents qui pourraient, selon eux, nuire au peuple libyen. Pour l'instant, rien n'a filtré sur les documents en question que détenaient les membres de la délégation. Parmi les personnes arrêtées, se trouve maître Melinda Taylor, avocate australienne. Les membres de la CPI sont soupçonnés d'avoir tenté de transmettre au fils de l'ancien guide libyen des documents qui n'ont aucun lien avec l'affaire de Sif Al-Islam et qui représentent selon eux, un danger pour la sécurité de la Libye», a indiqué Ahmed Al-Jehani, représentant libyen à la CPI. Le président de la CPI, le juge Sang-Hyun Song, a exigé «la libération immédiate de tous les membres du personnel détenus». «Nous sommes très préoccupés par la question de la sûreté de nos membres du personnel, en l'absence de tout contact avec eux», a-t-il déclaré dans un communiqué. La délégation de la CPI s'était déplacée en Libye «en partie afin que le bureau du conseil public pour la défense, actuellement désigné pour représenter M. Kadhafi, lui rende une visite privilégiée». Ses membres devaient notamment discuter de l'option de désigner un avocat de son propre choix. Il est actuellement représenté par le chef du bureau du conseil public pour la défense, Xavier-Jean Keita, désigné par la Cour, assisté par Mme Taylor, avocate. Un an après le début de la révolte, les droits de l'Homme ne sont pas encore totalement respectés. Les anciens sympathisants de Kadhafi sont maltraités par certaines milices armées. Après la chute de Kadhafi, le pays est dans une situation instable. Selon des sources dignes de foi, l'avocate était actuellement interrogée par les autorités. Depuis plusieurs mois, la CPI et la Libye se disputent le procès de Seif Al-Islam, 39 ans, visé par un mandat de la CPI pour crimes contre l'humanité commis depuis le 15 février 2011 pendant la révolte populaire. Les autorités libyennes, qui souhaitent juger le fils du dirigeant déchu, avaient déposé le 1er mai une requête contestant la compétence de la CPI pour le poursuivre. Elles ont demandé aux juges d'«annuler» la requête de la CPI ordonnant aux Libyens de le lui livrer. Outre la CPI, les autorités libyennes doivent aussi convaincre les responsables de Zenten de leur livrer Seif Al-Islam si elles entendent le juger. Les ex-rebelles détenant Seif Al-Islam retardent son transfert à Tripoli car ils n'ont pas obtenu leurs salaires, avait-on affirmé fin mai. En somme, les actuels dirigeants libyens ne font aucune différence entre un magistrat, militaire, civil ou autres. «Gare à celui qui tombe entre les mains des ex-révolutionnaires», a indiqué un ex-juge libyen qui a voulu garder l'anonymat.