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Comment ont été utilisés les 560 milliards de dollars (II)
Publié dans La Nouvelle République le 12 - 06 - 2012

Malgré des recettes sans précédent entre 2000 et 2012, l'Algérie de juin 2012 est en plein syndrome hollandais : 98% des recettes en devises libellées en dollars proviennent de Sonatrach, mais 70, voire 75% des besoins des ménages et des biens des entreprises tant publiques que privées, dont 60% en euros, sont importés, le taux d'intégration ne dépassant pas 15%. Concernant cette situation paradoxale, je ferai quatre observations.
Pour la période 2000-2012, il serait intéressant donc que les responsables de ce secteur nous donnent le montant de l'investissement réalisé et surtout leur rentabilité comme les importants projets internationaux Transmed via la Sicile (Italie) et Medgaz via l'Espagne, les projets Galsi via la Sardaigne et Nigal venant du Nigeria étant encore gelés, sans compter de nouveaux projets dont plusieurs raffineries annoncées par le ministre du secteur et les rénovations des installations existantes. Enfin, aux recettes globales de Sonatrach, il faut soustraire les transferts de capitaux des compagnies opérant en partenariat. Selon les données de la Banque d'Algérie, entre 2005 et 2007, les transferts globaux se sont élevés à 15,7 milliards de dollars contre 6 milliards entre 2001 et 2004, la majeure partie, environ 80 %, ayant été réalisée par les compagnies pétrolières associées dans le cadre des contrats de partage de production conclus depuis les années 1990, le reste par les opérateurs de téléphonie mobile, les banques et certaines entreprises de BTPH, dont la majorité sont chinoises. Depuis, la loi de finances complémentaire a encadré sévèrement ces transferts, en plus de la règle des 49/51 % régissant l'investissement étranger, encore que la rétroactivité d'une loi n'est pas en vigueur dans le droit international, sauf si elle est contenue dans le contrat initial. Ce qui explique le recul du gouvernement algérien avec, notamment, les compagnies Anadarko, Mersek et Eni. En vertu des conventions ratifiées entre les trois compagnies et la Sonatrach, cette dernière sera appelée à verser 4,4 milliards de dollars à la compagnie pétrolière américaine Anadarko, 920 millions à Maersk et environ 500 millions à Eni, sachant que le groupe italien Eni a été parmi les premiers groupes pétroliers à signer avec Sonatrach l'accord d'association et de partage de la production. Il n'est pas à écarter que d'autres compagnies et groupes pétroliers auxquels Sonatrach a imposé des taxes de superprofits pétroliers bénéficient de ces indemnités. Il serait donc intéressant de dresser le bilan de ces transferts entre 2008 et 2012. 3) Troisièmement, face à cette aisance financière, outre le préplan 2000-2003 de 7 milliards de dollars, la dépense publique programmée a été de 200 milliards de dollars entre 2004 et 2009, mais, faute de bilan, on ne sait pas si ce montant a été entièrement dépensé. Quant au programme d'investissements publics 2010-2014, le gouvernement a retenu des engagements pour 286 milliards de dollars et concerne deux volets, à savoir le parachèvement des grands projets déjà entamés entre 2004 et 2009, l'équivalent à 130 milliards de dollars (46 %) et l'engagement de projets nouveaux pour un montant de près de 156 milliards de dollars. A ce jour, à l'instar de la période 2004-2009, aucun bilan publié des dépenses et des réalisations entre 2010 et juin 2012. Dans ce cadre de la dépense publique, il y a l'investissement de Sonelgaz, dépendant du ministère de l'Energie où l'année 2002 a vu l'approbation et la promulgation de la loi sur l'électricité et la distribution du gaz qui instaure le régime de la concession de la distribution de l'électricité et du gaz, permettant l'investissement privé dans la production de l'électricité et de la vente de l'énergie, ce secteur étant toujours dominé par le groupe public Sonelgaz, une société par actions depuis 2002. Le PDG de Sonelgaz a déclaré, le dernier trimestre 2011, que son groupe aura besoin d'ici à 2020 de 40,5 milliards de dollars de dollars pour mener à terme ses investissements. Le PDG de Sonelgaz ne précise pas cependant si cette importante enveloppe va aussi servir à financer le programme des énergies renouvelables, dont l'enveloppe prévue est plus de 60 milliards de dollars, décidée en Conseil des ministres, et que Sonelgaz est chargé de réaliser. L'objectif à l'horizon 2030 est la production de 22.000 MW d'électricité à partir d'énergies renouvelables. Ce niveau d'investissement annuel dont a besoin le groupe pour les dix prochaines années se trouve cependant au-dessus de ses revenus de 250 milliards de dinars réalisés chaque année, le déficit financier qui devient structurel du fait à la fois du bas prix de cession et de la gestion ayant été comblé grâce à des crédits bancaires sur 20 ans, une mesure du gouvernement qui a permis à Sonelgaz de poursuivre ses investissements. Ainsi, en cas de recettes de 50 milliards de dollars, Sonatrach et Sonelgaz, y compris les énergies renouvelables, accapareraient plus de 65% des recettes en devises. Qu'en sera-t-il des restes à réaliser pour les nouveaux projets inscrits au 31/12/2004 à la fois faute de capacités d'absorption et d'une gestion défectueuse ? De cette dépense publique, il en a résulté une croissance vertigineuse des importations, solution de facilité. Sans l'armement (qui sont des données confidentielles de par le monde, encore que l'institut de stratégie de Washington a publié au début de 2012 des informations intéressantes de bon nombre de pays, notamment l'Algérie), ce qui donnerait un montant plus important, nous limitant aux importations de biens et de services, que l'on oublie souvent (11 milliards de dollars en 2010 et près de 12 milliards de dollars en 2011 concernant l'assistance étrangère se concentrant sur le BTPH et Sonatrach), ont été de 56,6 milliards de dollars en 2011 et devraient se chiffrer à 57,4 milliards de dollars en 2012 et à 58,1 milliards de dollars en 2013 selon le dernier rapport du FMI. Il est entendu que, pour éviter un double emploi, qu'il faille soustraire de ce montant la part importée par Sonatrach évaluée précédemment. Le gouvernement devrait éviter de faire un pari hasardeux sur un cours du pétrole supérieur à 110, voire 120 dollars à prix constants et revoir toute la politique socio-économique actuelle suicidaire afin de préparer l'après-hydrocarbures supposant une cohérence et visibilité dans la démarche de la réforme globale. Peut-on continuer dans une voie suicidaire, comme l'a souligné le Premier ministre Ahmed Ouyahia le 2 juin 2012 qui parle d'échec de la politique économique du gouvernement entre 2000 et 2012 ? Peut-on continuer avec le versement de salaires sans contreparties productives l'assainissement des entreprises publiques qui a coûté au trésor plus de 60 milliards de dollars entre 1971 et 2011 sans résultats probants, 70 % des entreprises étant revenues à la case de départ au nom d'une paix sociale fictive qui, combinée à l'injection d'une masse monétaire sans précédent, risque de conduire le pays à une hyperinflation que l'on essaie de comprimer transitoirement par des subventions mal gérées et mal ciblées ? Cette tendance lourde de non-maîtrise de la dépense publique est confirmée par les trois lois de finances de 2010, 2011 et 2012 qui prévoient une forte aggravation du déficit budgétaire où la fiscalité pétrolière est dominante où l'on peut démontrer que, pour l'ensemble de l'économie, les hydrocarbures contribuent pour plus de 80 % directement et indirectement à la fiscalité entre 2004 et 2012 et certainement en 2013 et en 2014, les taxes appliquées à la TVA l'étant aux produits importés grâce aux hydrocarbures. 4) Quatrièmement, après l'ensemble de ces dépenses, il reste le solde des réserves de change qui ont été estimées 2011 à 188 milliards de dollars contre 162 milliards en 2010 et 149 milliards à la fin de 2009 et par le FMI fin 2012 à 205 sont dues toujours à Sonatrach. Tous les Algériens, gouvernants et gouvernés, avec une concentration du revenu au profit d'une minorité de rentiers, vivant à crédit grâce à Sonatrach, tous les Algériens voulant immédiatement leur part de cette rente quitte à aller vers un suicide collectif, ce qui traduit une situation de mauvaise gouvernance et un Etat de non-droit. Selon le gouverneur de la Banque d'Algérie, les placements à l'étranger ont été de 4,74 milliards de dollars en 2009 et de 4,60 milliards en 2010 alors qu'elles étaient de 5,13 milliards en 2008, de 3,81 milliards en 2007 et de 2,42 milliards en 2006. Ces placements sont répartis entre les Etats-Unis et l'Europe, effectués en portefeuille de titres souverains (valeurs d'Etat) que l'Algérie avait achetés entre les années 2004 et 2007, lorsque les taux d'intérêt mondiaux étaient relativement élevés. Ces titres sont soumis à un taux d'intérêt moyen fixe de 3 % en 2010, supposant un placement à moyen terme et non à court terme, et que 90 % des réserves algériennes sont déposées à l'étranger. Il convient également de comptabiliser la part de l'or dont le dernier rapport du FMI l'estime à 173,6 tonnes. Mais, fait important, avant la crise de 2008, les dépôts dans des banques privées internationales dites AAA et dont certaines ont été décotées constituaient 20 %, un taux qui a été ramené à 2 % seulement depuis 2010, toujours selon le rapport de la Banque d'Algérie, qui ne précise pas quel a été le sort des 18 % pendant la crise d'octobre 2008 ni l'identité des banques de dépôt. La question qui se pose est la destination européenne de ces placements : en obligations grecques, espagnoles, portugaises, hollandaises et italiennes, pays qui connaissent une très grave crise d'endettement ? 5) Cinquièmement, le problème central est double en dressant le bilan de 2000-2012 : si l'on avait eu une bonne gestion, si l'on n'avait pas dépensé sans compter en diminuant seulement les surcoûts entre 20 et 25 % de l'ensemble des projets (voir le rapport 2009 de la Banque mondiale concernant les surcoûts exorbitants en Algérie pour les infrastructures), quel aurait été le surplus disponible ? Si l'on avait eu une politique cohérente et accéléré la réforme globale fondée sur un Etat de droit et une bonne gouvernance en favorisant les segments inducteurs, les véritables producteurs de richesses et le savoir et non l'importation désordonnée et la sphère informelle liée à la logique rentière, n'aurait-on pas mis en place les bases, inexistantes actuellement, d'une production et
d'une exportation hors hydrocarbures et ce, au profit des générations futures ? Car force est de constater une situation paradoxale, un Etat artificiellement riche, un tissu productif délabré en régression et une population en majorité de plus en plus pauvre comme en témoigne les révoltes sociales qui touchent tous les secteurs et toutes les régions du pays et que l'on atténue par du saupoudrage de la rente. Cela est la résultante du manque de vision stratégique face à des bouleversements géostratégiques mondiaux et la non-transparence de la gestion de la rente des hydrocarbures, richesse virtuelle propriété de tout peuple algérien qu'il s'agit impérativement de transformer en richesse réelle. Dans 16 ans pour le pétrole, 25 ans pour le gaz conventionnel, en tenant compte des coûts croissants, de la forte consommation intérieure favorisée par des bas prix source de gaspillage, de la faible croissance de l'économie mondiale due à la crise mondiale de longue durée et ne s'étant pas attaqué aux fondamentaux de la crise et des mutations énergétiques mondiales, 50 millions d'habitants algériens vivront sans hydrocarbures. Pour des raisons de sécurité nationale, un débat national s'impose sur la gestion de Sonatrach, sur le rendement et le lieu de placement des réserves de change, propriété de tout le peuple algérien. C'est que, malheureusement, avec 2 % d'exportation hors hydrocarbures, un montant dérisoire, Sonatrach c'est l'Algérie et l'Algérie c'est Sonatrach. Mais jusqu'à quand ? Il devient urgent de démocratiser la gestion de la rente et ne pas la laisser gérer par un seul département ministériel qui engagerait l'avenir de tout un pays et donc de redynamiser autant les institutions de contrôle que le Conseil national de l'énergie, qui est en léthargie depuis de longues années, et ce, avec une large publicité de ses décisions stratégiques. L'Algérie a besoin d'institutions démocratiques qui suppléent aux dysfonctionnements des marchés, devant repenser les rôles complémentaires de l'Etat et le marché, au sein d'une économie internationalisée, fondement d'un développement fiable à moyen et long terme. (Suite et fin)


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