Avec son franc-parler et son pragmatisme dans l'approche des problèmes auxquels est confronté son secteur, Halim Benattallah, secrétaire d'Etat auprès du ministre des Affaires étrangères, chargé de la communauté nationale à l'étranger en visite de travail à Annaba ce dernier lundi, a créé l'événement. Et comme pour démontrer qu'il n'est pas un commis de l'Etat privilégiant le protocole, les mises en scène et la garde rapprochée, il était venu seul. Pas un seul collaborateur de son département ne l'accompagnait. Il s'est aussitôt rendu à la nouvelle aérogare Rabah-Bitat en cours de réalisation. Sur le site, il a exprimé son étonnement sur ce qu'il considére comme étant un retard incompréhensible dans l'achèvement des travaux. Annoncée pour fin 2011 puis pour novembre 2012, la réception de cette infrastructure socioéconomique d'une capacité d'accueil de 700 000 passagers est reportée pour la fin du 1er trimestre 2013. C'est en tous les cas ce qui a été annoncé par le secrétaire général de la wilaya qui l'accompagnait ce dernier lundi durant sa visite d'une journée à Annaba. Une information que le ministre semble avoir bien enregistrée. Ce qui ne l'a pas empêché de souligner la nécessité de mettre à la disposition de la Communauté nationale à l'étranger les conditions idoines pour un accueil dans leur pays à la mesure de leur attente. Le ministre s'est ensuite rendu au port, apparemment la plus importante des 3 étapes figurant au programme de sa tournée. Annaba serait l'énième port ayant requis l'attention du représentant du gouvernement ces dernières semaines. Notamment Béjaïa et Skikda où il avait pris connaissance du temps record de 2h30 mis par les animateurs de l'une et l'autre de ces deux infrastructures portuaires pour effectuer le contrôle de police et douanier de plus de 800 passagers avec leurs bagages et 290 véhicules. Derrière l'homme simple que paraissait être Halim Benattallah maîtrisant parfaitement bien les deux langues celle nationale et celle latine, il y avait le responsable prêtant l'oreille, attentif et intéressé par ce qu'on lui disait. En réagissant presque avec virulence à la traditionnelle expression d'autosatisfaction des douaniers, des policiers des frontières et des gestionnaires de l'entreprise portuaire de Annaba, il a montré qu'on ne pouvait pas lui faire avaler des couleuvres. «Ca ne va pas. Ces dernières années Annaba est classée au plus bas de l'échelle des wilayas portuaires en termes d'accueil et de conditions d'accueil des voyageurs au départ et à l'arrivée. Il y va de la crédibilité de l'Etat et celle du transporteur maritime qu'est la Cnan. Nos compatriotes à l'étranger ne veulent plus venir passer leurs vacances dans leur propre pays ou refusent de le faire en empruntant le bateau parce qu'ils sont soumis à des pratiques bureaucratiques des douaniers et de la police au niveau des ports. Cela doit cesser», martèlera t-il pour bien se faire comprendre. Le ministre s'est longuement attardé sur le vieux port de la quatrième ville d'Algérie. Ce faisant, il donnait l'impression d'inciter les responsables de l'entreprise de gestion du port à lui révéler la teneur du projet de la nouvelle gare maritime de Annaba. En aparté, il a été révélé que les travaux y afférents pourraient être lancés incessamment sur le site même de celle existante appelée à être rasée. Halim Benattallah a laissé parler ses interlocuteurs représentant des institutions compétentes en termes d'activités portuaires. Puis comme pour leur rappeler que l'Etat existe, il leur a dit ses vérités en ce qui concerne les insuffisances de leurs services respectifs en particulier celles portées à sa connaissance par les correspondances tirées de la poche de sa veste au moment de prendre la parole. Celles contenues dans le cartable marron seul bagage qu'il avait en mains lorsqu'il était descendu de l'ATR en provenance d'Alger. Celles qu'il a enregistrées au contact des usagers des transports maritimes avec qui, il avait pris langue. Enfin, celles que son travail de proximité lui a permis de découvrir sur le terrain des quatre côtés de la barrière (police des frontières-douanes-Epan-voyageurs). Il a même été question de renforcement des effectifs et des moyens matériels au niveau du port. Loin des cortèges de voitures officielles à ne plus en finir et de fonctionnaires et d'élus présents pour s'ennuyer comme cela se fait habituellement, de dos ronds et de caresses dans le sens du poil, le ministre a effectué sa visite à coups d'idées simples et pratiques. Dans ses propos, perçait la volonté de mieux faire pour faciliter l'accès ou la sortie de nos frontières à nos compatriotes et à ceux intéressés par des séjours en Algérie. Halim Benattallah n'a pas cessé d'en parler tout le long des 6 heures qu'il a passées sur le quai du port, dans la salle d'embarquement et celle de débarquement du port de Annaba toutes les deux envahies par les voyageurs. Rendues possibles en l'absence d'une garde rapprochée, ses prises de contact avec les passagers à l'arrivée et au départ ont paru être un langage nouveau. Elles ont été interprétées comme étant une démarche novatrice de première importance par les voyageurs. Interrogés, bon nombre ont loué la simplicité du ministre qui, contrairement à d'autres à différents niveaux de responsabilité de l'Etat, les a bien écoutés. Ils ont appelé à l'adoption de cette simplicité par les autres membres du gouvernement lors des visites officielles. Beaucoup de ces voyageurs très attentifs et attentistes, ont retenu que le ministre tenait un langage qu'ils espéraient, celui qui permettrait de mettre un terme à la torture qu'ils vivent durant la procédure de contrôle de police et douanière à nos frontières. D'abord suspicieux au point de dire «c'est du cinéma», ils ont été convaincus de la bonne foi du ministre jusqu'à croire qu'il est possible de contrôler les quelques 900 passagers d'un bateau en 2 heures. Tout autant que les nombreux représentants de la presse ayant couvert la visite, il leur reste à connaître les ingrédients de la recette que Halim Benattallah se prépare à concocter pour mettre un terme aux abus constatés sur les ports. A l'écoute des interventions du ministre faites en présence des responsables des douanes et de la police, cette recette consistera certainement à adopter une philosophie de crise, à coller avec l'état d'esprit de l'opinion publique nationale, à satisfaire les usagers de nos frontières et à conforter la mission des deux principales institutions chargées de veiller à la sécurité du territoire et celle de notre économie.