Pour le rapport de la Banque d'Algérie du premier semestre 2011, le processus inflationniste s'explique pour 63% de l'inflation due à l'expansion monétaire, l'inflation importée pour 21% ce, en dépit des mesures de régulation prises par les pouvoirs publics, notamment l'exonération de la TVA et les mouvements du taux de change effectif nominal pour 7%. Première raison : la faiblesse de la production et de la productivité interne Selon les institutions le rapport du FMI 2011, le produit inférieur brut de l'Algérie est de 158,97 milliards de dollars en 2010, 183,4 milliards de dollars en 2011 avec une prévision de 188,6 milliards de dollars en 2012. Or, il ya lieu de souligner la faiblesse de la production et de la productivité du fait que 97/98% des exportations sont le résultat des hydrocarbures à l'état brut et semi- brut, les 2/3 % hors hydrocarbures fluctuant depuis plus de 20 années pour un montant dérisoire entre 900 millions et 1,5 milliard de dollars. Ces 2/3% sont constitués en majorité de produits semi-finis issus eux-mêmes des hydrocarbures et déchets ferreux et non ferreux. C'est que plus de 90% du tissu économique est constitué de PMI/PME organisées sur des structures familiales, ne possédant pas de management stratégique, ne pouvant pas faire face à la concurrence internationale. Les importations couvrent 70/75% des besoins des ménages et des entreprises dont le taux d'intégration ne dépasse pas 10/15%. On peut démontrer facilement que le taux de croissance officiel hors hydrocarbures de 5/6% a été permis pour 80% via la dépense publique et qu'il ne reste pour les entreprises véritablement autonomes créatrices de richesses, pouvant évoluer dans un environnement concurrentiel mondial, moins de 20% du produit intérieur brut. Ce qui nous renvoie à la valeur de la monnaie algérienne. Mais, fait important, le PIB peut voiler d'importantes disparités et l'indice du développement humain combinant 1/3 du taux de croissance, 1/3 le système éducatif et 1/3 le système de santé élaboré par le PNUD est beaucoup plus fiable. Cela explique les erreurs d'appréciation des indicateurs globaux de la Banque mondiale et du FMI vis-à-vis de certains pays arabes qui ont connu le printemps démocratique où ces institutions ont omis d'analyser tant le déséquilibre spatial que la concentration des revenus socioprofessionnels au profit d'une minorité, sans compter les fuites de capitaux hors des frontières de certains dirigeants. L'organisme onusien, le PNUD, a essayé d'introduire certains indicateurs omis par le passé dans son rapport du 2 novembre 2011, intitulé «Durabilité et équité : un meilleur avenir pour tous», résultats des enquêtes sur l'année 2010. C'est ainsi qu'elle classe l'Algérie à la 96e place sur 187 pays, soit un recul de 12 places par rapport à 2010. Lié à l'analyse précédente, nous avons évidemment la croissance démographique et le versement de salaires sans contreparties productives. La population était de 35,6 millions d'habitants au 1er janvier 2010, selon l'Office national des statistiques (ONS) à 36,3 millions d'habitants au 1er janvier 2011, et à 37,1 au 1er janvier 2012. La population active devrait dépasser les dix millions et la demande d'emploi additionnelle varierait entre 300.000 à 400.000 personnes par an, nombre d'ailleurs sous-estimé puisque le calcul de l'ONS applique un taux largement inférieur pour les taux d'activité à la population féminine, représentant pourtant la moitié de la population active et dont la scolarisation est en forte hausse. Pourtant, le taux de chômage officiel est estimé à 10% entre 2010/2012, mais incluant les sureffectifs des administrations, des entreprises publiques, les emplois dans la sphère informelle et les activités temporaires de moins de six mois, pour partie des emplois improductifs. Or, le taux d'emploi est fonction du taux de croissance et des structures des taux de productivité. Dans son rapport d'octobre 2011, le FMI note que l'Algérie doit faire plus pour diversifier son économie et sortir de sa dépendance vis-à-vis des hydrocarbures, notamment pour dynamiser l'emploi, surtout parmi les jeunes dont le taux de chômage dépasserait pour certaines régions 25/30%. Quant au taux d'inflation qui se répercute sur le pouvoir d'achat, pour le gouvernement algérien, il a été de 1,6 % en 2005, 3% en 2006, 3,5 % en 2007, 4,5% en 2008, 5,7% en 2009, moins de 4% en 2010, et plus de 4,5% en 2011 et allant vers 5,5% pour 2012 en glissement annuel. Mais cet indice global doit être régulièrement réactualisé car le besoin est historiquement daté, les besoins évoluant. Par ailleurs, le taux d'inflation officiel est biaisé, étant comprimé artificiellement par les subventions. Un agrégat global comme le revenu national par tête d'habitant peut voiler d'importantes disparités entre les différentes couches sociales. Une analyse pertinente devrait lier le processus d'accumulation, la répartition du revenu et le modèle de consommation par couches sociales. Certes, le SNMG a plus que doublé, passant de 6.000 à 20.000 dinars, (200 euros au cours officiel, environ 150 euros par mois au cours du marché parallèle) la dernière augmentation ayant eu lieu en septembre 2011, mais devant déflater par le taux d'inflation réel pour déterminer le véritable pouvoir d'achat. Aussi, une interrogation s'impose : comment est-ce qu'un Algérien, qui vit au SNMG, (200 euros par mois, soit 6,6 euros par jour alors que le kilo de viande est de 10 euros) fait face aux dépenses incontournables : alimentation, transport, santé, éducation. La cellule familiale, paradoxalement, la crise du logement (même marmite, même charges) et les transferts sociaux qui atteindront plus de 1.200 milliards DA en 2011, soit 18% du budget général de l'Etat et plus de 10% du PIB (taux identique entre 2009/2010) jouent temporairement comme tampon social. Deuxième raison : non- proportionnalité entre les dépenses monétaires et les impacts La vraie richesse ne peut apparaître que dans le cadre de la transformation du stock de monnaie en stock de capital, et là est toute la problématique du développement. La dépense publique est passée successivement de 55 milliards de dollars en 2004, à 100 milliards de dollars en 2005 puis à 140 milliards de dollars fin 2006 et qui a été clôturée entre 2004/2009 à 200 milliards de dollars, mais faute de bilan on ne sait pas si l'intégralité de ce montant a été dépensée. Dans un Conseil des ministres le dernier trimestre 2011, le Président de la République a affirmé qu'entre 2004/2013 plus de 500 milliards de dollars seront mobilisés. Pour un programme d'investissements publics 2010/2014, le gouvernement a retenu des engagements financiers de l'ordre de 286 milliards de dollars qui concernent deux volets: le parachèvement des grands projets déjà entamés entre 2004/2009- l'équivalent de 130 milliards de dollars (46%) - et l'engagement de projets nouveaux pour un montant de près de 156 milliards de dollars. Qu'en sera-t-il des restes à réaliser pour les nouveaux projets inscrits au 31/12/2004 à la fois faute de capacités d'absorption et d'une gestion défectueuse. Pour 2011, le déficit budgétaire a été de 4.693 milliards DA (environ 63 milliards de dollars au cours de l'époque), soit 33,9% du PIB. Pour la loi de finances prévisionnelle 2012, les dépenses se situeront à près de 7 500 milliards de dinars alors que les recettes atteindront 3 456 milliards de dinars, soit un déficit de 4 000 milliards de dinars. Sur la base d'un taux de change de 75 dinars le dollar, retenu par le projet de loi, cela donne un déficit de 54 milliards de dollars, environ 25% du produit intérieur brut. Mais ce léger recul du déficit budgétaire s'explique par le fait que le budget d'équipement enregistre un recul de 32% par rapport à 2011 pour se situer à près de 2 700 milliards de dinars. Paradoxalement l'augmentation de 8% du budget de fonctionnement (dont les salaires de la fonction publique) dépasse les 4 600 milliards de dinars, soit plus de 100% par rapport à 2008. Le jeu à la baisse du taux de change du dinar voile l'importance du déficit budgétaire. Par le passé, au moment du dollar faible, la dépréciation du dinar a répondu au souci de gonfler artificiellement le fonds de régulation des recettes et la fiscalité pétrolière variant entre 60/70% et donc de voiler l'importance du déficit budgétaire et l'inefficience de la dépense publique. Exemple, le fonds de régulation de un dollar donne 100 dinars, pondéré par une dévaluation de 20% donne une valeur de 120 dinars calculée par le Trésor et la Banque d'Algérie dans leurs bilans annuels, et il en est de même pour la fiscalité pétrolière. Avec une dévaluation de 20%, cela abaisserait le montant de la fiscalité pétrolière, Ces artifices d'écritures biaisent donc tant le montant du fonds de régulation que les recettes de la fiscalité pétrolière. Face à ces dépenses, l'encours du Fonds de régulation des recettes (FRR), crédité du différentiel entre les produits de la fiscalité pétrolière budgétée et les produits de la fiscalité pétrolière recouvrés géré par le Trésor, le prix de référence fixé par la loi de finances à 37 dollars, à ne pas confondre avec les fonds souverains qui sont des fonds d'investissement (le gouvernement algérien ayant écarté le recours à cette procédure), est passé de 4 280 milliards de DA, à fin décembre 2008, à 4 316 milliards de DA à fin décembre 2009, de 4 840 milliards de dinars la fin 2010, aurait atteint 5 500 milliards de DA (environ 75 milliards de dollars) à la fin 2011, selon le ministère des Finances. Pour plus de transparence, je préconise que les lois de finances se fondent sur le cours réel du marché des hydrocarbures, que toutes les subventions soient budgétarisées par le Parlement lors de l'élaboration de la loi de finances, quitte à ce que l'excédent soit versé dans un fonds pour les générations futures, comme c'est le cas en Norvège. D'une manière générale, selon un rapport pour la région MENA 2010, l'Algérie pour des pays similaires dépense deux fois plus pour avoir deux fois moins de résultats, démontrant une mauvaise gestion, pour ne pas dire une corruption socialisée.