«Le Maghreb et l'Afrique seront ce que leurs peuples et les responsables chargés de gérer la cité voudront qu'ils soient.» 2.- Evolution de la dépense publique 2004/2013 et déficit budgétaire Concernant la dépense publique, elle est passée successivement de 55 milliards de dollars en 2004, à 100 milliards de dollars en 2005 puis à 140 milliards de dollars fin 2006 et qui a été clôturée entre 2004/2009 à 200 milliards de dollars mais faute de bilan, on ne sait pas si l'intégralité de ce montant a été dépensée. Quant au programme d'investissements publics 2010/2014, le gouvernement a retenu des engagements financiers de l'ordre de 21.214 milliards de DA (ou l'équivalent de 286 milliards de dollars) et concerne deux volets, à savoir le parachèvement des grands projets déjà entamés entre 2004/2009, l'équivalent à 130 milliards de dollars (46%) et l'engagement de projets nouveaux pour un montant de 11.534 milliards de DA, soit l'équivalent de près de 156 milliards de dollars. Qu'en sera-t-il des restes à réaliser pour les nouveaux projets inscrits au 31/12/2004 à la fois faute de capacités d'absorption et d'une gestion défectueuse ? Dans un contexte de ralentissement économique mondial, à travers la loi de finances 2012, l'Algérie maintient son programme d'investissement public massif cependant avec un important déficit budgétaire pour les années 2011/2012. Pour 2011, le déficit budgétaire a été de 4 693 milliards DA (environ 63 milliards de dollars au cours de l'époque), soit 33,9% du PIB. Pour la loi de finances prévisionnelle 2012, les dépenses se situeront à près de 7 500 milliards de dinars, alors que les recettes atteindront 3 456 milliards de dinars, soit un déficit de 4 000 milliards de dinars. Sur la base d'un taux de change de 75 dinars le dollar, retenu par le projet de loi, cela donne un déficit de 54 milliards de dollars, environ 25% du produit intérieur brut. Mais ce léger recul du déficit budgétaire s'explique par le fait que le budget d'équipement enregistre un recul de 32% par rapport à 2011 pour se situer à près de 2 700 milliards de dinars. Paradoxalement, l'augmentation de 8% du budget de fonctionnement (dont les salaires de la fonction publique) dépasse les 4 600 milliards de dinars, soit plus de 100% par rapport à 2008. Mais il faut savoir que depuis quelques années, les lois de finances algériennes s'établissent pour un cours moyen de 37 dollars le baril de pétrole, la différence étant versée au fonds de régulation des recettes. Ce fonds de régulation des recettes géré par le Trésor, à ne pas confondre avec les fonds souverains qui sont des fonds d'investissement (le gouvernement algérien ayant écarté le recours à cette procédure), est passé de 4 280 milliards de DA à fin décembre 2008, à 4 316 milliards de dinars à fin décembre 2009 et à 4 842 milliards de dollars le premier trimestre 2011, soit 54,5 milliards de dollars. Quant à la réalité du déficit budgétaire entre 2011-2012, pour un calcul transparent du budget, il serait souhaitable à la fois de préciser les mécanismes de cotation du dinar par rapport notamment au cours du dollar et de l'euro et de supprimer le fonds de régulation et de calculer le budget selon le cours moyen du marché. En effet, depuis plus d'une année, il existe une différence entre le cours du dinar sur le marché parallèle (plus de 140 DA un euro) et la cotation officielle (un euro pour 100 dinars), soit un écart de plus de 40%, Le tarissement de l'épargne de notre émigration ou certains voyages ponctuels vers l'étranger, du fait de l'allocation devises limitées, souvent invoqués ne sont pas les seules explications. On peut établir un coefficient de corrélation entre la cotation du dinar et l'évolution du cours des hydrocarbures pour un taux d'environ 70%, 30% étant dues aux phénomènes spéculatifs et aux sections hors hydrocarbures bien que limitées et que sans hydrocarbures la cotation du dinar s'établirait à entre 300/400 dinars un euro, selon l'offre et la demande, l'économie algérienne étant une économie totalement rentière. Ainsi, les recouvrements de la fiscalité ordinaire de l'Algérie ont été de 10,76 mds de dollars au 1er semestre 2011 et celle de la fiscalité pétrolière, hors Fonds de régulation des recettes (FRR), à 20,4 mds USD (61,24% du budget de l'Etat), données de l'organe officiel APS citant la Direction générale des Impôts (DGI). Et tout dérapage rampant du dinar par rapport au dollar, les ventes d'hydrocarbures étant reconverties du dollar en dinar, gonfle artificiellement le fonds des recettes et voile l'importance du déficit budgétaire. Si on suppose une appréciation du dinar de 50% rejoignant, en tendance, les cotations des monnaies marocaine et tunisienne, le déficit budgétaire dépasserait largement 60% du produit intérieur brut, étant entendu selon la technique retenue de la loi de finances du cours plancher de 37 dinars un dollar le cours des hydrocarbures, la différence étant placée dans le fonds de régulation qui en serait réduit d'autant. Cet artifice d'écritures explique que malgré que la cotation du dollar et de l'euro n'évolue pas dans le même sens, souvent la Banque d'Algérie dévalue simultanément le dinar à la fois par rapport au dollar et à l'euro, ce dernier renchérissant les importations des produits également écoulés sur le marché national en dinars auquel la valeur finale, sans compter les coûts des circuits de distribution, est amplifié par les taxes douanières calculées sur la valeur import en dinars. II- Les indicateurs macroéconomiques 1. Le produit intérieur brut (PIB) Selon le FMI, le produit intérieur brut de l'Algérie a été de 158,97 milliards de dollars en 2010, 183,4 milliards de dollars en 2011 et à 188,6 milliards de dollars en 2012. Par ailleurs, en se référant toujours au PIB, les statistiques officielles donnent dans le PIB 45% pour les hydrocarbures et 55% pour les autres secteurs. Or, il y a lieu de souligner la faiblesse de la production et de la productivité du fait que 97/98% des exportations sont le résultat des hydrocarbures à l'état brut et semi-brut, les 2.3 % hors hydrocarbures fluctuant depuis plus de 20 années pour un montant dérisoire entre 900 millions de dollars et 1,5 milliard de dollars. Ces 2/3% sont constituées en majorité de produits semi-finis issus eux-mêmes des hydrocarbures et déchets ferreux et non ferreux. C'est que plus de 90% du tissu économique est constitué de PMI/PME organisées sur des structures familiales, ne possédant pas de management stratégique, ne pouvant pas faire face à la concurrence internationale. Les importations couvrent 70/75% des besoins des ménages et des entreprises dont le taux d'intégration ne dépasse pas 10/15%. On peut démontrer que le taux de croissance officiel hors hydrocarbures de 5/6% a été permis pour 80% via la dépense publique et qu'il ne reste pour les entreprises autonomes créatrices de richesses pouvant évoluer dans un environnement concurrentiel moins de 20% du produit intérieur brut. 2. La population algérienne, taux de chômage et taux d' inflation La population était de 35,6 millions d'habitants au 1er janvier 2010 et l'Office des statistiques (ONS) l'estime à 36,3 millions d'habitants au 1er janvier 2011. La population active devrait dépasser les dix (10) millions et la demande d'emplois additionnelle varierait entre 300 000 à 400 000 personnes par an, nombre d'ailleurs sous-estimé puisque le calcul de l'ONS applique un taux largement inférieur pour les taux d'activité à la population féminine, représentant pourtant la moitié de la population active et dont la scolarisation est en forte hausse. Pourtant le taux de chômage officiel est estimé à 10,2% en 2010 contre 11,3% en 2008 mais incluant les sureffectifs des administrations, des entreprises publiques, les emplois dans la sphère informelle et les activités temporaires de moins de six (6) mois, pour partie des emplois improductifs. Quant au taux d'inflation qui se répercute sur le pouvoir d'achat, pour le gouvernement algérien, il a été de 1,6 % en 2005, 3% en 2006, à 3,5 % en 2007, 4,5% en 2008, 5,7% en 2009 et 4,5% en 2010. Le taux d'inflation officiel est biaisé, l'inflation étant comprimée artificiellement par les subventions repose sur un indice largement dépassé, alors que le besoin est historiquement daté. Un agrégat global comme le revenu national par tête d'habitant peut voiler d'importantes disparités entre les différentes couches sociales. Une analyse pertinente doit lier le processus d'accumulation, la répartition du revenu et le modèle de consommation par couches sociales. Certes, le SNMG a plus que doublé, passant de 6 000 à 20 000 DA (200 euros au cours officiel), la dernière augmentation ayant eu lieu en septembre 2011, mais devant déflater par le taux d'inflation réel pour déterminer le véritable pouvoir d'achat. La cellule familiale, paradoxalement, la crise du logement (même marmite, mêmes charges) et les transferts sociaux qui atteindront plus de 1 200 milliards DA en 2011, soit 18% du budget général de l'Etat et plus de 10% du PIB (taux identique entre 2009/2010) jouent temporairement comme tampon social. (Suivra)