Il est difficile de demeurer indifférent face à un demi-siècle d'indépendance et de gouvernance, une étape qui revêt une importance exceptionnelle et une responsabilité historique notamment, tant elle marque une grande période de l'histoire politique et économique avec le passé, le présent et le futur de l'Algérie. Nul ne peut oublier cette grande période où le temps passait, les entreprises se créaient et grandissaient, la croissance augmentait, l'offre augmentait, les prix diminueraient, et on parlait moins de détournements de fonds, de corruption, de fuite des cadres et des cerveaux, de capitaux, de liquidation d'entreprises, de compressions d'effectifs, de salaires impayés, de conflits sociaux... Il apparaît au rythme de cette première phase de l'Algérie indépendante la naissance d'une industrie nationale à la faveur de la nationalisation des hydrocarbures intervenue en 1971, un outil indispensable pour la souveraineté nationale et pour lutter contre le sous-développement. On peut en rappeler ici, essentiellement, entre autres, la réalisation de grands ensembles industriels et technologiques dans toutes les branches d'activités : énergie et pétrochimie, industrie agroalimentaire et pêches, mines, hydraulique, biens d'équipement, chimie et pharmacie, électronique, télécommunications et informatique, voies ferrées et moyens de transport ferroviaires et maritimes, presse écrite et audiovisuelle (nationale et régionale), textiles, cuirs et chaussures, ameublement, construction, industries diverses, une agriculture rénovée et organisée en grandes exploitations agricoles (domaines autogérés), zones touristiques, à l'instar d'autres réalisations socioculturelles, d'éducation et scientifiques... Ces réalisations ont fait place à une stratégie industrielle et à une politique régionale de leadership qui a conquis les espaces géopolitiques dont notamment le monde arabe, l'Afrique et le tiers monde. Ainsi, plusieurs événements très importants dans l'histoire du monde donnent l'exemple aux pays en voie de développement. Nous notons un effort réel de développement économique au regard de toutes ces réalisations historiques, et quoi qu'on dise, l'Algérie peut s'enorgueillir de posséder aujourd'hui une agriculture et un parc industriel qui demeurent encore d'actualité et parmi les plus importants d'Afrique notamment, le fleuron de l'économie nationale et son rôle dans le développement du pays est prépondérant sachant qu'il possède encore une capacité d'ajustement pour restructurer l'économie nationale et pouvoir susciter un apport technologique de valorisation notamment est composé des industries lourdes, légères et des terres les plus fertiles implantées à travers les quarante-huit wilayas du pays qui revêt aujourd'hui une importance stratégique dans le cadre de l'équilibre régional et du développement local. C'était l'alternative qui devait être assumée et partagée par les différents gouvernements passés pour mettre en place les conditions de mise en valeur de cet important potentiel industriel et agricole et, par conséquent, de promouvoir des compétences, notamment de grands hommes de profil de valeur H, c'est-à-dire des cerveaux et des bras dans tous les rouages de l'économie nationale visant notamment à construire une économie nationale forte qui envisage d'atteindre le niveau de développement de l'Espagne pour l'horizon 1990. Effectivement, la part consacrée à l'investissement industriel était autour de 45 % du PIB et plus de 50 % du total investissement au moment où le pétrole valait sur les marchés mondiaux moins de 10 dollars le baril, la part de la production industrielle annuelle était autour de 18 à 20 % du PIB, la part générée en croissance annuelle était de plus de 10%, une agriculture rénovée où l'Algérie arriverait à produire la totalité de ses besoins en céréales, en légumes et fruits, l'épargne nationale publique/privée était en moyenne de 40 % du PIB, la stabilité du taux de change dinar-dollar avec un cours de change fluctuant entre 4 DA et 5 DA pour 1 dollar. Ces performances étaient parmi les plus fortes dans le tiers monde, un acquis porteur de grandes perspectives socioéconomiques et de grande portée pour intégrer le monde industriel Au milieu des années 1980, sous le couvert de la restructuration organique du secteur public économique et la suppression du ministère du Plan, alors que la planification est considérée comme une nécessité stratégique pour la politique économique du pays à moyen et long terme et de l'évolution du niveau de développement de l'économie nationale se trouvait radicalement inversée qui trouve son explication dans une économie de marché, mais plus ouverte sur l'importation et la rente pétrolière. Pour rappel, cela a commencé au milieu des années 1980 par le fameux programme anti-pénurie (PAP) et ce, afin de concrétiser pleinement le slogan pour une vie meilleure et puis vient l'avènement de milliers d'importateurs sur la base d'un simple registre du commerce. (Suite et fin) M'hamed Abaci, directeur financier et auteur de deux ouvrages sur la comptabilité des sociétés et la gouvernance des entreprises