Ce chiffre a été confirmé par Noureddine Moussa, ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme, et ministre par intérim des Travaux publics, mardi dernier, lors de la visite de travail et d'inspection de différents chantiers dans la wilaya de Annaba. S'il ne l'a pas clairement montré, Nourredine Moussa était, cependant, très en colère. Sur le site de Kalitoussa, une localité rurale (Berrahal), à Dra Erich (Oued El-Aneb) et à Boukhadra (El-Bouni), où il s'est enquis de l'état d'avancement des projets de réalisation de respectivement 5 720, 50 000, 400 et 200 logements de différents segments, la déception du ministre était perceptible dans ses réponses aux arguments avancés par les responsables des structures décentralisées de son département à Annaba pour justifier les retards dans la concrétisation des projets ou du choix de leur implantation sur des terrains inappropriés. C'est notamment le cas pour celui de Kalitoussa et de la nouvelle ville à Draa Erich. Gigantesque de par les 50 000 logements et les équipements publics (université-résidence universitaire-hôpital et centre de soins), le lancement de ce dernier projet pourrait être retardé. Telle est l'interprétation que d'aucuns ont accordée à la décision du ministre de désigner l'Agence nationale de l'urbanisme (Anurb) à l'effet de gérer de bout en bout ce dossier. «Je ne comprends pas pourquoi l'on a choisi une localité éloignée de Berrahal pour implanter les 5 720 logements et un terrain accidenté situé en hauteur pour la nouvelle ville ? A-t-on pensé à l'environnement immédiat qui doit nécessairement accompagner les habitants comme les établissements scolaires, centres de soins et autres structures d'accompagnement socioéconomiques ?» s'est interrogé le ministre. Il a ajouté : «J'estime qu'il y a une réelle absence de coordination lors de l'opération du choix de l'assiette de terrain. Dorénavant, il reviendra à l'Anurb de gérer de bout en bout ce type de dossier.» De là à dire que le projet nouvelle ville de Draa Erich Annaba ne verra pas le tour de sitôt, il n'y a qu'un pas qu'ont franchi plusieurs responsables locaux présents lors de cette visite. Même s'il s'agit d'une décision allant dans les sens d'une meilleure maîtrise du dossier de réalisation de cette ville qui coûtera au Trésor public 160 milliards de dinars, ce report a été mal reçu. Par la population de Draa Erich d'abord qui, avec les va-et-vient incessants des chefs d'entreprise et autres animateurs de bureaux d'étude nationaux et étrangers a connu un dynamisme certain de par les perspectives d'emploi et le développement local que le projet en question laisse entrevoir. Par aussi le désengorgement de la commune chef-lieu de wilaya, à une vingtaine de kilomètres, dont le portefeuille foncier est totalement saturé même si le wali a annoncé la récupération de 175 hectares. «Le taux d'occupation par logement à Annaba est de 4,6, beaucoup moins que dans les autres régions du pays où ce taux est à 5,10. Il faut construire en hauteur», a lancé Moussa Noureddine. C'est dire que loin d'entrer dans sa phase active avec le début des travaux comme cela était attendu à la veille de la visite du ministre, le projet revient au point de départ. À l'écoute des conditions émises par M. Moussa en termes de choix du terrain d'assiette, une révision de l'ensemble de l'étude de faisabilité n'est pas à écarter et ce, même si une enveloppe financière a été mobilisée. Mieux, les concepteurs avaient prévu de lancer une première phase pour la construction de milliers de logements majoritairement public locatif, public aidé et participatif. A Boukhadra, une grande cité de la commune d'El-Bouni où il s'était rendu pour inspecter plusieurs projets de réalisation, le ministre s'est interrogé sur le non-respect des délais de réalisation des programmes et sur le retard mis par Sonelgaz quant au raccordement sur le réseau électrique des 2 nouvelles cités 400 et 200 logements. La délégation s'est ensuite dirigée vers les chantiers de réalisation des ouvrages d'art tels le pont de l'embouchure de l'Oued Seybouse à proximité de la cité Sidi Salem et celui dit «Y» à la cité Seybouse. Deux projets importants du secteur des travaux publics dont M. Moussa assure l'intérim depuis le mois de mai 2012. Colère du ministre lors du point de presse qu'il a animée dans le salon d'honneur de l'aéroport Rabah-Bitat avant de prendre l'avion à destination d'Alger. Il n'a pas admis que des questions lui soient posées sur des dossiers impliquant les cadres gestionnaires de la DLEP et AADL Annaba dans des affaires louches. Notamment le dossier à l'origine de sa décision de relever de ses fonctions le directeur en titre de la DLEP. «Je n'ai pas à justifier des décisions que j'ai prises dans le cadre de la gestion de mon département. Comme il n'entre pas dans mes prérogatives de faire des enquêtes judiciaires. C'est à la police que revient cette mission», a-t-il estimé. Tout en démentant la rumeur persistance sur l'abandon par l'Etat de la réalisation des logements sociaux, Noureddine Moussa a souligné que ces dernières années, ses services ont réceptionné 1,2 million de logements au niveau national et qu'un même nombre est en cours de réalisation. C'est du reste dans ce cadre qu'il a octroyé deux nouveaux programmes à Annaba, l'un de 6 000 logements pour l'OPGI et l'autre de 3 000 a été attribué au groupe de constructeurs du bâtiment Grepco ayant siège à Annaba. Fait important à souligner, la présence tout au long de la visite, de 5 députés et 2 sénateurs sur respectivement 8 et 3 représentatifs de la wilaya dans l'une et l'autre des 2 chambres. Un record s'il en est, puisque depuis l'indépendance, les premiers comme les seconds s'inscrivaient majoritairement aux abonnés absents.