Yacine Mira, maître de conférences à la faculté centrale d'Alger et vice-président de l'Association nationale des enseignants et éducateurs spécialisés, a lancé, hier à Tizi Ouzou, un appel en direction des pouvoirs publics pour «se pencher sur l'épineux problème d'indisponibilité des ouvrages scolaires spécifiques (en braille) au niveau des lycées et universités», d'autant que, a-t-il dit, «les moyens existent». « Les lycéens et les universitaires non-voyants souffrent le martyr durant leurs cursus scolaires faute de livres scolaires en braille qui ne sont disponibles qu'au niveau des écoles primaires et collèges d'enseignement moyen (CEM)», fait-il observer. Ces manuels a-t-il précisé, sont édités par le département de Saïd Barkat, ministre de la Solidarité nationale. M. Mira s'exprimait lors d'une conférence animée à la Maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou, organisée en marge de la 3e édition du festival culturel local «Lire en Fête» sous le thème «Le braille au service des enfants : principes et réalités». Outre l'indisponibilité de ces ouvrages scolaires en braille, le conférencier fait état également d'un manque criard de matériels spécialisés principalement le matériel pédagogique et les imprimantes qui sont très rares pour ne pas dire inexistants, au niveau des établissements scolaires à l'instar des tablettes, les poinçons et les cubarithmes qui sont des objets inaccessibles qu'au «prix de gros efforts». Une rareté qu'il impute à ce qu'il a qualifié de vide juridique qui entoure la loi 02-09 de mai 2002 portant protection et épanouissement de l'handicapé. Pour y remédier à cette situation de manque, le conférencier a plaidé pour «la création d'un fonds de solidarité destiné à la prise en charge de ce matériel sur le plan acquisition», comme cela est le cas en France. M. Mira a également plaidé pour l'institution d'un texte de loi «obligeant les institutions en rapport avec le handicap à se doter de ce matériel spécifique et en livres en braille» qui ne nécessitent pas de gros investissements, selon le conférencier. Le braille, a-t-il poursuivi, est l'écriture en points saillants à laquelle ont recours les non-voyants, nécessitant un matériel spécifique, et constitue un moyen incontournable pour l'enfant atteint d'une cécité à la naissance ou en cours de vie, pour atteindre le niveau souhaité. Le braille, a-t-il dit encore, nécessite un effort plus que visuel tant il fait travailler la main et le mental. Abordant les avancées dans le domaine de l'informatique enregistrées ça et là, M Mira a regretté que les enseignants et formateurs qualifiés et spécialisés ne soient pas sujets à des formations de mise à niveau à même de dispenser le savoir à leurs apprenants dans les standards universels. Enfin, M Mira est revenu sur l'association nationale des enseignants et éducateurs spécialisés pour aveugles d'Algérie ( Aneesa) qui regroupe des enseignants et éducateurs de la vingtaine d'établissements scolaires spécialisés pour les jeunes avec un handicap visuel. L'Aneesa, a-t-il dit, organise des journées d'études et des colloques à caractère pédagogique (braille, mathématiques...), ainsi que des rencontres culturelles entre élèves des écoles. Celle-ci (association, ndlr) a été créée en 2003 afin «de dynamiser l'enseignement et la formation des non-voyants, participer à l'élaboration et l'application de textes visant l'amélioration de la situation des aveugles en général, et, sortir de l'isolement en renforçant les liens avec le mouvement associatif algérien et en établissant des échanges avec les associations étrangères et notamment francophones.