La scène politique algérienne prête à différentes lectures, notamment sur le sort de l'ex- Premier ministre et leader du RND, Ahmed Ouyahia ainsi que le chef du FLN, Abdelaziz Belkhadem, évincés tous deux du nouveau gouvernement, installé mercredi dernier. Les SG du FLN et du RND risquent également, d'être éjectés de leurs partis respectifs par leurs frondeurs. Leur éviction du gouvernement a été la source d'une grande satisfaction pour ces derniers. Les uns ravis que le président a enfin «ôté sa couverture politique à Belkhadem» et les autres, considérant le limogeage d'Ouyahia comme une «première victoire» qui en appellera d'autres. Encouragé par la non-reconduction de Belkhadem dans l'exécutif, le Mouvement de redressement et de l'authenticité du FLN, s'est réuni ce jeudi à Draria, pour une évaluation de la situation après l'installation du nouveau gouvernement. Selon le porte-parole du Mouvement, plusieurs militants du FLN, pro-Belkhadem ont rejoint la contestation après l'annonce du gouvernement Sellal. Lors de cette réunion, les redresseurs ont décidé de rendre publique la liste des signataires res de la motion de retrait de confiance au secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem. Bien que cette liste comporte 180 signatures, il n'en demeure pas moins, que 221 parmi 343 membres du comité central ont approuvé le retrait de confiance. Dans le communiqué du Mouvement, il est mentionné que 41 noms n'ont pas été rendus publics pour des raisons «professionnelles», affirmant que la totalité des signataires seront connus prochainement. A rappeler que cette liste a été confectionné avant les élections législatives et non divulguée par peur de représailles contre les frondeurs. Aujourd'hui la donne a changé, et les redresseurs sont plus que jamais décidés à éjecter Belkhadem de son poste de secrétaire général. Selon la même source, les redresseurs appuient leur action qui vise à «démettre le SG de son poste et à remanier totalement la direction du parti en ouvrant la voie à tous les exclus et marginalisés». Sur cette liste, on y retrouve Abdelkrim Ababa et Abderezak Bouhara, Boualem Benhamouda, Boudjemaâ Haïchour, Mohamed Boukhalfa et Abderezak Boukerzaza. Les redresseurs qui estiment que Belkhadem ne bénéficie plus du soutien du chef de l'Etat, affichent une assurance imperturbable quant à la destitution de Belkhadem. Ce dernier comptant se présenter aux présidentielles de 2014, et se retrouvant lâché par ses pairs et privé d'une quelconque protection d'en haut en sus, aura-t-il la force et le soutien nécessaires pour endiguer la protestation au sein du FLN ? . Ce n'est pas évident. Faisant lui aussi l'objet d'une importante contestation au sein de son parti, menée par le P/APC d'Alger-centre, Tayeb Zitouni et la SG de l'Union nationale des femmes algériennes, Nouria Hafsi, l'ex-Premier ministre, Ahmed Ouyahia se retrouve, lui aussi dans une mauvaise posture face aux frondeurs, qui se sont réjouis dès l'annonce de son éjection du gouvernement, même si c'est le parti qui est perdant. Les animateurs du Mouvement pour la protection du rassemblement estiment que Ouyahia est à la fin de sa carrière politique et de facto, son éjection de la tête du parti certaine. Dans un communiqué, les redresseurs accusent Ouyahia d'être le responsable de la défaite du RND aux législatives du 10 mai, ainsi que de la mauvaise gestion du parti. Les animateurs du Mouvement soulignent qu'ils seront rejoints par d'autres militants, maintenant que le SG du RND n'est plus Premier ministre. Quelques indiscrétions révèlent que le départ de Ouyahia du gouvernement est une manœuvre «stratégique», qui va lui permettre de se préparer aux présidentielles de 2014. Ahmed Ouyahia n'a jamais nié l'éventualité de briguer un mandat présidentiel et les événements actuels démontrent qu'il s'y prépare. Cependant, selon la même source, il serait en train de s'organiser pour les élections locales. Les redresseurs pourront-ils le démettre de son poste de SG ? Aucune lecture ne le confirme.