Le phénomène de l'entassement des ordures en milieu urbain fait parti, depuis quelques années déjà, du décor de nos villes. A chaque coin de rue, c'est la même image que l'on observe chaque jour. Des amas de déchets qui débordent, entraînant l'insalubrité, la pollution et la prolifération des maladies dangereuses. Le comportement de la majorité des citoyens est mis en cause. Dénués de bon sens et de civisme, ils jettent leurs ordures n'importe où et n'importe comment, ne respectant pas les horaires de passages des éboueurs. Aux déchets ménagers, s'ajoutent les déchets hospitaliers qui sont jetés à proximités des agglomérations, ce qui les rend plus «dangereux», selon le Dr Mustapha Khiati, président de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (Forem). «Les établissements hospitaliers jettent leurs déchets dans les décharges publiques à proximité des agglomérations», a-t-il affirmé dans un entretien accordé à l'APS. Il a expliqué qu'il s'agissait «d'instruments de chirurgie porteurs de virus et des sacs du service obstétrique qui contiennent des produits chimiques dangereux», un vrai foyer à microbes qui constitue un grand danger pour la santé du citoyen et pour l'environnement. Selon le Dr Khiati, les enfants et les femmes, notamment les femmes enceintes, sont les plus exposés à ces «microbes et mauvaises odeurs» émanant des décharges. Il a précisé qu'«un sur quatre des habitants à proximité des décharges est atteints d'affections allergiques, selon une étude réalisée en 2007 par un médecin allergologue à l'hôpital Zemirli (El-Harrach)». Le spécialiste a mis en garde contre les maladies nosocomiales, rappelant qu'on enregistre annuellement en Algérie «5 000 cas contre 100 aux Etats-Unis», de maladies qui se contractent à cause de la propagation des virus et des microbes par manque d'hygiène dans les hôpitaux. Il a, par ailleurs, mis en garde contre les dangers qui menacent les agents d'entretien d'autant que certains ne portent pas de gants hygiéniques et des masques de protection. Le président de la Forem a appelé les ministères de la Santé et de l'Environnement à imposer aux établissements sanitaires et aux pharmacies de réserver des lieux spécifiques pour la destruction des déchets hospitaliers. Le problème, selon lui, n'est pas dans les lois régissant cette question, mais l'absence de l'élément coercitif pour pénaliser les contrevenants et l'absence de campagnes de sensibilisation qui ont poussé les établissements hospitaliers, les pharmacies et les cliniques privées à ne pas se plier à la législation. Il a, également, appelé les autorités concernées à trouver des solutions urgentes et mettre en place des incinérateurs conformes aux normes techniques modernes dans les hôpitaux. Il a appelé à la nécessité d'imposer aux hôpitaux et aux cliniques privées et autres services de santé d'élaborer un rapport annuel transparent dans lequel ils confirment la destruction et l'élimination de tous les déchets auquel cas ils seront interdits de poursuivre leurs activités en cas d'infraction à la loi. Selon les statistiques avancées par les établissements hospitaliers et présentées par le directeur de la wilaya d'Alger, Messaoud Tebani. La quantité de déchets hospitaliers produits au niveau de la wilaya d'Alger s'élève à près de 4 700 tonnes, selon les statistiques avancées par les établissements hospitaliers et présentées par le directeur de la wilaya d'Alger. Pour l'élimination de ce type de déchets, M. Tebani a recommandé l'usage d'incinérateurs conformes aux normes de protection de l'environnement. Il a rappelé que le ministère de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement a mis en service un incinérateur destiné à l'élimination des déchets hospitaliers à l'hôpital de Kouba dans le cadre d'un partenariat algéro-belge. L'hôpital de Kouba, a poursuivi le même responsable, pourrait ainsi proposer ses services aux établissements hospitaliers avoisinants. Les explications de Net-Com A propos de la dégradation de l'environnement par l'entassement des ordures, un responsable de l'entreprise de collecte des déchets domestiques «Net-Com», que les principales causes sont le manque de bennes à ordures et de moyens de tri et de collecte d'ordures avant leur transport au centre d'enfouissement technique de Ouled Fayet qui reçoit, à lui seul, 800 camions-poubelles par jour après la fermeture de la décharge d'Oued Smar. Evoquant la wilaya d'Alger, le responsable du service équipement à Net-Com, Mohamed Ouali Ayat, a tenu à préciser que les éboueurs étaient confrontés au problème de non-respect des horaires de dépôt d'ordures, les contraignant à opérer plusieurs tournées tout au long de la journée, notamment au niveau des grandes artères à l'instar de la Grande-Poste, du boulevard Bougara, de Ali Khodja (El-Biar), des quartiers de Belouizdad et de la place de Martyrs. M. Ayat a par ailleurs évoqué la problématique de l'exiguïté des rues de certains quartiers d'Alger comme ceux de Zghara à Bab El-Oued et de la Casbah qui sont inaccessibles pour les camions de collecte des ordures ménagères. Il a rappelé que Net-Com qui s'est dotée de petits camions pour pouvoir entrer dans ces quartiers recourt toujours à l'ancienne méthode, celle des ânes pour avoir accès aux quartiers les plus étroits. M. Ayat a souligné, à l'occasion, l'importance de promouvoir la culture de la collecte et du tri des ordures à partir du quartier rappelant que son entreprise fournissait ces quartiers en sacs afin d'encourager les citoyens à prendre l'initiative. Il a aussi souligné l'importance de l'implication de toutes les parties concernées dont les pouvoirs publics et le mouvement associatif pour un environnement sain et propre.