La vague de contestation qui secoue nombre de pays arabes et musulmans contre le film islamophobe exprime, au-delà d'un sentiment de révolte tout à fait prévisible chez les musulmans jaloux de leur religion, une réelle fracture dans ces pays ayant connu des changements politiques ces deux dernières années. Une sorte de retour de bâton qui annonce une nouvelle phase de turbulences, dont nul ne peut prévoir les conséquences, à court et à moyen termes. Elle vient, en fait, remettre en cause toute une conception idéaliste, voire surréaliste, que se sont fait tous ceux qui s'entêtaient à présenter le «printemps arabe» comme une chance de changement historique qui s'offrirait aux Arabes, longtemps tenus sous le joug des régimes autocratiques. C'est bien aussi un cinglant désaveu pour les stratèges occidentaux qui croyaient avoir tout mis en place, par le soutien direct et multiforme aux soulèvements prétendument populaires, pour s'assurer une totale adhésion du Moyen-Orient à leur nouvelle stratégie dans la région. En aidant les islamistes dits modérés à monter au pouvoir, les Américains et Européens ne voyaient pas (re)venir la menace des plus radicaux, celle qui a ciblé des diplomates américains au berceau même de la «révolution» libyenne, et un 11 septembre ! Comme pour rappeler l'échec de tous les plans de lutte contre le terrorisme, lancé voilà onze ans.