Le secteur viticole dans la wilaya dépendant du projet de l'Office national de la commercialisation des produits vitivinicoles (ONCV), qui a un poids prédominant dans l'agriculture avec une superficie totale de 797 hectares dont 650 ha en production (en rapport), a été soumis à de profonds changements. L'été 2012 a été l'un des plus chauds, des plus ensoleillés et surtout des plus secs avec un taux d'humidité inhabituel, où le secteur vitivinicole dans la wilaya de Mascara a été sérieusement touché par une vague de chaleur sans précédent, le tout ceinturé de vents chauds et autres siroccos, a affecté les grappes de raisin ce qui va entraîner sûrement des changements culturaux fondamentaux . Tout semble s'inverser dans la wilaya de Mascara. Du jamais vu ! Le mois d'août a été le retentissement de la vague de chaleur, avec des pics de températures situées dans la fourchette allant de 43 à 46 degrés dans la plaine de Ghriss. Les bulletins météo qui sont transmis mensuellement à l'Office national de commercialisation des produits vitivinicoles, direction de Mascara, ont vu les responsables de cet office prendre conscience des dégâts, et ce, suite à ces journées caniculaires où la situation était parfois dramatique. Les données concernant le réchauffement de la planète dont les spécialistes internationaux font le thème principal de leurs recherches scientifiques, notées dans plusieurs rapports conséquents, modifieront inévitablement les pratiques viticoles dans le monde. L'effet de serre entraînera à brève échéance des changements dans la qualité et la typicité du vin - ce qui est déjà un fait, spécialement chez les vins nés de la canicule qui a étouffé la wilaya de Mascara. Au lieu dit «ex-Orvo», qui jouxte l'aérodrome de Ghriss, distant d'environ une vingtaine de kilomètres du chef-lieu de la wilaya, une superficie de 70 hectares en rapport de vignes de cuves entièrement palissées, composées de trois cépages, à savoir : le cabernet, le merlot et le syrah', qui rangent cette partie du cycle végétatif irrigués par un système de goutte-à-goutte, offre à première vue un spectacle de désolation, des ceps ayant perdu toutes leurs feuilles. Idem pour le site «Si-Slimane», situé dans le même périmètre, où quelque 110 hectares cultivés entièrement en «Grenache» ont été durement touchés par les mêmes empreintes très disparates. La ferme «Komard», d'une superficie de 44 hectares en rapport, n'a pas échappé aux stigmates des changements climatiques, où les dégâts du desséchement sont visibles à l' œil nu, via des empreintes très disparates sur la culture de la vigne. Les sites «Si Benacer I, II et III», soit 240 hectares en rapport, quant à eux, ont subi un très gros stress découlant de la canicule qui a sévi dans cette région profonde de notre pays. Au niveau de la daïra de Ain-Fekan, les sites sous l'appellation de «Abbès I et II», où les mêmes stigmates témoignent de ce changement radical du mois d'août, d'où un constat de dévastation, la face exposée de la grappe laisse apparaître des raisins «séchés», pour ne pas dire «calcinés», les petits grains, encore tendres, n'ont pas pu résister à la chaleur torride et les vents desséchants (siroccos). La déprime est à son comble. Le site «Abbès I», sur une étendue à perte de vue, d'une superficie de 173 hectares, dont 125 en production ou en rapport, a connu le mois le plus chaud tapant par l'augmentation de la température annuelle moyenne au cours de ce mois d'août, qui a enregistré sur l'emplacement en question, plus 4,35 degrés Celsius ! Idem pour le site «Abbès II», qui est disposé sur une étendue non négligeable de 82 hectares, dont 70 hectares en production, était aussi présent dans ce menu affligeant de cet incroyable changement de la météo des deux dernières semaines du mois d'août. Ce qui a complètement changé la donne. 35 autres hectares en production situés sur le site, communément appelé «Si Fakir» implantés au lieu dit «Route de Matemore», territorialement compétent de la daïra de Ghriss, après une floraison homogène et groupée, les belles promesses de récolte ont été quasi générales à l'exemple des autres sites de l'Office national de commercialisation des produits vitivinicoles, mais les dernières semaines du mois d'août ont subi de très fortes chaleurs, qui exposeront la confusion de la vague de chaleur, avec des températures qui frôlent les 44 degrés. La campagne de vendange 2011/2012 qualitativement dérisoire est au final une année très contrastée, voire bouleversée sur le plan climatique, le calendrier est en avance, très en avance. Le premier responsable de l'ONCV de la wilaya de Mascara, M. H.K.C., avance une altération de 70% de la superficie mentionnée en haut de notre article. Durant la précédente campagne de vendange 2010/2011, l'Office de commercialisation des produits vitivinicoles a pu vendanger quelque 4 500 quintaux du projet «ONCV» qui ont été vinifiés au niveau de la cave de «Selatna», sise au chef-lieu de la wilaya. Pour la campagne vitivinicole 2011/2012, en desséchant les raisins sur pieds, l'été torride a créé une baisse de rendement et dont le premier responsable de l'ONCV dans la wilaya de Mascara, table sur une prévision dont la probabilité est située environ à quelque 3 000 quintaux. 128 viticulteurs sous contrat avec l'ONCV Le secteur de la viticulture occupe une place particulière dans la wilaya de Mascara, compte tenu de son importance. Là encore on recense quelque 128 viticulteurs fidélisés ou plutôt liés par l'ONCV, associant une superficie de 650 hectares, ont privilégié l'opérateur public aux quelques privés, peu soucieux de la qualité et du savoir-faire en matière de vinification. Dans le même contexte, le même organisme public a vu 50 autres viticulteurs non contractants, totalisant une superficie de 200 hectares s'incorporer à l'ONCV pour livrer la production de la vigne de cuve, à des prix intéressants, où il apparaît que l'ONCV Mascara est en phase de se repositionner en position de monopole. Dans un autre contexte, mais toujours dans le domaine de la viticulture et des imprévus des changements climatiques, non loin de la wilaya de Mascara, les vignobles de la Dahra sise dans la wilaya de Mostaganem ont souffert de très fortes chaleurs au cours du mois d'août. Fort heureusement, les préjudices ne sont pas de la même portée que ceux enregistrés dans la wilaya de Mascara, et ce, grâce au climat méditerranéen. Pénurie de main-d'œuvre Le monde de l'agriculture va devoir faire face à une pénurie de main-d'œuvre en raison d'un déficit d'image associé au salarié agricole, une misère. Les responsables de l'Oncv de la wilaya de Mascara, qui ont sillonné les diverses structures de l'emploi à l'exemple de l'ANEM, y compris les diverses APC, pour recruter des saisonniers pour la campagne de vendange 2011/2012 a vu une fin de non-recevoir de la part des jeunes, qui préfèrent travailler de 6h à 9h du matin, soit trois heures dans des champs de pastèques pour une somme de 1 200 dinars en plus de quelques faveurs de ces patrons financés par l'Etat providence, que de bomber dans des vignobles durant plus de six heures. Plusieurs jeunes villageois rencontrés ont été unanimes pour nous déclarer en ces termes : «Nous exigeons un traitement de 1 2OO dinars payé au jour le jour, ne dépassant pas la barre de quatre heures par jour, à l'exemple de ce qui se fait avec les gros propriétaires privés de la région. C'est à prendre ou à laisser !» Le social en Algérie a été terni par tant d'assistanat où il est important de signaler que dans la wilaya de Mascara la plupart des jeunes qui travaillent dans les champs agricoles, et autres entreprises de construction, sont des frais embauchés dans le cadre de l'emploi des jeunes, qui préfèrent arrondir leurs fins de mois en douceur. Cette année, l'agriculture en général et la viticulture en particulier, est devenue un secteur en crise où le besoin de main- d'œuvre se fait durement ressentir. Une politique de mise en place de formation qualifiante dans le domaine viticole ou vitivinicole sera nécessaire pour faire sortir l'or rouge du marasme économique d'un puissant lobby mercantilo-politique qui veut casser cet organisme public. Bien que des efforts importants d'adaptation aient été faits ces dernières années dans le domaine vitivinicole, reste cependant otage de la dépendance de l'import-import, et dans lequel malheureusement se débat notre agriculture qui s'appuie trop sur une utopique rente pétrolière. La mécanisation pour faire face à la carence La diminution continue des disponibilités de main-d'œuvre permanente et saisonnière pour l'entretien annuel du vignoble dont on sait que les besoins de la culture de la vigne sont particulièrement élevés, et dont l'organisme public qu'est l'ONCV pense sérieusement à la mécanisation de son vignoble où il va falloir trouver des solutions mécaniques à certains travaux. Il est indispensable pour cet organisme public de porter ses efforts sur la formation et le perfectionnement de ses travailleurs dans le domaine du greffage, taille et autres spécialités entrant dans le domaine de la viticulture. En ce qui concerne la mécanisation de la vendange, qui doit nécessairement être introduite à terme au vu de la pénurie de la main-d'œuvre, elle s'avère plus facile dans vignobles conduits sur un palissage en verticale, à l'exemple du projet de l'ONCV. On connaît actuellement les caractéristiques des machines à vendanger qui, dans l'avenir assureront la récolte des vignes, à l'exemple de ce qui se fait dans les pays soucieux de la rentabilité des exploitations viticoles.