Le journal français Charlie Hebdo a publié des caricatures du prophète Mohamed, provoquant une nouvelle fois l'indignation et la colère du monde musulman. Les responsables politiques et la société française sont divisés à ce sujet. Si les uns condamnent et parlent d'une provocation gratuite, les autres trouvent que cet état de fait rentre dans le cadre de la liberté de la presse. En effet, on peut voir sur la Une du journal un immam musulman en fauteuil roulant, poussé par un rabbin juif. Les caricatures du prophète sont situées en quatrième de couverture, et représentent notamment le prophète avec un nœud papillon, «qui s'apprête à lire la liste des nominés pour l'Oscar du meilleur film antimusulman, explique le directeur de Charlie Hebdo, Charb. Les locaux du journal sont pour l'instant sous surveillance policière alors que les appels à manifester en France sont lancés à travers les réseaux sociaux. Le ministre de l'Intérieur a indiqué qu'aucune manifestation ne sera autorisée. Avant même leur publication, le Premier ministre français, Jean-Marc Ayrault, a exprimé sa «désapprobation face à tout excès» dans «le contexte actuel». Jean-Marc Ayrault «en appelle à l'esprit de responsabilité de chacun» et souligne que si la liberté d'expression «constitue l'un des principes fondamentaux de notre République», elle s'exerce «dans le cadre de la loi et sous le contrôle des tribunaux, dès lors qu'ils sont saisis». Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères, s'est de son côté dit «contre toute provocation», «surtout dans une période aussi sensible que celle-là». En visite au Caire, il a ajouté qu'«il y a des lois en France, qui ne sont pas les mêmes que les lois ailleurs, qui permettent un certain nombre de choses et qui excluent un certain nombre de choses». Le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, a lancé un «appel au calme» mardi soir et appelé «à ne pas verser de l'huile sur le feu». Il affirme aussi avoir appris «avec beaucoup d'étonnement, de tristesse et d'inquiétude une publication qui risque d'exacerber l'indignation générale du monde musulman». Le Conseil français du culte musulman (CFCM) s'est dit «consterné» par la publication de «dessins insultants» pour le Prophète. Ce n'est pas la première fois que le journal en question publie de telles caricatures. Les locaux du journal ont été détruits au mois de novembre 2011 après s'être rebaptisé «Charia Hebdo» pour un numéro. «Si on commence à dire ‘on ne peut pas dessiner Mahomet', ensuite il ne faudra pas dessiner des musulmans tout court», a expliqué Charb au micro d'Europe 1. En 2006, l'hebdomadaire avait déjà publié des caricatures de Mahomet. «Ensuite, il ne faudra pas dessiner quoi ? Des cochons, des chiens ? Ensuite il ne faudra pas dessiner des êtres humains ?» a poursuivi le patron du journal satirique, pour qui «si on commence à céder sur un détail, c'en est fini de la liberté de la presse».