Dans le cadre du 50e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie, Rosa Moussaoui, journaliste à la rubrique politique du quotidien l'Humanité, et l'historien et chercheur indépendant, Alain Ruscio, reviennent dans un recueil très intéressant sur la guerre d'Algérie mais pas seulement, puisqu'ils reviennent aussi sur la censure de la presse durant cette guerre imposée par les gouvernements français toutes tendances confondues à l'égard des journaux engagés à l'image de Libération, Le Canard enchaîné, l'Expression, Témoignage chrétien, France Observateur... L'Humanité ? C'était le quotidien le plus visé par cette loi du 3 avril 1955 sur l'état d'urgence qui rétablit bien entendu la censure votée également par le Parti communiste français, faut-il le rappeler, comme quoi les principes de la démocratie ô combien chère à la France s'éclipsent en face de l'impérialisme. Dès le début de l'insurrection des Algériens pour leur patrie le journal l'Humanité avait affiché sa position justement contre la répression, la colonisation, la torture... Dans la page 12 de ce livre, L'Humanité censuré – 1954-1962, un quotidien dans la guerre d'Algérie coordonné par Rosa Moussaoui et Alain Ruscio, à l'époque où en France voire le monde entier, on parlait d'évènements mais jamais de guerre en Algérie, on peut lire cet article ô combien courageux du dirigeant communiste Léon Feix, paru le 3 novembre 1954, soit deux jours après le déclenchement de la guerre de Libération nationale par l'ALN. «La seule solution, nous ne cessons de le répéter, c'est de faire droit aux légitimes revendications à la liberté des peuples tunisiens, marocains, algériens... » C'était un article de trop alors pour le gouvernement Français, du coup les communistes français sont considérés comme étant des traîtres... Quelque temps après, une commission de censure est mise en place par ce pouvoir de «Liberté, égalité, fraternité», elle est chargée, entre autres, de censurer tout article de presse relatant les faits réels de tout ce qui se passait dans les maquis d'Algérie, c'était le cas malheureusement des journalistes du quotidien humain l'Humanité. Résultat : le journal en question est poursuivi et ce, durant la guerre d'Algérie par la justice française tenez-vous bien 150 fois dont 24 pour diffamation envers l'armée française, 49 pour provocation de militaires à la désobéissance et 14 fois pour atteinte à la sûreté de l'Etat. Durant la même période l'Humanité avait été saisi 27 fois par ladite commission, la première remonte à un certain 24 août 1955 suite à un reportage illustré de Robert Lambott sur les massacres perpétrés par l'armée française dans la région constantinoise... Cet ouvrage de 304 pages paru récemment aux éditions Le Cherche Midi en France se veut une œuvre de mémoire, les auteurs retracent bien l'histoire du journal l'Humanité qui militait pour l'indépendance des pays opprimés à l'image de l'Algérie à travers une série d'articles inédits voire interdits qui relataient réellement la situation durant la guerre d'Algérie, entre autres, la torture, la répression... 50 ans après, même si nous n'étions par encore nés à cette époque, nous pouvons dire sans risque de nous tromper que nous avons encore appris beaucoup de choses même atroces que le colonialisme voulait coûte que coûte cacher à l'opinion internationale à travers des couvertures de journalistes audacieux à l'image de Léon Feix, Robert Lambott, Madeleine Riffaud, Etienne Fajon, René Andrieu, sans oublier les auteurs de ce livre bien entendu : Rosa Moussaoui et Alain Ruscio qui nous ont fait voyager de 1954 à 1962. U ne poignée d'abeilles vaut mieux qu'un sac de mouches, dit un proverbe algérien. A bon entendeur salut !