Paradoxe de l'histoire, ce sont deux membres du Conseil de la Révolution ayant exercé des postes stratégiques sous la période du défunt président Houari Boumediene qui seront présidents de la République algérienne, à savoir Abdelaziz Bouteflika et Chadli Bendjedid. 1.-La période du 15 septembre 1963 au 19 juin 1965 Le 15 septembre 1963, Ben Bella est élu président de la République algérienne, poste qu'il cumule avec le poste de Premier ministre, et secrétaire général du FLN. Le Congrès du parti du FLN tenu du 16 au 21 avril 1964 entérinerait sous le vocable la Charte d'Alger affirmant que l'autogestion est le principe d'organisation sociale et que le FLN ne doit être ni un parti de masses, ni un parti d'élites, mais un parti d'avant-garde, les ouvriers, les paysans pauvres et les militants révolutionnaires étant la composante sociale du parti afin de confirmer dans les faits l'option socialiste du pays par la nationalisation du commerce extérieur, des banques et des transports. Par la suite, le clan d'Oujda sur lequel s'est appuyé Ben Bella pour accéder au pouvoir commence à être éliminé. Medeghri quitte le poste de ministre de l'Intérieur, Kaïd Ahmed renonce au poste de ministre du Tourisme, Chérif Belkacem est limogé comme ministre de l'Orientation qui regroupait l'information, l'éducation nationale. A Abdelaziz Bouteflika est retiré le poste de ministre des Affaires étrangères le 28 mai 1965 à la veille de la conférence afro-asiatique. Ben Bella signe un accord le 16 juin 1965 avec le Front des forces socialistes dirigé par Aït Ahmed, ce qui entraînera des tensions et élargit son contrôle sur des ministères stratégiques. Le 19 juin 1965, Ben Bella est destitué par un coup d'Etat par le colonel Mohamed Ben Brahim Boukharouba, dit Houari Boumediène entouré d'un Conseil de la révolution dont certains joueront un rôle déterminant, d'autres un rôle accessoire. Houari Boumediène président assisté de 25 membres que je citerai par ordre alphabétique - Abid Saïd - Benchérif Ahmed - Bensalem Abderrahmane -Boumaaza Bachir - Draïa Ahmed - Mahsas Ahmed - Mohammedi Saïd Soufi Salah -Zbiri Tahar - Belhouchet Abdallah -Bendjedid Chadli- -Boudnider Salah - Bouteflika Abdelaziz -Kaïd Ahmed- Medeghri Ahmed- -Mohand Ould Hadj- -Tayebi larbi- Benahmed Mohamed Abdelghani -Benhaddou Bouhadjar -Boudjenane Ahmed- Cherif Belkacem -Khatib Youcef- - Mendjeli Ali- -Moulay Abdelkader et Yahiaoui Mohamed Salah. Après la tentative du coup d'Etat du colonel Z'biri, assisté de plusieurs officiers en 1967, Boumediène concentre entre ses mains tous les pouvoirs et légifère par ordonnance, partisan de l'organisation monopolistique du parti-Etat et de l'idéologie socialiste. Boumediène concentre en réalité entre ses mains tous les pouvoirs et légifère par ordonnance. Il était président du Conseil de la révolution, chef de l'Etat, Chef du gouvernement, ministre de la Défense, partisan de l'organisation monopolistique du parti-Etat et de l'idéologie socialiste. Durant cette période, Houari Boumediène sera président du Conseil de la révolution du 19 juin 1965 au 10 décembre 1976 et président de la République du 10 décembre 1976 au 27 décembre 1978, date de son décès après une longue maladie. L'intérim sera assuré par Rabat Bitat du 27 décembre 1978 au 9 février 1979. 2.- La période du 9 février 1979 au 14 janvier 1992 Après des luttes de pouvoir pour la succession de Boumediène entre Yahiaoui et Bouteflika, le colonel Chadli Benjedid, commandant de la 2e région militaire (Oranie) depuis 1964, candidat unique, homme de compromis, le plus gradé et le plus ancien militaire est choisi par l'institution militaire. Il est élu le 9 février 1979 comme 3e président de la République tout en cumulant la fonction de président du parti du Front de libération nationale (FLN). Il aura deux autres mandats du 7 février 1984 au 22 décembre 1988 et du 22 décembre 1988 au 11 janvier 1992, date de sa démission. Comme il aura pour la première fois des Chefs de gouvernement que seront Mohamed Ben Ahmed Abdelghani, ancien membre du Conseil de la révolution du 8 mars 1979 au 22 janvier 1984. Lui succèdera Abdelhamid Brahimi du 22 janvier 1984 au 5 novembre 1988 et Mouloud Hamrouche, secrétaire général à la présidence de la République du 9 septembre 1989 au 5 juin 1991 qui sera le père des réformes économiques. C'est sous sa magistrature que fut libéré le président Ben Bella emprisonné du 19 juin 1965 jusqu'en juillet 1979 et assigné à résidence jusqu'à octobre 1980, date de sa libération. Octobre I988, la conséquence de la crise de 1986 qui a vu s'effondrer les recettes d'hydrocarbures de deux tiers a permis le début timide d'une presse libre et d'un multipartisme que l'on tente de maîtriser par l'éclosion de partis avec la naissance d'une nouvelle Constitution en 1989 qui introduit des changements fondamentaux dans notre système politique qui avait un caractère monocratique depuis l'indépendance en consacrant l'existence du multipartisme, conférant ainsi à notre système politique un caractère pluraliste du moins dans les textes. Sur le plan économique, entre I989-I990, c'est l'application des réformes avec l'autonomie de la Banque centrale, la tendance à la convertibilité du dinar, la libéralisation du commerce extérieur, une tendance à l'autonomie des entreprises et l'appel, très timidement, à l'investissement privé national et international sous le slogan, secteur privé, facteur complémentaire du secteur d'Etat, après le socialisme spécifique, de l'économie de marché spécifique à l'algérienne avec la dominance du secteur d'Etat soumis à la gestion privée, des lois portant autonomie des entreprises publiques. Effet de la crise économique, nous assistons à une crise politique sans précédent, crise accélérée par des élections législatives, coordonnées par un nouveau chef de gouvernement issu des hydrocarbures et l'arrivée du Front islamique du salut «FIS». L'aboutissemnt des des émeutes créées par le FIS provoquera la démission du président Chadli Bendjedid le 11 janvier 1992. Après cette démission, ( ou sous pression, l'histoire le révèlera un jour ), l'intérim sera assuré par Abdelmalek Benhabylès du 11 janvier au 14 janvier 1992. Sid Ahmed Ghozali est nommé Chef de gouvernement du 5 juin 1991 au 8 juillet 1992. C'est la naissance du Haut comité d'Etat (HCE) mis en place le 14 janvier 1992 par le Haut conseil de sécurité (HCS) représentant le haut commandement militaire. En bref, deux périodes distinctes en fonction de la rente des hydrocarbures : une période faste de dépenses entre 1980-I985 et la période 1986 à 1992, la chute des cours des hydrocarbures a entraîné une crise économique qui, à son tour a provoqué une crise sociale. Le pouvoir rentier ne pouvant plus distribuer la rente. A méditer pour ceux qui pensent que la rente des hydrocarbures est éternelle. Par le professeur Histoire de l'Algérie, de la période des Numides, IVe siècle avant J.-C. à 2O12