Le film documentaire Fidaï du réalisateur franco-algérien Damien Ounouri participe à la compétition officielle du Festival international du film de Vienne (Viennale) qui se poursuit jusqu'au 7 novembre 2012. A travers ce film, le jeune réalisateur retrace le parcours du fidaï El-Hadi Benadouda qui n'est autre que son grand oncle. Le réalisateur accompagne l'ancien combattant et militant de la Fédération de France du FLN sur les sentiers de la mémoire. Projeté d'abord à la Cinémathèque algérienne, dans le cadre de la troisième édition des «Journées cinématographique d'Alger» (JCA), le film avait rencontré un grand succès parmi le public présent à la projection. Le public n'est pas le seul à avoir apprécié ce film documentaire puisque le jury lui a attribué le premier prix des «3es Journées cinématographiques d'Alger». Partant à la recherche de ce grand-oncle dont l'engagement durant la guerre de Libération nationale n'était un secret pour personne, Damien Ounouri le retrouve dans son village près de Annaba. Caméra en main, le réalisateur titille la mémoire du combattant et creuse dans ses souvenirs. Dans une ferme où étaient torturés les moudjahidine et ceux qui les soutenaient, la mémoire est stimulée. Il raconte comment, sa vie de jeune fermier a basculé le jour où il a assisté impuissant à l'exécution d'un combattant algérien sur la place publique. Peu après, en 1958, il rejoint sa sœur à Marseille. Commençant par payer les cotisations au FLN, le jeune El-Hadi considère que ce modeste apport financier est trop insuffisant pour la révolution. Aussi, il décide de devenir Fidaï à 19 ans, un combattant offrant sa vie au FLN et à la révolution sans jamais discuter, œuvrant seul, dans le secret et la clandestinité pour accomplir des opérations ponctuelles commanditées par les responsables du front. Poussé par un désir de transmettre ses souvenirs à quelqu'un, El-Hadi revient sur les lieux de son premier attentat et tourne une reconstitution de sa tentative d'assassinat sur un responsable du Mouvement national algérien (MNA) qui a échoué à cause d'une arme défectueuse. Aujourd'hui, à plus de 70 ans, El-Hadi, pistolet d'époque à la main, revient sur les lieux de sa seconde opération pour la reconstitution de l'assassinat d'un tenancier de café marocain accusé de détourner les cotisations du FLN, un crime pour lequel il va fuir le sud jusqu'à Paris où il finira par être arrêté par la police française. Le réalisateur Damien Ounouri a, à travers ce film documentaire effectué un travail de mémoire différent de celui des historiens. Il s'est, en effet, éloigné des chiffres pour se baser exclusivement sur les sentiments, en partant de l'humain, grand père, père et époux pour arriver à généraliser son cas aux autres «fidaïyin» en exacerbant la sensibilité d'un vieil homme qui prend à cœur ce tournage pour léguer ses souvenirs à la postérité. Le réalisateur a souhaité par cette œuvre «apporter un nouveau regard sur la révolution algérienne et faire face à la disparition de ses acteurs». Damien Ounouri qui a déjà réalisé «Changping, sonate d'une petite ville chinoise» en 2007 et «Xiao Jia rentre à la maison» en 2008 signe ici une œuvre qui se veut un hommage au combat et à l'engagement de son oncle. A noter que Fidaï inaugurera la 4e édition du Festival du film arabe de Berlin, prévue du 5 au 11 novembre. Pour ce qui est de sa participation à la Viennale, Fidaï sera projeté en présence du réalisateur parmi 300 films (longs métrages, courts métrages et films documentaires) de plusieurs pays, dont le Japon, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France, la Chine, l'Espagne et le Chili. La Viennale qui s'est ouverte avec le thriller américain Largo de Ben Affleck célèbre le cinquantième anniversaire de sa création avec une rétrospective des œuvres du réalisateur allemand d'origine autrichienne Fritz Lang (1890-1976). Créé en 1960 par des critiques de cinéma, le Festival international du film de Vienne fait la part belle aux films documentaires, aux courts métrages et aux films expérimentaux.